L’indécence générale de cette philosophie érigée depuis quelques années en raccourcis pour «non doués» empeste l’air et fait de l’intellectuel arriviste, un modèle qui a fini par vider de sa substance le mérite et la bonne conscience professionnelle. Résultat, l’idée de toute réflexion a déserté les esprits de la plupart de nos cadres, formatés à ne plus cogiter, mais à se faire téléguider et robotiser par celui qui manipule les commandes à partir de la présidence de la République. Le mot de ralliement de ce nouveau type d’intellectuel scotché aux mirages de «l’Etat vache à traire », est «l’engagement sans faille, inconditionnel et sans réserve» qu’il profère au début de tous son discours courtisan. Une fois bénie par son Totem à qui il offre son destin sur le plateau de ces ambitions, offrant par la même occasion le destin de sa fratrie et celui de sa famille, il peut alors tout se permettre, dut-il vouloir détruire la nation, comme si le reste du peuple, par cette prostitution de l’élite, devient du coup un corps sans idée, sans avis et sans vision pour son avenir et celui de son pays. Le Manitou, devant qui la République intelligente et pensante a fait allégeance, le fait très bien à sa place.
Aussi, l’intellectuel imbu «d’hypocritologie» ne se pose pas de question sur la personne à qui il s’offre comme une offrande, et cela apparait de manière plus claire en période électorale, comme cette présidentielle décisive dont les Mauritaniens vivent déjà les prémisses, et qui va déterminer leur avenir dans les cinq ou dix ans à venir. Ce Manitou pour qui on s’est dépouillé et à qui on a offert notre âme au Diable, quel type d’homme est-ce, quel est son programme, quel est son background, quels sont les hommes qui l’entourent ?
Ces questions, capitales dans les démocraties conscientes et nimbés de patriotisme, nos intellectuels «intestins digestifs» ne se la posent pas. Ils sont comme la grenouille de Pavlov. Ils ne répondent qu’à une seule simulation, la voix de leur maître.
Cheikh Aïdara
source aidara.mondoblog.org