Coup de tonnerre dans le ciel du stade Cheikha Ould Boidya du Ksar ! La finale prévue dans la soirée du dimanche 18 juin 2017 n’a finalement pas eu lieu. Sur le terrain, seuls les joueurs du FC Nouadhibou caracolaient tandis que leur adversaire du jour, le FC Tevragh-Zeina, était dramatiquement absent. Quelques éléments de l’équipe déambulaient dans les couloirs du stade. Sur les gradins à demi dégarnis de la tribune officielle, le ministre des Sports et le Wali de Nouakchott-Ouest, en compagnie du président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) Ahmed Ould Yahya et quelques-uns de ses collaborateurs. Le boycott de l’équipe de FC Tevragh-Zeine était désormais consommé. Ni la maire Fatimetou Mint Abdel Maleck, présidente d’honneur du club encore moins son président Moussa Ould Khaiy, n’avaient répondu présents.
Le cafouillis était ainsi visible parmi les membres de la fédé présents, à l’image d’Ahmed Yahya qui allait de l’oreille de Pape Amghar, le président de la Ligue nationale de football, à celle de son Secrétaire général, Ould MBeirick. La moitié du maigre public qui avait fait le déplacement désertera d’ailleurs les lieux, peu avant que le Secrétaire général de la fédération ne constate les faits.
Coup de sifflet de l’arbitre Ould Mgheïvri, puis un but symbolique marqué sans enthousiasme, suivi d’un Ola désuet des joueurs du FC Nouadhibou sacrés vainqueurs de la Coupe nationale de football.
A la place de la finale qui n’aura finalement pas lieu, un match de gala, entre le FC Nouadhibou et l’ASAC Concorde, qui reçut le trophée de champion de la Mauritanie des mains du Ministre des Sports, suivi par celui attribué au vainqueur de la Coupe nationale perdue sur tapis vert par le FC Tevragh-Zeine. Aux vacarmes enthousiastes des supporters du FC Nouadhibou répondaient les sifflets et les huées de l’autre partie du public.
Mais pourquoi le FC Tevragh-Zeina a-t-il boycotté la finale de la Coupe nationale de football ? Cette question, l’organisation faîtière du football mondial et sa pendante africaine devraient bien se la poser. Pour peu que la FIFA ou la CAF mette à part leurs amitiés avec le président de la FFRIM pour sauvegarder l’image de leurs institutions, une enquête devrait être ouverte suite à ce scandale pour démêler les écheveaux d’une crise qui perdure depuis le 17 mai dernier, suite à la réserve portée par l’équipe de la Garde Nationale contre le FC Nouadhibou et bottée en touche par le bureau fédéral de la FFRIM.
Pour l’honneur du football mauritanien
Du courage, le FC Tevragh-Zeina en a eu pour booster le baromètre de la colère du milieu footballistique à son summum. En refusant de disputer cette finale face à une équipe disqualifiée par les textes de la FFRIM, le FC Tevragh-Zeine refuse tout simplement de cautionner une forfaiture en remettant un chèque en blanc à une fédération qui dépasse de plus en plus toutes les lignes rouges. La colère est d’autant plus grande que le football mauritanien risquera de pâtir des conséquences prévisibles de ce boycott.
En décidant de sécher la finale, le FC Tevragh-Zeine mesure bien les risques immédiats qu’il court, relégation, suspension, amendes… La maire de Tevragh-Zeine en est bien consciente elle qui se sent complètement découragée par la situation de non-droit qui prévaut aujourd’hui au sein du football mauritanien. «A quoi bon investir de l’argent, perdre son temps et son énergie si aucune règle n’est respectée et si, par un coup de tête, on peut t’arracher indûment tes droits ! A quoi bon continuer alors ? Autant, investir dans la pétanque ou dans tout autre sport qui n’est pas le football » s’est-elle rebiffée.
Cette réaction de la maire était intervenue au cours d’une réunion tenue le 17 juin dernier, juste après l’Assemblée générale de la Fédération. Autour de la table, pas moins de sept présidents de clubs, celui de la Garde Nationale, de la Police, de Tijikja et d’Aïoun, le nouveau promu à la 1ère Division en plus du président du FC Tevragh-Zeine, ainsi que les présidents de Toujounine et de l’Armée Nationale, tous les deux relégués cette saison en seconde division.
Un pacte de solidarité a été tissé cette nuit, pour soutenir Tevragh-Zeina contre toute répression qui sera jugée illégale, car pour l’ensemble des signataires de ce pacte, ce qui est en jeu, c’est l’avenir du football mauritanien et la transparence du jeu, dans le fair-play et le respect des acteurs. Ce qui ne semble pas être le cas aujourd’hui.
Rien ne va au sein du pouvoir
Mais la grande question qui se pose est de savoir d’où le président de la Fédération Mauritanienne de Football (FFRIM) tient-il tout ce poids au point de tenir tête à trois généraux parmi les plus influents du pays et à une élue du parti-Etat. En effet, Ahmed Ould Yahya défie aujourd’hui le Général Ould Meguett de la Police, le Général Misgharou de la Garde et le Général Ould Ghazwani de l’Armée nationale, sans compter la Maire de Tevragh-Zeina. Des institutions fortes, dont les équipes ne sont pas sorties indemnes de la gestion chaotique et unilatérale de la FFRIM durant cette saison 2016-2017. Cette grande question, l’opinion publique nationale se la pose encore avec incrédulité, car les généraux cités sont des proches du président de la République, Mohamed Abdel Aziz.
Cela voudrait-il dire finalement, que l’ex-colonel Cheikh Ould Baya, le soutien indéfectible du Président de la FFRIM est plus fort et plus entendu par le président Mohamed Abdel Aziz que tous les généraux en activité réunis ? Selon un ancien arbitre international, «quelque chose cloche indubitablement au sein de l’appareil de l’Etat, car cette situation dépasse tout entendement». Fin connaisseur des rouages du football mondial et africain, il semble dubitatif quant à une réaction éventuelle de la FIFA ou de la CAF dans cette affaire au vu des amitiés qui les lient au président Ahmed Ould Yahya. Ces deux institutions semblent tout aussi gangréner par les passe-droits que leurs affiliés.
Aujourd’hui, la famille du football mauritanien est profondément divisée. La gestion illégale du dossier de la Garde Nationale semble être la goutte qui a fait déborder le vase. En sus d’avoir frauduleusement délivré une licence trafiquée, en dehors des procédures normales à un joueur étranger, avec un numéro national imaginaire en violation des textes sur l’état-civil mauritanien, le bureau fédéral s’est arrogé le rôle de première et dernière instance de jugement, en mettant en berne les compétences de la Commission spécialisée. Le tout pour les beaux yeux du FC Nouadhibou, le club intouchable du président de la Fédération de football. Un diktat que certains clubs refusent désormais d’entériner.
Cheikh Aïdara
Suite au forfait du FC Tevragh-Zeine : la FFRIM fait des mises au point
Suite au forfait enregistré par le FC Tevragh-Zeïna, en finale de la Coupe de SEM le Président de la République, prévue ce dimanche 18 juin 2017 au Stade Cheikha Ould Boïdiya, devant l’opposer au FC Nouadhibou, la Fédération Mauritanienne de Football tient à apporter quelques éclaircissements au public sportif :
v La finale ayant été programmée officiellement, toutes les parties concernées ont été saisies du programme global, conformément à la réglementation en vigueur à la Fédération Mauritanienne de Football en matière d’organisation des compétitions nationales.
v La Fédération Mauritanienne de Football n’a reçu aucune correspondance officielle, voire privée, du FC Tevragh-Zeïna au sujet d’un éventuel forfait. Ce qui a été pour le moins surprenant, car loin de répondre aux règles de déontologie et de convenance de la part d’un grand club censé être un exemple de professionnalisme et d’organisation.
v Cet agissement confirme une volonté délibérée de sabotage de la part du club, car, ses représentants ont assisté à la réunion technique habituelle d’avant-match organisée dans la matinée. Et, ils n’ont à aucun moment, évoqué de manière implicite ou explicite, la probabilité de forfait.
v Conformément à la réglementation internationale en vigueur en la matière, l’arbitre international FIFA, Monsieur Lemghaivry Ali, désigné pour officier la rencontre, a constaté le forfait qui confère au FC Nouadhibou le droit de remporter la Coupe du Président de la République édition 2017 devant le forfait de l’équipe adverse.
v La Fédération Mauritanienne de Football tient à affirmer que les commissions compétentes de la FFRIM statueront sur le cas et prendront les mesures qui s’imposent, en parfaite conformité avec la réglementation sportive. La Fédération Mauritanienne de Football confirme également l’obligation pour tous de se plier à la volonté des règlements et des dispositions du cahier des charges, approuvés et signés par tous les clubs mauritaniens au début de chaque saison sportive.
Face à cet agissement, qui vise en toute apparence à entraver la dynamique actuelle que connait notre football – unanimement appréciée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur – et à nuire à sa renommée en cette conjoncture particulière, la Fédération Mauritanienne de Football rassure l’opinion sportive nationale que de tels agissements n’affecteront en rien l’élan continu et les efforts déployés pour promouvoir notre football.
v La marche de notre football vers des lendemains meilleurs est inexorable, et ce ne sont pas des obstacles du genre, qui entraveront cette marche. Car, nous estimons, que ni l’ordre des priorités, et encore moins le timing, ne laissent le temps à la Fédération Mauritanienne de Football de s’occuper des détails, alors qu’une adhésion massive autour de l’équipe nationale est plus que jamais requise, pour occuper l’honorable place qui nous revient dans le concert des grandes nations du football du continent, au moment où notre équipe nationale franchit le premier palier vers ce noble objectif.
Par conséquent, nous assumerons notre entière responsabilité devant Allah, et devant l’opinion sportive nationale, pour continuer cette œuvre à laquelle nous croyons fermement, afin de traduire dans les faits l’ambition, du reste légitime, qui anime notre public sportif de voir son football réaliser de grandes performances. Rien, et alors rien, n’ébranlera notre ferme volonté et notre farouche détermination d’atteindre cet objectif.
source aidara.mondoblog.org