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un grain de sable pour secouer la poussière...

Autour d'un thé

Jeudi 15 Juin 2017 - 00:11

Autour d'un thé

Les Mauritaniens vont vite… en besogne. C’est à cause de cette rapidité que tu peux entendre n’importe quoi. On ne cesse d’aller vite, des indépendances à maintenant. Exemple : dès que les examens nationaux commencent, tu entends dire, partout, que les épreuves du concours d’entrée en sixième, du Brevet ou du Bac sont à la vente, depuis quelques jours, dans la rue. Pour quelques dizaines ou centaines de milliers d’ouguiyas, c’est selon. Tu entends dire qu’un célèbre général est impliqué dans une monstrueuse affaire de vente de cannabis. Et que ce général a aussi été trouvé, dans de sales draps, au lit de l’épouse d’un soldat. Histoire de rappeler que, nous, on n’attend jamais de savoir pour réagir. Juste la « corne » d’un mot et c’est toute une histoire, avec force détails et précisions.

Souvenez-vous de l’imprudence de ce jeune officier qui n’a pas attendu de savoir, avant de tirer sur le Président qui revenait, tranquillement, d’une villégiature à Toueyla. Si les Mauritaniens savaient attendre… un peu, cela ne serait pas arrivé. Et l’on aurait évité tous ces n’importe quoi que les gens sont allés raconter partout, sans attendre. Il faut attendre un peu de connaître, au moins, le cinquième de ce qui se passe. Sinon, nous ressemblerons au diable. Encore une histoire de diable ? Attendez, pendant qu’on y est, il paraît qu’on peut marier quatre diablesses. Alors qu’on est incapable de marier deux humaines ! Toujours cette obsession d’aller vite, très vite. On peut même réduire tous nos problèmes à la précipitation.

Comment ? Imaginez, un peu, que les militaires du 10 Juillet 1978 aient attendu, juste, quelques mois : la guerre du Sahara allait finir, ils n’auraient plus eu d’argument pour s’emparer du pouvoir. Comme ça, ils n’auraient pas eu l’occasion de goûter au protocole. A l’argent. Aux honneurs (civils s’entend) que confèrent tapis rouge et autres exigences présidentielles. Comme ça, ils seraient restés des militaires, fièrement confinés dans leurs casernes. Ils n’auraient connu ni Constitution, ni amendements, ni gouvernements. Il n’y aurait eu ni CMSN, ni CMRN, ni Structures d’Education des Masses, ni PRDS avec classes d’alphabétisation et maisons du Livre, ni CMJD, ni HCE, ni président des pauvres, ni Rectification. Tout ça, c’est parce qu’on veut toujours allerplus vite. Trop vite. La vitesse n’est pas recommandable en beaucoup de choses. Quand on va plus vite que la musique, ce qu’on produit, ce n’est pas de la danse, c’est de la frénésie endiablée. Je ne vais pas jusqu’à dire : confondre vitesse et précipitation. Pourquoi ? Parce qu’à mon humble avis, la vitesse, c’est la précipitation. Les Mauritaniens n’aiment pas la précipitation.

« Il ya, en toi, une précipitation », comme si les autres t’avaient allaité. Les autres, ce sont mes parents, les forgerons. Harratines et forgerons de toute la Mauritanie, unissez-vous ! Contre les préjugés, les anachronismes et la stigmatisation. Mais il faut aller doucement, sans précipitation ni vitesse. Le temps fera le reste. Vous savez, c’est parce qu’on est allé vite que tout va lentement. C’est parce qu’on est allé vite que l’école est foutue. C’est parce qu’on est allé vite que la santé est foutue. C’est parce qu’on est allé vite que l’économie est foutue. C’est parce qu’on est allé vite que la démocratie est foutue. C’est parce qu’on est allé vite que l’armée est foutue. C’est parce qu’on est allé vite que le poisson, le fer, l’or sont foutus. « Nous sommes rapides », ne traduisez surtout pas cela en hassaniya. Nous sommes, si vous le faites, exactement le contraire de cela.

Des idiots. Pas dans l’absolu, puisque le Président ne l’est pas. Le PM non plus. Ni les membres du gouvernement, ni les généraux de brigade et de l’armée (et non pas d’armée, comme on le dit trop vite, trop souvent). Nous sommes un peuple qui va vite. Un peu comme son Président. Ce n’est pas joli, pour un président, d’aller vite. A quoi servent les conseillers ? La poignée de la Présidence, quinze à vingt conseillers qui ne peuvent neutraliser un seul homme, ça sert à quoi ? C’est vrai que les légumes, les pièces détachées, les fruits et autres fripouilles ne viennent pas du Qatar. Et c’est peut être bon d’être, avec l’Arabie saoudite, les Emirats, l’Egypte et une partie du Yémen, dans la même galère. Après on verra…précipitamment.

Salut.

Sneiba El Kory

source lecalame.info

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