« Qui ne t’a préféré que sa tête, ne le ‘’vois’’ pas sur lui ». C’est si vrai que cela ne suscite aucun commentaire. Un peu comme la vache meuglant : « mon veau, mon veau » ; puis, tout à coup la voilant, :« ma tête, ma tête ». Ce n’est pas pour rien qu’anatomiquement, la tête est en haut. Relativement, bien sûr – merci, Einstein ! – en haut par rapport, donc, aux jambes, au tronc et autres membres. La tête, le tronc, les membres, vieille leçon de sciences bien assimilée par les anciens élèves du cours primaire moyen première année (CM1).
La tête et le cou avaient leur histoire. Ils revenaient de droit aux forgerons. La tête, c’est la tête. Exactement comme le cou est le cou. Mais pourquoi, parfois, c’est comme ci et, parfois, c’est comme ça ? Pourquoi ne pas avoir donné la tête et le cou des listes nationales, régionales et des femmes aux « ayants droit » ? Histoire de rester fidèles à nous-mêmes : les chefs, d’abord ; les proches, ensuite ; les fidèles amis, enfin. C’est quoi cette démocratie ? De moi d’abord et les autres ensuite. De moi toujours, tant que je tiens encore sur mes pieds chancelants. C’est quoi cette épicerie personnelle où les autres ne sont que des « toujours debout » taillables, corvéables et « renvoyables » à tout moment ? Les partis politiques nationaux et leurs pratiques rappellent, à bien des égards, les organisations de la Société civile.
Comme celle d’une proche parente (c’est très à la mode) dont le bureau exécutif se déclinait comme suit : présidente, elle-même ; vice-président, son fils aîné ; secrétaire général, son mari ; trésorière, sa fille ; commissaire aux comptes, sa fille cadette ; commissaire aux comptes adjointe, sa domestique ; chargé des relations extérieures, son chauffeur ; sa défunte maman, la présidente d’honneur ; chargée de communication, sa voisine perdue de vue depuis quelques années. Qui dit mieux, en termes de rapprochement de l’administration des administrés ? Hé, il faut bien assurer ses arrières ! Et, comme on dit, « la tête ne peut pas être la queue ».
Les présidents de parti veulent être des « têtes » pour leurs militants. Et la tête, si « elle devenait des yeux », elle ferait peur. Alors, il faut bien qu’elle devienne député. On ne sait jamais. L’avenir est tellement incertain qu’il faut bien être là pour savoir quoi faire. Et puis, « voit le vieux, couché, ce que ne voit pas le jeune, debout ». Tout droit dans ses bottes, pantalon et boubou. Ah, ça, on n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Or c’est bien une affaire de service (dans le sens de « se » servir d’abord) et de servitude, pour les autres qui doivent être toujours prêts et agiles, comme des scouts, pour le parti. Le parti de Sidi. Le parti d’Oumar. Le parti de Diarra. Le parti de Moktar. Le parti de Fatimetou.
Le parti de Mohamed. Le parti de M’bareck. Le parti d’Ifra. Le parti de Sidna. Le parti de Kadiata. Le parti de Moustapha. Le parti de Dramé. Qui sème les partis récolte les têtes de liste. C’est normal. N’est-ce pas dans ma maison que se trouve le siège ? N’est-ce pas moi qui en paye le loyer ? Mon argent qui finance les banderoles, les portraits et les affiches ? Le parti, c’est moi. Alors, c’est qui sème et qui récolte ? Normalement. Tout ce qui vient, tout ce qui tombe.
Les faveurs, l’argent, les postes électifs et, éventuellement, les nominations et les subventions. Tout ça c’est pour bibi, dans ma poche. Directement. Comme disait un célèbre virtuose de notre tidinitt, directement dans la poche. Le chef, d’abord et les subordonnés, ensuite. Communautairement : Hartani, Beidani, Kowri ou Hartaniya, Beidaniya, Kowriya ; c’est tout comme. Regardez le RFD, Tawassoul, l’UFP ou El Wiam : c’est la règle. L’UPR, l’APP et El Moustaqbal ont fait quelque chose qui ne sert pas l’unité nationale. Conférez les têtes de leurs listes nationales, régionales et des femmes. Où est la Constitution ? Salut.
Sneiba El Kory
source lecalame.info