Les rafles se multiplient. La police mauritanienne a annoncé mardi l’arrestation de dix personnes, « dans le cadre du travail de routine » lié à la lutte contre l’immigration irrégulière. Une annonce en apparence banale, mais qui cache des dérives inquiétantes. Car derrière la traque des clandestins, ce sont aussi des citoyens mauritaniens qui tombent dans les filets.
Depuis quelques semaines, la campagne contre les étrangers en situation irrégulière suscite de vives réactions. ONG de défense des droits de l’homme, partis politiques, voix citoyennes : tous dénoncent une chasse aux sorcières qui, sous couvert de légalité, vire à l’arbitraire. Et le plus grave, c’est que des Mauritaniens — souvent jeunes, parfois sans ressources, et toujours vulnérables — se retrouvent injustement pris pour cibles.
Le cas d’un jeune homme arrêté, torturé dans un commissariat de Nouakchott, et dont les images ont bouleversé les réseaux sociaux, est emblématique. Il possédait pourtant une carte d’identité nationale. Son seul tort : habiter un quartier où vivaient également des étrangers raflés lors d’une descente policière. Le soupçon l’a condamné.
Plus récemment, deux nouveaux cas ont été signalés au centre de transit d’Arafat. L’un, arrêté pour défaut de pièce d’identité, est toujours retenu malgré l’intervention de ses deux parents munis de documents civils. L’autre, un orphelin déjà expulsé à tort vers le Mali, a été refoulé à Nouakchott sans jamais retrouver sa liberté — et ce, depuis le mois de ramadan. Sa famille se bat en vain pour le faire libérer.
Ces histoires, aussi choquantes que réelles, ne sont plus des exceptions. Elles traduisent une réalité alarmante : l’amalgame entre immigration irrégulière et appartenance nationale. Un amalgame dangereux, qui fracture la société et ravive de douloureux souvenirs.
Car comment ne pas penser aux sombres événements de 1989, lorsque l’arbitraire s’est mué en tragédie nationale ? La Mauritanie a payé cher ces dérives, et en porte encore les stigmates. Les autorités doivent entendre le signal d’alarme : chaque erreur, chaque injustice commise au nom de la sécurité, ébranle la cohésion fragile de notre nation.
Il ne s’agit pas de contester le droit d’un État à réguler l’immigration. Mais ce droit ne peut s’exercer au détriment de ses propres enfants. La paix civile ne saurait survivre à l’humiliation et à l’injustice. À ceux qui ont le pouvoir, il revient aujourd’hui de choisir : garantir les droits de tous les citoyens — ou rallumer les braises d’un passé que personne ne souhaite revivre.
Bakari Gueye
initiativesnews
Depuis quelques semaines, la campagne contre les étrangers en situation irrégulière suscite de vives réactions. ONG de défense des droits de l’homme, partis politiques, voix citoyennes : tous dénoncent une chasse aux sorcières qui, sous couvert de légalité, vire à l’arbitraire. Et le plus grave, c’est que des Mauritaniens — souvent jeunes, parfois sans ressources, et toujours vulnérables — se retrouvent injustement pris pour cibles.
Le cas d’un jeune homme arrêté, torturé dans un commissariat de Nouakchott, et dont les images ont bouleversé les réseaux sociaux, est emblématique. Il possédait pourtant une carte d’identité nationale. Son seul tort : habiter un quartier où vivaient également des étrangers raflés lors d’une descente policière. Le soupçon l’a condamné.
Plus récemment, deux nouveaux cas ont été signalés au centre de transit d’Arafat. L’un, arrêté pour défaut de pièce d’identité, est toujours retenu malgré l’intervention de ses deux parents munis de documents civils. L’autre, un orphelin déjà expulsé à tort vers le Mali, a été refoulé à Nouakchott sans jamais retrouver sa liberté — et ce, depuis le mois de ramadan. Sa famille se bat en vain pour le faire libérer.
Ces histoires, aussi choquantes que réelles, ne sont plus des exceptions. Elles traduisent une réalité alarmante : l’amalgame entre immigration irrégulière et appartenance nationale. Un amalgame dangereux, qui fracture la société et ravive de douloureux souvenirs.
Car comment ne pas penser aux sombres événements de 1989, lorsque l’arbitraire s’est mué en tragédie nationale ? La Mauritanie a payé cher ces dérives, et en porte encore les stigmates. Les autorités doivent entendre le signal d’alarme : chaque erreur, chaque injustice commise au nom de la sécurité, ébranle la cohésion fragile de notre nation.
Il ne s’agit pas de contester le droit d’un État à réguler l’immigration. Mais ce droit ne peut s’exercer au détriment de ses propres enfants. La paix civile ne saurait survivre à l’humiliation et à l’injustice. À ceux qui ont le pouvoir, il revient aujourd’hui de choisir : garantir les droits de tous les citoyens — ou rallumer les braises d’un passé que personne ne souhaite revivre.
Bakari Gueye
initiativesnews