L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, jugé pour corruption, a déclaré que seule la Haute Cour de justice est compétente pour le juger, rejetant toutes les accusations portées contre lui.
En décembre 2023, le tribunal de première instance a reconnu Ould Abdel Aziz coupable de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite. Il l’a condamné à cinq ans de prison en plus de la confiscation de ses biens et ses droits civiques.
Ould Abdel Aziz est devant la Cour d’appel depuis novembre de l’année dernière, après que son équipe de défense ait fait appel d’une première condamnation permettant au ministère public a demander que l’accusé soit condamné à 20 ans de prison.
L’interrogatoire final
Après des mois de plaidoiries des avocats et d’auditions des accusés dans cette affaire, la Cour d’appel a décidé d’entendre les demandes de l’accusé Mohamed Ould Abdel Aziz mardi, avant de délibérer et de rendre un jugement.
Ould Abdelaziz a commencé par aborder les conditions de son emprisonnement, notant qu’il est en prison depuis cinq ans, contrairement aux autres accusés.
Il a ajouté qu’il a été coupé du monde, et qu’on lui a donné un téléphone chaque semaine pour communiquer avec sa famille, et qu’il y a un mois, la communication s’est arrêtée, notant que « le téléphone enregistrait ses appels ».
Les demandes d’Aziz
Ould Abdel Aziz a demandé à la Cour d’abandonner le dossier et de mettre fin au procès, en déclarant : « Je demande à la Cour d’abandonner l’affaire, car la Haute Cour de justice est seule compétente pour traiter le dossier ».
Ould Abdel Aziz a insisté sur ce qu’il a déclaré être « le privilège judiciaire de l’incompétence de la Cour conformément à l’article 93 de la Constitution et tel que confirmé par le rapport 09/24 du Conseil Constitutionnel », selon lui.
Cela ramène le débat précédent sur la Haute Cour de justice et l’immunité constitutionnelle dont jouit le président de la République, une partie affirmant que l’immunité s’applique à la fonction et non à la personne.
D’autres soutiennent que les accusations pour lesquelles Ould Abdel Aziz est jugé ne relèvent pas de sa compétence en tant que Président de la République, et qu’il n’est donc pas jugé devant la Haute Cour de justice, devant laquelle il serait jugé s’il était accusé de haute trahison.
Règlement de comptes
D’autre part, Ould Abdel Aziz s’est dit fier que les dossiers pour lesquels il est jugé « témoignent en sa faveur et non contre lui, et ne remettent pas en cause ce qu’il a fait pour le pays », ajoutant que ses déboires depuis 2020 sont le procès de ses réalisations de la part de ses adversaires politiques.
L’ancien président a conclu que l’enquête « n’a fourni aucune preuve d’un acte criminel ou d’un préjudice causé à l’État ou au peuple, et je demande donc sur cette base que je sois acquitté de ces accusations malveillantes si le tribunal passe outre la première demande ».
Ould Abdel Aziz a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019 et, lorsqu’il a quitté le pouvoir, les députés de l’opposition ont demandé la formation d’une commission d’enquête, ce qui a déclenché l’un des plus grands procès de l’histoire du pays.
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