Vous le savez bien : il ne faut pas faire feu de tout bois. Commencer et recommencer à crier à tout va. Tout dépend de ce qu’on veut, de ce qu’on aime, de ce qu’on pense. Si tout le monde pensait de la même façon, voulait la même chose, aimait itou pareil, comment serait le monde ? Imaginez un peu : D’abord, un seul parti politique, une même vision, une même pensée, unique. On n’en serait pas, aujourd’hui, à parler de fraudes électorales, de deuxième, voire troisième tour, ni même quatrième ou cinquième mandat. Pour une simple et bonne raison : tout le monde aime le Président. Tout le monde est d’accord sur ses orientations et ses politiques. Vous imaginez ? Le désœuvrement total, pour toutes les oppositions, la presse, les applaudisseurs, la Société civile. Pas de dialogue puisque tout le monde est d’accord.
Pas d’achat ni de vente, puisque tout le monde est d’accord. Pas d’arrangement en-dessus ni en-dessous de la table, puisque tout le monde est d’accord. Pas de compromis ni de compromission puisque tout le monde est d’accord. Personne ne parle de rien. Heureusement qu’il ya la relativité ! Merci, Einstein. Attention, j’ai dit relativité pas relativisme, hein ! Je dis physique, ne me répondez pas philosophie. Imaginez un peu si tout le monde avait décidé d’aller accueillir le très probable futur président de l’Assemblée nationale à l’aéroport Oum Tounsi.
Imaginez si tous les chauffeurs du pays avaient voulu le conduire chez lui. Imaginez si toutes les belles femmes avaient insisté pour faire partie du cortège sur plus de trente kilomètres. Donc, « ça dépend », tout comme disait un ancien sage de chez nous, dans une tavilwitt d’un célèbre gav : « ce qui tue une âme en fait vivre une autre ». Si certains n’étaient pas partis à l’aéroport, ils allaient mourir. Alors que d’autres, pour rester en vie, devaient rester complètement indifférents, bien cloisonnés chez eux.
C’est ça, la démocratie : chacun fait ce qu’il veut. Un peu comme dans l’émission d’Al Jazeera, « Étijahel mouakess » : littéralement, le sens contraire ; où deux vis-à-vis disent chacun ce qui lui passe par la tête sur diverses problématiques mais en prenant soin de s’opposer systématiquement à l’autre. C’est donc depuis l’enclenchement du processus démocratique que majorité et opposition sont dans un éternel étijahmouakess improductif. L’autre soir, un des deux contraires n’est pas venu. L’autre a couru extraordinairement vite. On est toujours le plus rapide, quand on court seul. Dans cette émission de la TV Qatarie, le plus intéressant, c’est le voyage en classe affaires, le séjour dans un hôtel cinq étoiles et la perception d’un providentiel magot de deux mille dollars.
Le reste vient après. Tout le monde peut aller là-bas. Il suffit juste d’écouter celui qui est en face et dire à l’envers ce qu’il a dit à l’endroit. Quelle croustillante émission serait, sur Al Jazeera, un face-à-face Nana Tupac et la folle d’Aziz sur le troisième mandat : Enjeux et perspectives ; en espérant que ni l’une ni l’autre ne prenne la poudre d’escampette au dernier moment. Lui, c’est notre président à nous et nous l’aimons. Yahragbeyek, toi … tu es un menteur… Si l’on refait les élections, ta tête sera en bas… Aziz nous a fatigués, c’est moi, Nana Tupac, qui le dit et je n’ai pas peur de lui. Aziz, dégage ! Depuis que tu es venu, il n’ya plus d’argent et tout est devenu difficile.
C’est un peu comme ça, toutes les émissions « sens croisé » sur la Mauritanie. Je vais vous révéler trois secrets. Le premier est que le parlement va ouvrir le huit Octobre. Le second est que son président sera de l’Union Pour la République. Le troisième, vous le connaissez déjà. Les mots, c’est juste trois. Le premier, vous le connaissez. Le second, je vais vous le dire. Le troisième, il ne faut plus que quelqu’un pisse sur mon mur.
Salut !
Sneiba El Kory
source lecalame.info