Dans un entretien accordé au calame, Ahmed Ould Daddah, le président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) est revenu sur la situation que vit le pays, marquée, selon lui, par une crise économique, politique et sociale sans précédent qui pourrait menacer jusqu’à l’existence du pays. ‘’Jamais, depuis mon retour au pays en 1992, je n’ai été autant inquiet pour mon pays. Je ne vous apprendrai rien si je vous disais que la situation est explosive. Le pouvoir actuel n’a fait qu’exacerber les tensions entre des communautés qui vivaient auparavant en parfaite symbiose, en les montant les unes contre les autres.
Une situation exacerbée par l’injustice sociale, le chômage qui bat des records, celui des jeunes et des intellectuels notamment, la mainmise d’un clan sur les ressources du pays et la démission de l’Etat qui n’assure plus ni éducation, ni santé, ni aucun autre service social, toutes choses qui constituent sa raison d’être’’, a-t-il déclaré. Le tout sur fond d’une prétendue lutte contre la gabegie qui ne s’est révélée finalement être qu’un slogan creux. ‘’Quand le nom du président et ceux de son cercle proche sont nommément cités dans des scandales financiers, et pas qu’une fois, il ya lieu de se poser des questions sur cette soi-disant lutte contre la gabegie qu’on veut combattre’’, dit-il.
Sur le plan extérieur, le pays n’est guère mieux loti. Il est à couteaux tirés avec ses voisins immédiats et tout ne va pas pour le mieux non plus avec nos principaux partenaires comme la France, avec laquelle le courant ne semble toujours pas passer depuis l’arrivée de Macron, selon lui. Et d’ajouter : ‘’la Mauritanie, qui occupe une position charnière entre le Maghreb et l’Afrique au sud du Sahara, doit continuer à jouer le rôle qui a toujours été le sien, celui de trait d’union et non gérer ses relations selon des humeurs changeantes’’.
Concernant l’affaire dite ‘’Bouamatou et Consorts’’, qui défraie la chronique depuis plusieurs mois avec l’emprisonnement du sénateur Ould Ghadda et la mise sous contrôle judiciaire de 12 sénateurs, quatre journalistes et deux syndicalistes, Ould Daddah condamne fermement ce genre de pratiques anti-démocratiques, propres aux régimes d’exception. Pour lui, ‘’ce régime ne se contente plus de créer toutes sortes de problèmes aux hommes d’affaires. Il veut les pousser à l’exil. Un homme comme Mohamed Ould Bouamatou, dont les entreprises font travailler des centaines d’employés, qui crée de la richesse, contribue au développement du pays, aide un grand nombre de nécessiteux et a ouvert un hôpital ophtalmologique qui soigne gratuitement, doit être honoré et non vilipendé.’’ Et pour quelle raison, pensez-vous ? Parce qu’il a aidé des journaux ou des syndicats, un acte de mécénat tout à fait normal et louable dans un pays comme le nôtre où ces secteurs ont besoin de soutiens pour jouer leur rôle.