Le Calame : Déjà près de quarante-cinq jours que le nouveau Président occupe le Palais. Comment les jugez-vous ?
Abderrahmane Marrakchy : Merci tout d’abord de m’honorer de cette interview avec le respectueux Calame. Et de me permettre, avant de répondre à votre questionnaire, de profiter de l’occasion pour lancer un appel aux nouvelles autorités, avec, en tête, notre nouveau Président, Monsieur Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani ; pour promouvoir, sans délais, les conditions de retour de tous les mauritaniens exilés pour des raisons politiques. Je pense, particulièrement, à Messieurs Mohamed Bouamatou, Moustapha Chavi et Mohamed Debagh, tracassés par des documents administratifs réputés sans fondement. Il y va de la crédibilité même de notre pays et de ses institutions. Une telle ouverture apporterait, sans nul doute, de la sérénité, si nécessaire en ces périodes de doute et de flottement que connaît notre société, en proie à une multitude d’interrogations. D’autant plus que le poids social de ces concitoyens est important, tant au niveau national (toutes communautés confondues) qu’en leur ensemble spécifique ; leur retour soulagerait beaucoup de monde sans rien coûter au pays.
Pour revenir à votre question, je ne peux pas, à ce stade, apporter un jugement de valeur, surtout après quarante-cinq jours. En général, on attend les cent. Je dirais donc, sobrement, qu’il s’agit d’un président relativement bien élu, doté d’un programme assez clair, avec des touches sociales affirmées. Laissons-lui un peu de temps pour mettre en place son attelage et démarrer ensuite.
- Beaucoup de mauritaniens, en particulier ceux qui l’ont soutenu, trouvent le nouveau Président lent, très lent, voire trop lent, dans la prise de décisions. Faites-vous partie de ces détracteurs ? Qu’est-ce qui, à votre avis, pourrait expliquer ou justifier cette impression de lenteur ? Aurait-il le poids de son ami et prédécesseur sur le dos, comme le croient bon nombre de nos concitoyens ?
- Il est vrai que les Mauritaniens sont pressés, voire impatients : la demande est grande, très grande, trop grande… Et immense, le chantier, sur tous les plans : politique, social, économique... Apparemment, le Président Ghazwani va à sa propre vitesse. Je pense à la fable de La Fontaine : le lièvre et la tortue… et à son adage : « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Des gens le trouvent trop lent, d’autres indécis. Moi, je préfère l’efficacité à la précipitation. Je souhaite seulement que le président adopte plutôt le mode « tortue » que le mode « escargot ». Quant à l’influence de son ami et ex-président, elle est inévitable, à ce stade encore, mais, monsieur Ghazwani a été élu sur des engagements solennels, il a prêté serment et sait, comme il l’a si bien dit, la valeur des engagements. Son honneur est engagé et il n’a de compte à rendre qu’à Allah et aux populations de Mauritanie. Ce n’est ni l’intérêt de son ami ni le sien de créer une situation bicéphale dans la gestion du pays. La direction est une et indivisible et je pense que la chose est claire pour eux deux. Ce que certains craignent n’est qu’une vue de l’esprit, il ne peut en être autrement.
- Parmi les décisions du président Ghazwani, il y a la récente nomination de l’ex ministre des Finances Ould Djay la tête de la SNIM. Une décision mal appréciée par l’opinion. Comprenez-vous pourquoi ?
- La nomination de monsieur Moctar Djay à la tête de la SNIM a fait couler beaucoup d’encre, c’est vrai, mais quelle est la mission confiée, par le Président, à cet ancien, récent et omniprésent ministre ? Attendons de voir sur le terrain le travail d’Ould Djay,
pour juger de l’opportunité de sa nomination. Il est vrai qu’avec ses déboires, depuis la chute drastique des prix, couplée à des investissements inopportuns, la SNIM connaît des difficultés auxquelles les mauritaniens ne peuvent être insensibles. Le nouvel ADG est donc averti : nous attendons, de lui, un redressement de la situation, avec le respect du volet social. Il doit se retrousser les manches, en comptant sur sa capacité de travail, sa compétence et, surtout, si je peux lui donner un conseil, mettre en sourdine ses activités politiques car elles sont incompatibles et, même, nuisibles à sa mission. La SNIM jouit d’immenses atouts : une mine légendaire, des installations fiables malgré quelques défauts (Guelbs), des facilités fiscales sans pareil (convention avec l’Etat de 25 ans qui vient d’être renouvelée) et un personnel expérimenté ; il suffit d’appliquer une politique de gestion transparente et efficiente et consacrer ses efforts sur la production et la commercialisation. La tendance haussière actuelle, sur les prix du fer, est un atout supplémentaire. Tous nos souhaits de réussite, donc, à la SNIM ! Si cela se fait avec Ould Djay, nous lui dirons bravo et chacun comprendra, alors, pourquoi il fut nommé à ce poste.
- Depuis quelques jours, le Président reçoit les acteurs politiques ; de la majorité et de l’opposition. Au cours de ces rencontres, il aurait exprimé sa disposition au dialogue. Elu par plus de 52% des suffrages, pourquoi Ghazwani s’engage-t-il en telle voie avec son opposition ? Est-ce une urgence à votre avis ?
- Le fait de recevoir la classe politique, y compris les leaders de l’opposition, pour discuter des affaires de la Nation, est un devoir primordial de tout président qui se respecte et respecte la démocratie. Cela relève du respect de ses engagements et inaugure une nouvelle ère d’apaisement et de respect des institutions et des hommes. Pour ma part, moi qui ai toujours appelé au dialogue, même au temps d’Ould Taya, cela me soulage. Par le dialogue, nous pouvons régler les problèmes les plus difficiles, nous nous rapprochons les uns des autres et nous nous aimons. En fait, rien n’est plus dommageable, pour les fils d’une même nation, que de se regarder en chiens de faïence, alors que tout les unit. Un geste récent, de la part du président Ghazwani, m’est allé droit au cœur : le fait de
recevoir le président Ahmed Daddah, avec tout le respect et les égards dus à cet homme
qui s’est sacrifié pour l’avènement de la démocratie dans notre pays.
Je souhaite ardemment qu’un dialogue soit ouvert et qu’y participent tous les acteurs politiques, la société civile et les défenseurs des droits de l’homme. Ce dialogue aura pour but de passer en revue tous les problèmes en suspens qui méritent d’être soulevés, mais, aussi, de mettre en place les mécanismes pouvant garantir la transparence des élections
futures, y compris une CENI consensuelle. Ce sera l’unique fois, depuis 2006, où un dialogue réel sera instauré dans notre pays. Cette initiative revient au Président de la République dont les gestes susdits annoncent cet événement tant souhaité, après tous les ratés de la décennie précédente. Le score de 52% m’a fait dire, tantôt, que le Président Ghazwani avait été relativement bien élu. Si ce score est en effet suffisant pour gouverner, il donne surtout un sens à notre démocratie car, si l’on considère que 48% ont voté pour les candidats de l’opposition, alors le président élu doit en tenir compte et faire tout pour convaincre, en transformant ses promesses électorales en actes visibles sur le terrain. Je crains que l’état de grâce ne dure pas longtemps. C’est pourquoi un dialogue est à la fois nécessaire et urgent.
- Ancien député de la majorité ayant pris part au dialogue de 2014 et de 2016, que conseillerez-vous au nouveau Président pour éviter de tomber dans les même travers ?
- Malgré certaines avancées, les dialogues de 2014 et 2016 étaient incomplets, car n’y participait qu’une partie de l’opposition. Elle a d’ailleurs fini par se fondre dans l’UPR ou le soutenir dans les élections, voire soutenir le candidat de la majorité aux élections présidentielles. L’opposition dite radicale n’a jamais pu se trouver à la même table que la majorité, par méfiance partagée. Je n’ai certes pas la prétention de conseiller le Président qui a déjà jeté les bases du dialogue qu’il recherche, mais je lui souhaite d’éviter de trop se fier à ceux qui prétendent défendre le régime en diabolisant l’opposition et même certains soutiens trop critiques à leur goût. Ceux-là sont les pires ennemis de la démocratie, toujours prompts à répandre leur poison mortel : la pensée unique et l’inculture démocratique. Leur prestation est toujours payante et leur fidélité jamais garantie. Pour revenir au dialogue, il n’y a aucun risque d’échec dans la mesure où c’est le Président qui l’initie. C’est la volonté qui a toujours fait défaut de part et d’autre.
- La présidentielle de 2019 a été marquée, pour la première fois, par un vote identitaire et une répression des partisans des candidats de la Coalition Vivre Ensemble, Kane Hamidou Baba et de celui de Sawab, Biram Dah Abeid. Que vous inspire cette situation et que pensez-vous de ce qu’on appelle la question nationale (cohabitation) entre les composantes du pays ?
- L’élection présidentielle de 2019 ont connu un vote identitaire, chose que nous avons toujours appréhendée. Elle a été suivie d’incidents regrettables qui ont failli mettre durablement à mal l’unité nationale. Heureusement, la sagesse des candidats de l’opposition, Birame Abeid et Kane Hamidou Baba, a contribué à apaiser la scène en ces moments difficiles. Qu’ils en soient remerciés et sachent que c’est en ces moments que l’Histoire vous donne votre vraie dimension. Tout ceci est dû au manque de préparation de l’élection, sans conditions minimales de concertation et de transparence. Comme si l’on voulait une élection à résultat contestable! Cela nous renvoie à ceux, évoqués tantôt, qui veulent maintenir le pays en ébullition, pour tirer profit de la situation et continuer à s’y prétendre indispensables. Mais, cette fois, ils en ont eu pour leur compte.
La question de la cohabitation des communautés trouve sa solution naturelle dans notre Constitution qui garantit à chacun ses droits. Pour l’interprétation de ce texte fondamental, les lois sont là et le dialogue vient aplanir les difficultés. D’autant plus que nous sommes tous musulmans, sunnites de surcroît et les enseignements de l’islam sont à eux seuls suffisants, pour régler tous les problèmes de l’Univers, a fortiori un pays de quatre millions d’âmes.
- Pourquoi n’avez-vous pas été reconduit député en 2018 ? Certains de vos amis pensent que vous avez été victime d’un règlement de comptes, parce que vous étiez, semble-t-il, opposé à un troisième mandat pour Ould Abdel Aziz. Qu’en est-il ?
- C’est vrai que je n’ai pas été reconduit en 2018, pour les élections législatives. Ce fut, pour moi et mes proches une surprise de taille, voire un choc. La raison, à ce jour encore inavouée, m’est inconnue. Certes, cela ressemble à un complot, fomenté par la direction de l’UPR et la présidente du Sursaut auquel j’appartiens cependant toujours. La seconde a décidé, sous l’injonction du président de l’UPR, de me remplacer à la candidature (tête de liste à Nouakchott) par quelqu'un d’autre, sans m’informer ni me demander avis.
Cette personne que je respecte et qui n’appartenait pas au parti n’avait pu se faire élire, peut-être par manque de préparation. Quant à moi, je m’y étais préparé durant plusieurs mois, étant sûr que j’allais être reconduit ; avec, non seulement, les moyens de me faire réélire mais, surtout, le privilège de faire partie d’une mission auprès du parlement ACP siégeant à l’assemblée paritaire plénière ACP-Union Européenne. Cette mission avait accompli un travail remarquable à Bruxelles, Malte, Nairobi, Windhoek, Strasbourg et venait de remporter le succès que vous connaissez à Port-au-Prince (Haïti), évitant, à la Mauritanie, de fâcheuses résolutions et faisant adopter une résolution de compromis, suivie, plus tard, par la visite d’une mission parlementaire paritaire à Nouakchott qui a permis de régler durablement ce problème résultant d’une incompréhension. Pendant ma mission, J’ai été, personnellement et au nom de la Mauritanie, chargé de rédiger un rapport sur le thème : «Le rôle du sport en tant que facteur d’éducation et d’éradication de la pauvreté ».
Présenté en Juin 2017 à San Julian de Malte, ce rapport a reçu un grand accueil auprès des cent quatre pays ACP-UE.
Il fut publié par cette assemblée parlementaire qui en a fait une résolution et un document de référence, envoyé à tous les parlements et les organisations internationales (ONU, UA, UE...). Malgré cela, ladite machination a abouti, m’empêchant de me présenter.
Mon collègue Abdallahi Breihem de la liste nationale ne fut, lui non plus, reconduit car l’UPR avait arbitrairement choisi un candidat (un homme d’affaires) à sa place. Il semble que la direction du Sursaut n’avait pas fini de sursauter, en quête de fonds pour sa campagne… Je vous laisse deviner la suite. L’injustice dont je fus victime est évidente, quand on sait que mes trois collègues de l’UPR de la mission ACP-UE furent tous reconduits, sauf un, promu secrétaire général d’un ministère ; ils le méritaient bien mais, pour moi, c’était la sanction pour je ne sais quel crime !
Il semble que d’avoir dit, tout haut et dans différents médias, que j’étais contre le tripatouillage de la Constitution, en vue d’un troisième mandat, ait dérangé les faucons du pouvoir, c’est vrai et je les connais, mais ils se sont révélés au grand jour comme de vrais cons ! Et je reste fier d’avoir, même au prix de mon siège de député, défendu notre Constitution et notre démocratie. Si c’est à refaire, je le referai, sans regret aucun. Enfin et pour conclure ce chapitre, je souhaite que ce manque de moralité et cette légèreté de mœurs en politique soient médités, pour éviter, à notre société, d’être dirigée un jour par une mafia locale sans vergogne.
- Vous aviez décidé de soutenir Ould Abdel Aziz en 2011. Peut-on en connaître succinctement les motivations ? Vous avez été élu député à l’Assemblée Nationale. Etes-vous de ceux qui pensent que si le président Ould Abdel Aziz a dévié de son projet de 2009, c’est à cause de certains de ses hommes de confiance ? Le cas échéant, savez-vous de qui, en particulier ?
- J’ai soutenu le Président Ould Abdel Aziz en 2011, après avoir tenté, sans succès d’établir un vrai dialogue entre lui et le RFD dont j’étais membre du BE. La responsabilité de certains lobbies, au sein de ce parti, dans l’échec, était évidente car ils souhaitaient, à l’instar d’autres opposants du FNDD, faire tomber le pouvoir par la rue (Printemps arabe) et gagner ainsi le temps. Le programme du Président était aussi alléchant : moralisation des affaires, prise en charge des problèmes sociaux, surtout des pauvres, appel au dialogue... Après un passage à l’Autorité de Régulation des Marchés Publics comme membre de la commission de règlement des différends (2012-2014) au titre de représentant du patronat, je me suis engagé dans la bataille des municipales fin 2013.
Coopté par un parti de la mouvance présidentielle, le Sursaut, j’ai pu décrocher ce poste de député tant convoité. Mon but était d’influer le plus positivement possible sur les décisions, afin de contribuer à moraliser la vie publique et favoriser le dialogue à tous les niveaux. Ma déception fut grande mais je ne me suis jamais découragé. C’est à partir de 2014 et la réélection du Président, qu’avec le nouveau Premier ministre et son gouvernement, les choses ont commencé à virer vers la confrontation, la délation, les atteintes graves à la liberté de presse et d’association. Il fallait tirer sur tout ce qui bouge et maintenir le pays en ébullition. Les antidémocrates ont réussi à maintenir le Président sous pression, il n’écoutait plus qu’eux. C’est d’ailleurs eux qui ont inauguré le deuxième mandat par la stupide idée d’un troisième mandat anticonstitutionnel et dangereux.
Ils en ont profité pour mettre en coupe réglée le pays et ses ressources. Dès lors, tous ceux qui pouvaient les contrarier, en disant la vérité, étaient écartés sans ménagement. Ma dernière rencontre avec le Président Ould Abdel Aziz date de Mai 2014. Je sais que j’ai tout subi de ces gens : délation, enregistrements, BR, mais j’ai continué à défendre les principes sur lesquels je ne peux tergiverser. Un des objectifs majeurs que je m’étais fixé était d’éviter un troisième mandat fatal pour notre nation. Je savais à quoi nous en attendre, fort de l’expérience du Burundi qui a sombré et auquel nous autres, parlementaires ACP, n’avons pu apporter, en nos différentes joutes avec nos collègues européens, aucun soulagement face aux résolutions implacables qu’ils lui faisaient subir. Nous devons remercier Allah le Tout-Puissant de nous avoir évité une telle tragique fin !
- A votre avis, le président Ghazwani doit-il fonder son propre parti ou s’approprier l’UPR et, donc, sa majorité à l’Assemblée nationale?
- Tout d’abord, le président n’a pas besoin, pour gouverner ou obtenir une majorité au parlement, de s’approprier l’UPR qui ne représente plus qu’une coquille vide. Un parti sans direction ni directives ne peut aider le Président en quoi que ça soit, celui-là a perdu toute crédibilité, depuis qu’il s’est attribué, de la façon la plus insolente et ridicule, l’effectif de 1.150.000 adhérents, alors que le nombre de ses électeurs, toutes manipulations confondues, n’atteint pas le tiers de ce chiffre frauduleux. A mon avis, un parti politique doit être bâti sur des bases morales, avant de chercher à gagner à tout prix.
Si le président veut reprendre l’UPR, autant faire nettoyer les écuries d’Augias. Le plus simple serait de susciter la fondation d’un ou deux nouveaux partis de la majorité, sur des bases saines, et favoriser leur émulation dans une compétition loyale. Le Président peut ne pas s’imbriquer en ces jeux politiques, plutôt les maintenir à distance, afin de ne pas perdre son temps et sa concentration : il a des engagements qui ne peuvent attendre.
- Que vous inspire ce qui se passe ces derniers temps à l’UFP ?
- Tout d’abord, je suis vraiment peiné de voir des amis, anciens camarades de l’UFD et dirigeants de l’UFP se donner publiquement des coups. Ces amis, Mohamed Maouloud, Gourmo Lo, Moustapha Bédredine, Kadiata Malick Diallo et autres forment une élite de militants qui a contribué, en se sacrifiant, à l’avènement de la démocratie dans notre pays. Ils méritent tous le respect. Nous nous devons de les supplier de régler leurs problèmes comme ils l’ont toujours fait : par le dialogue ; et éviter l’irréparable ; car ni eux, ni nous, ni notre classe politique n’y gagnera. L’unité et la force de l’UFP constituent et ont toujours constitué un rempart contre les dérives antidémocratiques dans notre pays.
De grâce, revenez à votre sagesse, ce n’est pas le moment de jeter l’éponge !
- Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui motivent les querelles de tendances qui minent Sursaut, votre parti ?
- Juste après mon élection à l’Assemblée nationale, en 2014, sous les couleurs de ce parti, j’ai eu à arbitrer un conflit, entre la présidente madame Lalla Chriv et son bureau exécutif
qui l’avait d’ailleurs débarquée, par une résolution prise à la majorité. Sur mon insistance, appuyé par mes deux collègues députés Breihem et Yarba, les putschistes acceptèrent de surseoir à leur action, moyennant un accord entre les parties. Suivant cet accord, un congrès devait se tenir et le parti être géré de façon collégiale. Mais la présidente n’a pas hésité, malgré son engagement à respecter le deal, la semaine suivante et de manière illégale, à débarquer à son tour les membres frondeurs. Comprenant alors que j’avais affaire à une arène où tous les coups étaient permis, je me suis éloigné petit à petit de ce monde irrationnel. Finalement, j’ai reçu, à mon tour, le coup imparable de la trahison : en 2018, ma place a été tout simplement négociée, contre je ne sais quoi, avec la complicité du ministère de l’Intérieur qui a, malgré une décision de justice, débloqué 50.000.000 MRO indus au profit du parti qui n’existait plus.
En conclusion, Sursaut, qui avait pu récolter quatre députés, seize maires et deux cent quatre-vingt-trois conseillers municipaux, en 2014, ne compte, aujourd’hui, désormais plus que deux députés, zéro maire et zéro conseiller. Il tombera certainement sous le coup de la loi, après les prochaines élections et sera radié, parce que ce n’est que la chose de la présidente, un legs en sorte, comme c’est malheureusement le cas de la majorité de nos partis politiques.
Propos recueillis par Dalay Lam