Kosmos a maintenu sa décision de cessation de 10% de ses parts dans le projet pétrolier Ahmeyim-Grand Tortue entre le Sénégal et la Mauritanie. Dans un communiqué publié ce lundi et annonçant ses résultats du second trimestre de l'année, l'explorateur pétrolier et gazier Kosmos Energy affirme en effet avoir accepté de céder d'ici la fin de l'année sa participation dans des projets au large des côtes mauritaniennes et sénégalaises. Dans ce projet -des ressources totales en gaz estimées à environ 15 000 milliards de pieds de cubes- à développer en partenariat avec la compagnie pétrolière British Petroleum (BP), la société Kosmos est détentrice de 30% de la part sénégalaise et 28% de la part mauritanienne. La société se dit satisfaite de l'Etat d'avancement du projet alors qu'au Sénégal plus de 13 entités politiques et de la société civile continuent de se mobiliser pour réclamer la révision des contrats pétroliers et gaziers. Des contrats sur les deux blocs Saint-Louis et Cayar offshore dont les conditions d'attribution douteuses ont été révélées par une enquête de la BBC en juin dernier. Loin de ce scandale, Kosmos Energy reste optimiste.
Résultats satisfaisants
«Le processus annoncé précédemment de vente à 10% de la participation de Kosmos dans la région élargie Mauritanie-Sénégal est en cours et vise une annonce de transaction d'ici la fin de l'année», a déclaré Kosmos lors de la présentation des résultats du deuxième trimestre.
Komos fait également état d'avancées significatives dans toutes les zones du projet. En juillet, la société a aussi annoncé la découverte de réserves supplémentaires de gaz de haute qualité dans la zone de développement de Grand Tortue Ahmeyim (GTA-1). Ainsi, les ressources en gaz de GTA-1 continuent d'accroître et pourraient conduire à une expansion supplémentaire du projet, souligne le texte publié par la compagnie pétrolière et gazière.
Le champ GTA, au large de Saint-Louis, à cheval sur la frontière sénégalo-mauritanienne, contiendrait entre 15 et 50 trillions de pieds cubes (tcf) de gaz naturel. En décembre, BP et ses partenaires avaient donné le feu vert au développement du projet gazier qui devrait entrer en production en 2022. Tout s'est déroulé comme prévu jusqu'au 2 juin dernier, lorsque la chaîne BBC diffuse un reportage sur les conditions douteuses d'attribution des blocs pétroliers impliquant le frère du président Sénégalais, Aliou Sall.
Soupçon de corruption impliquant BP, Petro-Tim et Aliou Sall
Le documentaire qui dure près d'une demi-heure revient sur les conditions controversées de signature du contrat pétrolier établi au cours de l'année 2012 entre le Sénégal et Franck Timis, un homme d'affaires Roumano-australien. La compagnie pétrolière British Petroleum (BP) -partenaire du groupe Kosmos dans ce projet- aurait accepté de verser quelque 10 milliards de dollars de royalties à Timis. Selon les journalistes de BBC, lors de la rétrocession de ses deux concessions pétrolières et gazières au groupe BP, Timis a obtenu 250 millions de dollars, mais il devrait toucher près de 10 milliards de dollars sur une période de quatre décennies. Des sommes gagnées sur le dos du contribuable sénégalais avec l'appui du frère du président Sall, selon BBC.
Juste après l'élection de Macky Sall à la tête du Sénégal en 2012, son frère a été recruté comme consultant, puis directeur général de Petro-Tim Sénégal. Le reportage de la chaîné britannique met en exergue les conditions opaques de l'accord sur les hydrocarbures et accuse Aliou Sall d'avoir touché «des pots-de-vin» de 250 000 dollars lors de la cession de ces blocs détenus par Frank Timis à British Petroleum. Des accusations formellement niées par Aliou Sall qui, sous la pression de la rue, finira par démissionner de son poste de directeur général de la Caisse de dépôt et de consignation du Sénégal.
Pour une révision des contrats pétroliers et gaziers au Sénégal
Pour l'heure, aucune des parties accusées n'a été inquiétée par la justice sénégalaise. Face à la pression de la rue, la division des investigations criminelles (DIC) a néanmoins consenti à envoyer des réquisitions à une dizaine de banques sénégalaises pour étudier les comptes du frère du président Sal l et a lancé un appel à témoin pour «tirer l'affaire au claire». Une initiative jugée insuffisante par l'opposition sénégalaise et la société civile qui réclament toujours une enquête indépendante sur les conditions d'attribution de deux blocs pétroliers et gaziers offshore gérés par BP.
Depuis l'éclatement de l'affaire, les fins de semaine au Sénégal sont régulièrement ponctuées de manifestations organisées par des membres de la société civile et de l'opposition où les manifestants arborent des T-shirts et banderoles réclamant leur 400 000 Fcfa, soit 681 dollars pour chaque sénégalais. Cette somme équivaut à la part de chaque citoyen sur le montant supposé détourné dans cette affaire de corruption.
source afrique.latribune.fr