L'Ecole Supérieure Polytechnique de Nouakchott (ESP) est l'ancienne Ecole Polytechnique mise en place par le Ministère de la Défense et qui a absorbé, il y a deux ans, l'Ecole de Mines de Mauritanie (EMiM) et l'Ecole des Métiers du Génie Civil d'Aleg.
L'ESP abrite aussi l'Institut Préparatoire aux Grandes Ecoles d'Ingénieurs (IPGEI), voie d'excellence pour accéder aux études d'ingénieurs. L'IPGEI sélectionne les meilleurs lauréats du baccalauréat de Mathématiques (Bac "C") et en compose des classes de Math-Physique (MP et MP*) et Math-Physique et Sciences de l'Ingénieur (MPSI). Ces élèves sont destinés à se présenter aux concours des écoles d'ingénieurs mauritaniennes (ESP), marocaines, tunisiennes mais aussi françaises les plus cotées. La préparation au sein de l'IPGEI dure de deux ans (appelés "3/2") à trois ans (appelés "5/2").
Cette année, l'IPGEI a présenté sa première promotion aux concours d'entrée en écoles d'ingénieurs françaises (notamment le Concours Communs Polytechniques, CCP) où 9 élèves ont été admissibles à passer les oraux après avoir réussi les épreuves écrites. Pour une première expérience, ce résultat est plus qu'honorable. Mais ce fut sans compter avec l'épreuve la plus redoutable, la plus pernicieuse, la plus difficile à préparer et qui porte deux noms: "bureaucratie et médiocrité".
Le 4 juillet 2017, apparait sur le site du CCP la liste suivante de 9 candidats admissibles.
Deux candidats parmi les neufs admissibles, choisissent de ne pas passer ces oraux et de confirmer leur admission dans d'autres écoles qui les ont acceptés sans oraux (Ecole d'actuariat). Ils libèrent par cette acceptation deux horaires de passage aux oraux des CCP.
Pour les 7 autres élèves, commencent la période (trop courte) de préparation aux oraux mais surtout de constitution du dossier de demande de visa pour la France. Ils réussissent, bon an mal an, à réunir toutes les pièces demandées sauf la réservation du vol Nouakchott-Paris, dont devait se charger l'Administration (Direction de l'ESP, Ministère...?).
Pour les 3 candidats convoqués pour le 13/07/2017, une réservation fut obtenue le 7 juillet suivie de rendez-vous à l'ambassade de France pour le retrait des visas fixé pour le 11/07. Mais, à leur arrivée le 11/07, ils découvrirent que les visas ne sont pas prêts! L'Administration finit par obtenir de la direction des CCP de reculer les dates de leurs passages aux oraux en récupérant les créneaux des deux candidats admissibles qui avaient choisi d'intégrer l'Ecole d'Actuariat. Deux candidats sur les trois finissent donc par décoller vers Paris pour passer les fameux oraux. Le troisième restera sur le bord de la route, éliminé pour non présentation à l'épreuve des TIPE (Travaux d'Initiative Personnelle Encadré) et pour non obtention de visa!
Sur le groupe des 9 premiers candidats admissibles aux Concours Communs Polytechniques (CCP), ils restent 4 élèves stressés à mort par l'approche des oraux et empêtrés dans des démarches bureaucratiques que l'Administration auraient dû anticiper et prendre en charge.
Les quatre rescapés finirent par avoir une réservation pour le vol Nouakchott-Paris le 10 juillet. L'un d'entre eux obtient un rendez-vous le 13 juillet pour récupérer son visa. Pour les trois autres, les rendez-vous étaient fixés pour le 17/07.
L'un des candidats dont la date de passage était prévue le 18/07 se présentant le 13/07 à l'ambassade de France pour retirer son visa, se vit signifier que ce dernier n'est pas encore prêt et qu'il devait revenir...le mardi 18 juillet, jour de son oral à Paris, pour le retirer! Pris de panique, il remua ciel et terre pour faire repousser sa date de passage et obtint qu'un nouveau créneau lui soit attribué le 20 juillet. Mais, arrivé le 18/07, l'ambassade lui signifia que son visa est "toujours à l'étude"! Les 3 autres camarades reçurent une réponse similaire. Tous les 4 seront éliminés pour non présentation aux oraux.
Renseignements pris sur les raisons de tous ces blocages, les malheureux candidats découvrirent que leur billet d'avion et leur frais d'hébergement ont été annulés par l'administration.
Ainsi, l'histoire retiendra que la première promotion des Classes Préparatoire de l'ESP de Nouakchott fut sacrifiée par une combinaison implacable de bureaucratie et de médiocrité sans précédent. Cinq candidats sur les sept qui ont eu le mérite de réussir des écrits très difficiles et qu'ils ont préparés pendant deux ans, ont été éliminés parce qu'empêchés de se rendre sur le lieux de l'oral.
Mohamed BABA
Professeur
source lecalame.info