Il faut comprendre que les grands lâches de l'humanité se contentent toujours de squatter les sentiers déchiffrés, puis laissés derrière eux, par les martyrs et les héros.
Il faut savoir que les perfides de la démocratie mauritanienne sont en train d'écrire, par l'encre sombre de leurs vomissures, des simulacres d'histoire et des épopées truquées et tronquées. Ils sont devenus les apôtres du mensonge après avoir prêché la vérité parmi les saints. Ainsi va le monde, la vérité a souvent été utilisée par les imposteurs comme simple appât pour happer les esprits simples. Mais, il faut être convaincu que la vérité ne meurt jamais. Il lui arrive de souffrir, il lui arrive même de chanceler, mais elle ne meurt jamais.
Il faut comprendre que sur les cendres du mensonge, la vérité finit toujours par retrouver sa vitalité. Que sur la tombe des grands charlatans germent toujours les plantes qui nourriront plus tard les guerriers de l'humanité.
Il faut être persuadé qu'un peuple a besoin parfois d'être trompé et manipulé avant de comprendre la grande distance entre la sagesse et l'imposture. Il n'y a pas de doute que ce qui se passe présentement dans notre pays est le règne de l'imposture : un clan s'est emparé de la république et des consciences pour devenir sa propre instance d'approbation et de censure.
La démocratie est suspendue par le régime et ses souteneurs sous le prétexte que les contestataires sont des fossoyeurs de la république ou des pillards. Leur volonté est devenue la loi par laquelle ils jugent leurs adversaires, leur majorité est le critère d'appréciation du bien et du mal. Tel Manès, ils divisent le peuple en deux camps : ceux qui sont avec eux et qui sont les bons et ceux qui refusent et qui portent le nom du MAL. Mais les hommes épris de courage et dignité n'ont jamais accepté de mettre leur liberté en péril pour simplement sauver leur vie ou leur confort personnel.
Il faut refuser de tomber dans le piège d'un piétisme démocratique : «j'ai foi en la démocratie», «j'ai confiance en la justice de mon pays», «j'ai foi en l'autorité de la loi». De tels raisonnements n'ont jamais changé le cours de l'histoire, ce sont plutôt des attitudes collaboratrices à l'entreprise du mal.
Il faut refuser aussi de tomber dans le lyrisme historique consistant à penser que c'est l'époque qui fait les évènements et les hommes.
Aujourd’hui, l’entité de base s’est restreinte à la famille. Défendre son nid et pas celui de son voisin est devenu le nouveau patriotisme. A la rigueur, les populations veulent bien l’étendre à la région qu’ils habitent, mais plus loin, on se méfie. L’éducation est peut-être à la base de ce revirement protecteur avec la vie qui a pris plus de prix que les idéaux. Avancer que ce serait l’égoïsme, le "chacun pour soi" pour l’expliquer serait impropre. La vie, seule, a plus d’importance.
Mais la patrie est avant tout une valeur. Avec la Révolution, la patrie devient un idéal rattaché à la liberté, au bonheur, à la démocratie. Aimer son pays, c’est reconnaître un héritage physique, culturel et spirituel qui mérite qu’on le défende et c’est aussi se savoir responsable de ce qu’on léguera aux générations futures. Le patriotisme est une solidarité qui transcende les catégories sociales, les couleurs de peau et les affiliations religieuses ou politiques, dans la conscience d’une communauté de destin. Or, ce renouveau patriotique qui unit aujourd’hui le peuple ne durera pas s’il n’est pas consolidé et entretenu. Le bien commun à défendre n’est pas un peuple, un territoire, une culture, mais une valeur unique, la fraternité.
Mariame KANE
Reçu à Kassataya le 14 octobre 2017)
source kassataya.com