En effet, il est constaté :
o une répartition spatio-temporelle des pluies au niveau de toutes les wilayas du pays avec un important déficit : 52% des stations suivies sont déficitaires par rapport à l’année dernière et 39% par rapport à la normale (1981-2010) ;
o un taux de remplissage des barrages et des cuvettes à majorité faible à moyen, qui pourrait conduire à une baisse des superficies exploitées en bas-fond;
o des longues pauses pluviométriques entrainant une mauvaise croissance des pâturages qui, dans l’ensemble, peu développés et hétérogènes suivant les wilayas;
o une forte pression animale déjà constatée dans les zones relativement bien fournies en pâturages risquant ainsi de limiter leur durée d’exploitation;
o des difficultés d’abreuvement du cheptel, par endroits, à cause du tarissement rapide des marres;
Sur le plan de la nutrition, les résultats de SMART d’août 2017 avaient déjà montré que la situation nutritionnelle était préoccupante. La moyenne nationale du taux de MAG restait à 10.9 %. Il ressortait que 06 Wilayas étaient en situation d’urgence (MAG >15 et/ou MAS >2%): Hodh Echarghi; Hodh El Gharbi; Assaba; Gorgol; Brakna; Guidimagha), 02 Wilayas en situation d’alerte (MAG comprise entre 10 et 15%): Tagant; Trarza et 04 Wilayas en situation précaire (MAG comprise entre 5 et 10%): Adrar; Inchiri; Traraz; Nouakchott ;
Du point de vue sécurité alimentaire, les résultats de l’enquête FSMS (enquête de suivi de la sécurité alimentaire des ménages) d’août 2017 faisaient ressortir que de la population en insécurité alimentaire avait connu une légère hausse par rapport à la même période des trois dernières années.
Par ailleurs, les prévisions des productions agricoles pour l’année 2017-2018 font état d’une production brute de 290.598 tonnes toutes spéculations confondues contre 333.936tonnes pour la moyenne des 5 dernières années et 306.448tonnes en 2016-2017, soit respectivement une baisse de 13 % et 5 %.
La situation décrite est bien corrobore avec les résultats consensuels du Cadre Harmonisé d’Identification des Zones à Risque et des Personnes en Insécurité Alimentaire élaboré en novembre 2017. Déjà dans la période d’Octobre-Décembre 2017, 378.000 personnes étaient en situation de «sous pression» (Phase 2 de l’IPC et 602.000 personnes attendues en situation «crise et d’urgence» (phase 3 et 4 de l’IPC) pour la période projetée de juin à août 2018 (soit lors du pic de la période de soudure à venir).
Au regard de la détérioration significative de la situation alimentaire et nutritionnelle consécutive aux avatars agro climatologiques cités ci-haut, Nous Organisations de la Société Civile actives dans les domaines de la Sécurité alimentaire et nutritionnelle, et signataires de cette déclaration :
Nous nous félicitons de la pro activité des Autorités nationales qui ont volé très tôt au secours des éleveurs en prenant l´Arrêté N° 0825 du 28 Septembre 2017 portant création d’un Comité Technique Interministériel chargé du Programme d’Assistance au Cheptel.
Manifestons notre inquiétude face à cette situation qui mérite une intervention urgente de la part des détenteurs d´obligation (Etat, partenaires, PTFs…);
Attirons particulièrement l´attention des pouvoirs publics sur les conséquences directes de cette soudure qui a commencé plus tôt que d’habitude et ce depuis fin décembre dans plusieurs zones agropastorales plongeant ainsi nos populations dans une grande inquiétude.
Exhortons les Autorités et partenaires à prendre les mesures rapides pour atténuer les conséquences de cette situation sur nos populations rurales et ce à travers:
- l´opérationnalisation d´un système d´alerte précoce (SAP) qui couvre toutes les Moughataas du pays permettant d’apprécier en temps approprié les situations alimentaires et nutritionnels aux fins de prises de décisions contribuant à anticiper sur des chocs aux conséquences négatives tant sur les populations que les animaux.
- l´organisation du système de référence (CRENIS, CRENAS,CRENAM) pour une meilleure prise en charge des enfants malnutris;
- l´appui aux personnes vulnérables par le biais d’actions multiples à effets immédiats tels que:
La distribution de vivres y compris des produits nutritionnels pour les enfants, les femmes enceintes et allaitantes,
Le renforcement des programmes de transferts monétaires bien ciblés visant les ménages en insécurité alimentaire ;
Le renforcement de la résilience à travers la création des activités génératrices de revenus et d´emplois pour les populations vulnérables en particuliers les femmes et les jeunes;
Et le développement des assistances conditionnelles à savoir les activités à Hautes Intensité de Main d´Œuvre (HIMO).
Recommandons la mise en place d’une coordination Globale et inclusive de tous les acteurs travaillant dans les domaines de la Sécurité Alimentaire et nutritionnelle afin d’endiguer les conséquences qui peuvent découler de cette situation exceptionnelle.
Cheikh Aidara
source aidara.mondoblog.org