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Programme national de déminage: mission humanitaire et bilan de développement

Mardi 10 Avril 2018 - 06:56

La Mauritanie a créé depuis plusieurs années un ambitieux Programme National de Déminage Humanitaire et de Développement (PNDHD), relevant du ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation, chargé de superviser et de coordonner avec tous les organismes nationaux et internationaux concernés, la lutte contre les mines antipersonnelles et la sensibilisation sur leur gravité ainsi que de l’assistance aux victimes, à travers leur insertion dans la vie active, en les rééduquant physiquement et en mettant à leur disposition des Activités Génératrices de Revenus (AGR).

« Le programme vise à assurer la sécurité des citoyens, à protéger leurs biens et à consacrer la souveraineté de l'État sur son territoire ainsi qu’à soutenir l'activité économique, surtout avec l’intérêt croissant accordé aux mines et à leur exploitation dans les zones minées, afin de réduire les accidents qui en résultent dans les wilayas affectée », a affirmé à l’AMI le Coordonnateur du Programme, le Colonel Ali Mohamed Hacen Ould Menane.

« Il s’agit également pour le programme de soutenir les engagements de la Mauritanie relatifs aux conventions internationales sur le déminage, en vertu desquelles, le pays est tenu de détruire les mines antipersonnelles à l'horizon de 2021 », a-t-il ajouté.

« Le programme vise aussi à accélérer le rythme de déminage pour promouvoir l'activité économique, améliorer la sécurité des habitants et sensibiliser les populations des zones à risque, en particulier les nomades et les éleveurs, sur les dangers des mines, en plus de l’insertion de toutes les personnes handicapées à la suite d’explosions de mines antipersonnelles dans la vie économique et social dans les zones touchées », a-t-il ajouté.

« Ce programme humanitaire a mené à bien certaines parties de sa mission et réalisé des acquis, dont les retombées positives sont significatives. C’est ainsi qu’il a eu des impacts appréciables sur les victimes d’une part et contribué à impulser la locomotive de développement dans les zones restées, jusqu’à une date récente, inaccessibles à l’homme en raison de la prolifération des mines, qui ont tué jusqu’à présent, selon les statistiques du programme, 349 personnes, blessé et invalidé plus de 247 autres, d’autre part », a-t-il poursuivi.

« Les mines antipersonnel ont détruit également 36 véhicules, tué des milliers de chameaux, en plus de leur impact négatif sur l'ensemble des activités de développement dans les zones du Nord, connues par leurs prometteuses ressources minières et économiques », a dit le Colonel.

« Afin de gérer la situation complexe de certaines mines, en majorité dans les zones du Nord, le programme a élaboré, en septembre 2006, la première étude technique sur l'impact économique des mines sur les localités concernées, avec aussi comme entre autres objectifs, la détermination de l’étendue de ces mines et de leurs impacts sociaux et économiques, en particulier dans les zones rurales et urbaines des wilayas de Dakhlet-Nouadhibou et du Tiris Zemmour et, avec un degré moindre, dans la wilaya de l'Adrar », a ajouté le Coordinateur du programme.

« Cette étude qui a été adoptée est devenue un rapport final des Nations Unies en juillet 2007, puisque 177 communautés dans les zones cibles, dont 60 ont été directement touchées par diverses sortes de mines antipersonnelles enfouies de 1975 et 1978, ont été visitées », a-t-il dit.

« 3 groupes ont été touchés de manière significative par des mines, 23 autres moins et 34 autres légèrement, comparativement aux précédents, selon l’étude, d’où l’importance du travail de terrain mené par le programme qui a nettoyé jusqu’à présent 13 km2, représentant 98% des zones connues et suspectées de contenir des mines antipersonnelles, à travers l’organisation de plusieurs opérations de déminage dans les zones ciblées », a-t-il indiqué.

« Le programme a organisé par ailleurs, en collaboration avec la société civile, une série d’opérations de sensibilisation sur la gravité des mines dans toutes les zones touchées et publié un guide de sensibilisation pour les touristes qui se rendent dans les zones affectées, en plus de l’installation de pancartes de signalisation dans zones à risque », a dit le Coordinateur.
« Le programme assure actuellement, en partenariat avec le centre national de rééducation, la prise en charge sanitaire à 55 victimes et inséré 75 autres victimes dans la vie active, à travers le financement d’AGR », a-t-il ajouté.

« Pour ce qui est du volet relatif à la coordination du programme avec tous les acteurs dans le cadre de la mise en œuvre du Traité d'Ottawa, en particulier en ce qui concerne le déminage et la sensibilisation sur leur gravité, le programme a obtenu un appui, lui permettant d’exécuter certaines de ses activités, de bailleurs internationaux dont les Etats-Unis d'Amérique, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Norvège, l’Italie et la Suède ; mais ces fonds, rapportés à l’ampleur du travail nécessaire à mener sur le terrain dans ce domaine demeurent insuffisants », a-t-il conclu.

Par Sidi Ould Amar
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