Le roi Mohammed VI a nommé Hamid Chabar nouvel ambassadeur en Mauritanie. Le poste était vacant depuis le décès, le 21 décembre, de feu Abderrahmane Benomar.
A l’instar de son prédécesseur, Chabar est un haut cadre du ministère de l’Intérieur qui maîtrise le dossier du Sahara occidental grâce à sa désignation, sous l’ère Driss Basri, en tant que conseiller chargé du suivi des relations avec les Nations unies, puis sa promotion en 2001 au rang de gouverneur chargé de coordonner avec la Minurso. Chabar a également défendu la marocanité du Sahara à l’ONU et a été gouverneur de la région Laâyoune-Smara.
La balle est dans le camp de Mohamed Ould Abdel Aziz
En procédant à une telle nomination, le royaume met la pression sur le régime de Ould Abdel Aziz, appelé à faire un geste en direction de son voisin du Nord, d’autant que la représentation diplomatique mauritanienne à Rabat est sans ambassadeur depuis 2012.
Les deux pays avaient convenu, lors de la visite d’Abdelilah Benkirane et Nasser Bourita à Zouirate, de normaliser leurs relations et de les inscrire dans une nouvelle perspective prometteuse.
Sauf que depuis, le réchauffement tant promis tarde à se concrétiser sur le terrain. C’est dire les difficultés qui attendent Chabar à Nouakchott, surtout face à un interlocuteur versatile qui exige d’être traité d’une manière particulière. Sans oublier que l’homme fort en Mauritanie est plutôt satisfait du contexte actuel.
Dans une interview accordée en avril à RFI, il a reconnu que son pays «n’a pas d’ambassadeur [à Rabat] mais [qu’il a] un chargé d’affaires. Nous avons une ambassade ouverte. Les relations sont relativement bonnes».
La France de Macron œuvrera-t-elle pour un rapprochement ?
Seulement, entre avril et juin, le contexte international a nettement évolué. Paris, principal acteur politique et militaire dans la région maghrébo-sahélienne, a un nouveau président qui a réservé sa première sortie hors Europe à la base française de Gao au Mali. Tout un symbole.
En plus de ce déplacement, Emmanuel Macron souhaite accélérer l’installation de la force militaire du Groupe 5 au Sahel. La semaine dernière, il a arraché du Conseil de sécurité l'autorisation d'envoyer une force composée de 5 000 hommes dans la région.
La main tendue par le président français au Maroc pour contribuer à la «stabilisation du Sahel» devrait par ailleurs interpeller Mohamed Ould Abdel Aziz pour réviser sa politique marocaine, afin qu’elle soit conforme avec les projets de son premier partenaire économique et politique. La nomination d’un ambassadeur mauritanien à Rabat serait une réponse positive de sa part à l’ordre qui est en train de se dessiner au Sahel.