L’école mauritanienne actuelle n’est pas du goût des Mauritaniens. Malmenée par des réformes qui ne finissent pas de finir, elle ne joue plus son rôle et participe plus à la crétinisation des nos enfants qu’à l’édification du pays. Après plus d’un demi siècle, le système éducatif, ou ce qui en tient piteusement lieu, n’est autre que la synthèse de l’échec de toute une Nation à trouver sa voie depuis les premières années de l’indépendance.. Autrement dit, ce qu’elle est ou ce qu’elle voudrait être ou devenir. D’où l’enjeu primordial qui entoure l’éducation en ce début d’année scalaire 2017- 2018.
Au lieu d’être un creuset pour forger l’homme mauritanien, le « construire », l’éduquer » pour sa Nation avant de penser à sa « petite personne », l’éducation a été prise en otage par le dogmatisme des idéologues. Au lieu d’être un instrument pour forger l’esprit patriotique orienté vers l’acquisition des outils scientifiques nécessaires à l’épanouissement et au développement de la Mauritanie, l’école est devenue ces dernières années, ce fossé béant qui divise la Mauritanie et fabrique deux peuples dans une même patrie.
Le crime de notre école est donc-là : avoir créé deux citoyens pour un même pays. Deux citoyens qui se côtoient sans se connaître ; qui cohabitent sans communiquer, chacune des catégories versée dans un courant « éducatif » qui ne fait que l’éloigner de l’autre…
Aujourd’hui, les experts et pédagogues sincères doivent d’abord imposer la dépolitisation de l’opération éducative en Mauritanie. La prétendue identité nationale, expression cachant un chauvinisme rampant, ne doit pas instrumentaliser notre école. L’identité, si elle est tant nécessaire, se forge à la maison dans le cadre de l’éducation familiale. L’école est le creuset du savoir, l’antre de la découverte et le symbole de l’objectivité, de la neutralité et de l’amour de l’effort. Elle n’aurait jamais dû être départie de ce rôle.
Face à l’échec de l’éducation consacré entre autres par le faible niveau des enseignés et les piteux résultats obtenus ces derniers temps au baccalauréat et à l’université, l’urgence est donc de réhabiliter l’école mauritanienne. Une école pour tous, qui ne soit pas l’instrument idéologique d’un groupe, d’une ethnie ou d’un courant idéologique. Il faut bien le dire, les Mauritaniens dans leur ensemble, aspirent à une école qui unit, instruit, rapproche et forme. Pas une école qui « alphabétise », qui « sélectionne » et jette des milliers de jeunes dans la rue, car mal formés.
L’école mauritanienne est aussi minée par les néfastes mesures de privatisation du secteur. Elle n’est pas et ne sera jamais une boutique. A l’Etat de dissoudre les structures éducatives nées du simple fait de la quête des fonds. Il faut que l’école cesse d’être une expression insultante pour riches et pour pauvres. Nos enfants doivent pouvoir fréquenter les mêmes écoles et subir la même instruction qui respecte nos spécificités et prend toute notre dimension culturelle riche et variée, en considération. Sans exagération, ni complexe ! Malheureusement, avec la politique éducative nouvelle qui a initié notamment des écoles d’Excellence et des Prytanées militaires au profit d’enfants « ciblés » privilégiés du fait de leur naissance, on est loin de cet idéal de justice, d’équité et surtout de respect pour son peuple.
L’école mauritanienne est malade. Malade des régimes politiques du pays, des réformes de l’éducation, des cadres des Départements publics qui l’ont en charge, de son administration, voire de ses professeurs. Ainsi dressée, il ne formera que des cancres. Malheureusement pour nos enfants et pour le pays.