Par Maître Takioullah Eidda, avocat (Montréal, Canada)
L’Assemblée nationale mauritanienne vient de voter, le 9 juin 2017, une loi où il est stipulé à son article 10:
"quiconque encourage un discours incendiaire contre le rite officiel de la République islamique de Mauritanie est puni d’un (1) an à cinq (5) ans d’emprisonnement".
Mais alors quel est le «rite officiel» adopté par la République Islamique de Mauritanie et en vertu de qu’elle norme juridique l’État mauritanien peut-il imposer un choix ou officialiser un rite plutôt qu’un autre?
Dans ce cas de figure, il faut se tourner vers la loi fondamentale du pays.
Or, la Constitution actuelle de la Mauritanie ne définit AUCUN rite à suivre. Pas plus qu’elle ne donne d’indication quelconque à cet égard.
Laissés à eux-mêmes, certains dirons: «sunnite». D'autres, plus mercantiles, diront «wahabite». Quant à ceux à tendance plus sanguinaire, diront «salafiste». Tous ces rites sont praticables dans un «État islamique», à moins que la Constitution n’en donne, en termes clairs, une préséance à «un» au détriment des autres, ce que notre Constitution ne fait pas!
En effet, selon la Constitution en vigueur aujourd’hui dans notre pays, vague et laconique soit-elle, "La Mauritanie est une République Islamique" (article 1); et, "l'islam est la religion du peuple et de l'État" (article 2). Sans plus!
La logique juridique derrière ces dispositions est que chaque "MUSULMAN" en Mauritanie a le droit de suivre le rite qui lui convient, en autant qu’il reste à l’intérieur des paramètres de «l’ISLAM» de «Oumetu Mohamed (ASWS)».
Par conséquent, toute «définition», «hiérarchisation» ou «restriction» du rite en Mauritanie est manifestement anticonstitutionnelle et NULLE de nullité absolue.
source alakhbar.info