La crise du Golfe, dont les dégâts collatéraux ont engendré la rupture des relations diplomatiques entre Nouakchott et Doha, continue à animer les débats et suscite des torrents de commentaires dans la presse, sur les réseaux sociaux et à l’intérieur des salons de Nouakchott.
Des commentaires dont les autorités de Nouakchott s’accommodent «sportivement». A titre d’exemple, on peut citer cet éditorial de l’hebdomadaire Le Calame qui note que «le Maroc, allié stratégique de l’Arabie saoudite, qui y investit des milliards de dollars, ne devrait, normalement, rien lui refuser. Le royaume a pourtant décidé de ne pas verser dans les déclarations publiques et les prises de position hâtives, qui ne font que renforcer la discorde et les divergences», référence à un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères et de la coopération.
Il s’agit là «d‘une position qui aurait dû être celle tout Etat doté d’un peu de bon sens», poursuit l’éditorialiste
Le journal rappelle alors l’âge d’or de la diplomatie mauritanienne sous le magistère de maître Moctar Ould Dah et la férule de Hamdi Ould Mounass, et se demande «ce que l’histoire retiendra du règne azizien? Les coups de tête? Les fanfaronnades? Les trahisons? Les coups bas?»
Mais dans la perception des autorités de Nouakchott, le discours le plus dérangeant ne viendrait pas des médias et des hommes politiques, notamment des sénateurs, mais des prêches enflammés des imams.
Illustration avec le cas de l’imam de la mosquée Al Ihsane de Teyarett (banlieue nord de Nouakchott), Mohamed Moctar Ould Sid’Ahmed qui eut le courage «de dénoncer le siège du Qatar par les pays du Golfe».
Sur ordre manifestement venu d’en "haut", il fût illico presto convoqué par le commissaire de police de la commune «qui le mit en garde contre la politisation de la mosquée et de son office religieux», selon la presse locale.
Un épisode démenti par Mohamed Lemine Cheikh, porte-parole du gouvernement, dans une sortie médiatique dont l’objectif est de montrer que les autorités ne nourrissent aucune volonté de contrôler les prêches hebdomadaires. Toutefois, la sortie du ministre a été démentie par des faits. En effet, selon des informations, l'imam Moctar Ould Ahmed Ahmed a subi «d’autres représailles, son nom ayant été supprimé de la liste des imams agréés par le ministère des Affaires religieuses».
Une chose est sûre, cette rupture des relations diplomatiques avec le Qatar est très loin de faire l'unanimité en Mauritanie. Le nombre de mécontents risque d'augmenter. Outre le fait que de nombreuses mosquées bénéficient des soutiens financiers du Qatar, les retombées des premières sanctions qataries contre le pays risquent d'accroître le rang des opposants à cette surprenante rupture diplomatique.
cheikh sidya
source afrique.le360.ma
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