Mah, comme l’appellent affectueusement les habitants de NDiago, est infirmière d’état à la retraite, adjointe au maire de NDiago et personnage incontournable dans le département de Keur Macène. C’est à elle que s’adressent d’abord les femmes des villages environnants pour des problèmes de grossesse ou de couche. Quand les choses se compliquent, vu l’absence d’équipements et de moyens médicaux, elle les réfère soit au chef-lieu de la commune ou à Keur Macène. Son poste de santé, fermé depuis des lustres, attend toujours d’être fonctionnel. Les images de son poste de santé en disent long sur la politique en matière de santé en milieu rural.
Elle a reçu depuis deux années des ballots de moustiquaires, don d’une ONG nationale relais d’une ONG internationale. «Je ne peux pas procéder à la distribution, car le nombre est insuffisant pour tous les habitants et je ne tiens pas à faire de jaloux » déclare-t-elle. Alors, elle attend depuis qu’on lui fournisse le complément qu’on continue de lui promettre année après année.
Il y a quelques années, elle a été flouée et les habitants des villages avoisinants avec. Une ancienne ministre convertie dans la société civile, l’avait entraînée dans un projet de plantations de mangrove qui a fini en queue de poisson. Un Marocain a tenté de reprendre le projet, mais là aussi, les choses ont foiré, car Mah est connue pour sa fermeté, sa rigueur et son intransigeance quant à la transparence.
Mah Mint Alioune est l’image de la hartaniya qui ne fait plus de son appartenance sociale, un sujet de discussion. L’esclavage selon elle est une histoire ancienne dans le département de Keur Macène. Ou tout au moins, dans la commune de NDiago. N’empêche, une certaine discrimination continue encore de peser sur tous ces villages harratines, dépourvus de tout.
Cheikh Aïdara
source aidara.mondoblog.org
Enquête réalisée dans le cadre du Projet «Liberté, Droits et Justice : combattre l’esclavage par ascendance en Mauritanie » exécuté par SOS Esclaves, ONG des droits de l’homme créée en 1995 reconnue en 2005, financé par le Département d’Etat des Etats-Unis