La Mauritanie et le Maroc observaient, jusqu’à lundi dernier, un silence officiel sur l’information, très fortement relayée par la presse nationale et reprise en écho par beaucoup de media internationaux, relative au renvoi de l’homme d’affaires Mohamed ould Bouamatou du territoire marocain. Ni confirmée ni infirmée, elle déchaînait grande tempête dans les cercles diplomatiques et politiques. Aucun des deux gouvernements n’évoquait la question, en suscitant ainsi une foule d’autres : s’agissait-il d’une rumeur ? D’une fuite délibérée, orchestrée par les services de renseignements algériens, pour envenimer à nouveau les rapports entre le Maroc et la Mauritanie, dans le contexte actuel qui présage d’un réchauffement de l’axe Nouakchott-Rabat ? L’abcès devrait désormais percer, avec la déclaration, d’une source gouvernementale marocaine niant, formellement, le renvoi de Mohamed ould Bouamatou, avant de préciser que ce que certains sites et journaux ont malheureusement distillé, à grande échelle, provenait de « groupes ennemis aux intérêts du Maroc », pour brouiller l’action positive des gouvernements marocain et mauritanien.
Il y a quelques jours, les media mauritaniens évoquaient fortement la probabilité que le Maroc expulsât le milliardaire Ould Bouamatou qui avait choisi, après des divergences avec Mohamed ould Abdel Aziz, de s’exiler à Marrakech, voici plusieurs années de cela. Certains de ces sites et journaux allaient même jusqu’à affirmer que les autorités de Nouakchott avaient conditionné l’accréditation de Hamid Choubatt, ambassadeur, dépêché par Mohamed VI, en Mauritanie, depuis Juillet 2017, à la déclaration d’Ould Bouamatou persona non grata au Maroc.
« La guerre des rumeurs que livrent les adversaires du Maroc », déclare, de son côté, Mohamed ben Hamou, directeur du Centre marocain des études stratégiques, « a commencé avec l’arrivée au pouvoir de Mohamed ould Abdel Aziz. Ce qui a empêché l’instauration d’un climat favorable au renforcement et au développement des relations entre le Maroc et la Mauritanie. (…] La Mauritanie subit de fortes pressions, de la part du régime algérien. La dimension tribale s’ajoute au grand nombre de séparatistes qui s’y retrouvent. […] Les services de renseignements algériens ont investi divers acteurs et institutions de presse et en ont maîtrisé une grande partie. Leur objectif est de dresser des obstacles et distiller toutes sortes de rumeurs, espérant conduire la Mauritanie et le Maroc à confrontations et divergences. Surtout après la réintégration du Maroc au sein de l’Union Africaine et son retour en force sur le continent africain. » Enfin, Ben Hamou évoque les frontières stratégiques marocaines, en forte redynamisation commerciale, via El Ghargaratt. « Ce qui n’est pas sans déplaire à l’Algérie et au Polisario », précise l’expert, « mais, malgré la complexité de la situation, le Maroc gère ses relations, avec la Mauritanie, avec responsabilité et vision claire ».
source lecalame.info