Le temps des mauvaises bonnes questions

 

 

A quelques semaines de la célébration du 57eme anniversaire de l'indépendance nationale, les Mauritaniens doivent saisir cette occasion pour saluer le courage, le mérite et le patriotisme des pères fondateurs de notre Nation. Leur initiative de faire évoluer nos territoires vers un État central était éminemment louable et absolument nécessaire.  Qu'Allah accorde longue vie aux présents et accueille en son saint paradis les absents.

  

Le projet qu'ils avaient défendu ''contre vents et marées'' vit et se maintient toujours malgré tant d'obstructions volontairement entretenues par les ingénieurs de la crispation nationale.

Le président Mokhtar et ses compagnons avaient-ils commis une erreur stratégique en mettant ensemble Arabo-mauritaniens et Négro-mauritaniens, en juxtaposant arabité et négritude en un seul lieu ?

 

Le discours des nationalistes négro-mauritaniens qui n'a jamais fléchi laisse penser que c'était un péché originel et qu'il y avait eu forcing en la question. ils parlent à présent de refondation de l'État ou de l'autonomie du sud ou de la sécession de cette région.

Pourquoi ?

 

C'est à cause de l'apartheid et de l'esclavage des Noirs, nous dit-on !

En pointe dans la lutte anti-arabe, se trouve un segment toucouleur vivant pour l'essentiel à l'étranger. La paix entre Mauritaniens est son dernier souci.

Le nationalisme négro-mauritaniens surtout pulaar poursuit trois objectifs chimériques : ''berbériser'' les Beïdanes, ''négrifier'' les Harratines et enterrer la langue et la culture arabes afin de générer une société abâtardie n'appartenant à aucune sphère culturelle particulière et n'ayant aucune racine historique spécifique.

Et en attendant, ils exigent une force d'interposition linguistique, des casques-bleus de la traduction et l’interprétation.

 

A eux et à tous ceux qui s'engagent sur le terrain de l'ethnicisme, il faut rappeler qu'avant la Mauritanie contemporaine et sa fusion avec le Fouta Toro par décret colonial, il y avait Bilad Chinguitt.

Quel est le profane, le négro-ethniciste, le francophile intolérant et le snob déphasé qui peut valablement se planter sur l'arabité des Chinguittens ?

 

Au IXème siècle, à l'époque almoravide, ce territoire était déjà bien  arrosé de culture arabo-islamique par des érudits venus d'Al Ifriqiya et d'Hadramaout dont les plus illustres sont Aljasouli, Alhadrami, Almajelissi, Arrakaz…

 

Avec l'arrivée des Beni hassanes aux XVème et XVIème siècles, le doute n'étais plus permis : Bilad Chinguitt est arabe et le restera tant que la chamelle n'est pas baraquée sur sa bosse. (Voir la note verbale de l'historien Mohamed Ould Maouloud Ould Daddah présentée devant la Cour Internationale de Justice au sujet du Sahara).

 

En outre, c'est grâce au rayonnement culturel des Chinguittiens que des hommes comme Cheikh Oumar Alfouti, Cheikh Souleymane Ball, Cheikh Abdel Kader Kane et Cheikh Ahmedou Bamba (il serait originaire de Bababé et avait fait ses études islamique à Boutilimitt) étaient devenus les grands hommes qu'ils furent.

Oui, l'Islam et la langue arabe (la première langue historique savante des ouest-africains) avaient fortement influencé les sociétés ouest-africaines.

Qui peut affirmer le contraire ?

 

Donc, pourquoi sommes-nous encore là, incapables de former une Nation paisible et intégrée ?

La Mauritanie est-elle concernée au premier chef par la renaissance négro-africaine ?

Sommes-nous, les Arabo-mauritaniens, le maillon le plus faible de la chaine ethnique ouest-africaine au point de vivre sous une tension permanente à case de cette question : ma langue, ta langue, la langue des autres ?

En tout cas, c'est à Nouakchott que ce débat est à l'ordre du jour depuis plus d'un demi-siècle et c'est cette question fourretout qui gêne l'unité nationale.

Est-ce une raison suffisante pour remettre en question la Nation ?

 

Qu'offrent les Négro-mauritaniens à leurs frères que ceux-ci ne leur offrent pas dans le cadre de la Nation unie, et que pourvoie la région de la vallée en termes de richesses et de profondeur stratégique que le reste du territoire ne pourvoie pas ?

Les Berbères et les Harratines seraient-ils plus faciles à dominer, si d'aventure les Arabes disparaissaient d'ici ?

Et puis, les ressortissants de la vallée peuvent-ils ignorer qu'ils n'avaient pas l'exclusivité de cette région ?

 

Les émirats des Idaouich, du Brakna et du Trarza y possédaient aussi de vastes territoires.

En guise de conclusion à toutes ces questions, bonnes ou mauvaises, il est opportun à l'occasion de la fête nationale d'inviter tous les Mauritaniens à cultiver la tolérance, l'esprit d'ouverture et le réalisme.

 

La Mauritanie, notre patrie à tous sans distinction, est un beau pays. Il compte le moins d'ethnies au monde, regorge de richesses naturelles et jouit d'un espace stratégique profond. Ne le bousions pas pour des considérations abandonnées partout où le patriotisme a pris le dessus sur l'ethnicisme et partout où la République a triomphé du communautarisme.

Joyeux anniversaire et vive la Mauritanie unie et résolument tournée vers l’avenir..