La décentralisation a été réellementinitiée en Mauritanie en 1986 au moment où la démocratie avait le vent en poupe en Afrique. En Mauritanie, la démarche fut un processus lent à plusieurs étapes, après une phase pilote qui a vu la naissance de quatre (04) communes urbaines : Rosso, Boghé, Kaédi et Atar.
Ainsi, en 1988, les premières élections municipales furent organisées et donnèrent une première génération de maires très mal préparés financièrement et techniquement à répondre aux exigences de la gestion des affaires publiques relevant de leurs nouveaux domaines de compétences. Depuis, la communalisation dans notre cher pays est dans un « ping-pong » marqué par un pas en avant et un pas en arrière dont le seul bilan positif est l’institutionnalisation des collectivités territoriales décentralisées. En face de ce maigre bilan, se dressent des nombreuses contraintes budgétaires, financières et l’absence des ressources humaines compétentes…
…Dans ce contexte décourageant le développement durable, nous (mauritaniens lambda du Guidimkha) pensions qu’un nouveau découpage laissait espérerà un réarrangement dans l’objectif d’apporter des améliorations structurelles des performances opérationnelles et de résoudre les principaux problèmes qui empêchent l’effectivité de la décentralisation en Mauritanie.
Chacun l’espérait de la manière la plus réfléchie, et ce sur la base d’un diagnostic préliminaire impliquant toutes les forces locales, comme on peut l’imaginer dans une grande démocratie où la moindre action publique est concertée et planifiée à la base. Malheureusement, toutes les prévisions ont été trahies quand les mauritaniens se réveillent un matin du 8 février 2023 et découvrent des circulaires qui présentaient une nouvelle organisation communale. Plus surprenant encore ! Au même moment, les mauritaniens étaient dans les centres de CENI pour l’inscription dans les listes électorales…
Dans pareilles circonstances, peu de citoyens savaient dans ce flou artistique, de quel territoire communal relèvent leurs entités géographiques et leurs bureaux de vote.
Fait ainsi, les questions récurrentes dans la plupart des espaces d’échanges sont : (i) à quoi sert ce redécoupage, (ii) pour renforcer la décentralisation ou pour remplir un calcul électoral, (iii) autrement, quelles sont les logiques de ce « gerrymandering mauritanien » ?
Pour apporter un regard illustratif sur cette question, allons y faire quelques observations sur le Guidimakha, une région bien peuplée et qui représente une convoitise électorale pour plus d’uns.
Le Guidimakha comptait 18 communes, actuellement ce chiffre passe à 22 avec les quatre (04) communes nouvellement créées (Agoinit, Sangné-Dieri, Diogountouro et Chelekha) reparties sur quatre (04) départements (Sélibaby, Wopou, Khabou et Ould Yengé).
En réalité, au-delà des problèmes que rencontrent les 18 collectivités territoriales que comptait le Guidimakha, un nouveau découpage, pour assurer tout son succès, devrait avoir de la logique ou de l’imagination reposant sur le triptyque géographie, démographie et économie :
Au niveau géographique, il est question de l’espace, du territoire communal. Il doit dans l’idéal recouvrir une certaine homogénéité écoenvironnementale historique, des limites plus ou moins perceptibles et linéaires respectantles cloisons naturelles. Dans cette logique toute incompréhension sera évitée, telle que,tel village « A » relevant administrativement de la commune « X » ne se trouve pas au plein cœur du territoire de la commune « Y » comme ce qui se passe actuellement entre Baydjam et Chelekha, Diogountouro et Gouraye et SagnéDieri et Wompou.
Le poids démographique est un autre facteur déterminant dans la création d’un territoire décentralisé. Il ne sert à rien dans un même département, d’avoir différentes communes avec des fortes disparités démographiques. Plus illustratif, la commune de Chelekha, une nouvelle circonscription électorale est issue des deux communes de KHABOU et de Baydjam. En effet, dans la dynamique de créer une grande commune à tout prix, Chelekha est peuplée de 14 770 habitants, soit 3893 habitants de plus que KHABOU et de 3897 habitants de plus que celle de Baydjam. Seul un calcul politicien peut transformer un territoire en lambeaux sans tenir compte des acquis à préserver et des prérequis à rechercher.
Vu sous un autre angle, la commune la plus peuplée du département de KHABOU compte 14 770 habitants avec seulement près de 2700 inscrits soit environ 18% d’électeurs. Ces chiffres, même s’ils cachent des disparités, ils sont sans équivoque : la population n’a pas encore adhéré à la nouvelle circonscription.
En dehors de ces aspects, il y’a d’autres réalités sociologiques à tenir en compte dans toute décision. Il s’agit entre autre du bon voisinage intra-villageois qu’il faut consolider pour perpétuer la cohésion sociale et atténuer les tensions dans les zones sensibles et conflictuelles.
Au niveau économique, rappelons que la décentralisation implique le transfert de compétences à des nouvelles personnes morales dotées d’un budget, d’une autonomie financière et d’un personnel propre. De ce point de vue, l’économie communale est le facteur le plus impératif pour l’exercice des compétences, de l’efficacité de la gestion des affaires publiques et pour des services de proximité aux administrés. Dans ce cas, tout nouvel aménagement doit tenir compte de la base fiscale, première ressource pour alimenter le budget communal. Parconséquent, une attention particulière devrait être accordée à la répartition des gros pôles économiques dans un espace départemental. C’est un préalable pour la viabilité des collectivités ! Ces exigences économiques n’ont pas été prises en compte dans le cas du Guidimakha où des nouvelles communes sont définies sans suffisamment de prérequis.
En Fin, ni logique ni imagination, le résultat ne peut être impressionnant ! Nous osons croire que ce nouveau morcèlement est tout bonnement une réponse aux intransigeances politiciennes, par des politiciens bêtes de pouvoir, très peu concernés par l’épanouissement de la population. L’objectif n’est finalement pas pour parachever la décentralisation impulsée depuispresque quatre (04) décennies, mais pour réconforter les bases électorales de « X » et de « Y ». Un redécoupage communal doit être l’œuvre de juristes, de géographes, d’économistes et d’administrateurs civiles chevronnés et non laissé au libre choix des politiciens qui décident de quelle entité géographique fait partie de quelle autre pour assainir leurs électorats. Dès lors, pour les départements de Khabou et de Woupou au Guidimakha, c’est un charcutage communal pour favoriser l’élection des uns et pour entretenir les autres dans leurs conditions d’esclaves électoraux.
KHABOU le 28/03/2023
senalioune
Ainsi, en 1988, les premières élections municipales furent organisées et donnèrent une première génération de maires très mal préparés financièrement et techniquement à répondre aux exigences de la gestion des affaires publiques relevant de leurs nouveaux domaines de compétences. Depuis, la communalisation dans notre cher pays est dans un « ping-pong » marqué par un pas en avant et un pas en arrière dont le seul bilan positif est l’institutionnalisation des collectivités territoriales décentralisées. En face de ce maigre bilan, se dressent des nombreuses contraintes budgétaires, financières et l’absence des ressources humaines compétentes…
…Dans ce contexte décourageant le développement durable, nous (mauritaniens lambda du Guidimkha) pensions qu’un nouveau découpage laissait espérerà un réarrangement dans l’objectif d’apporter des améliorations structurelles des performances opérationnelles et de résoudre les principaux problèmes qui empêchent l’effectivité de la décentralisation en Mauritanie.
Chacun l’espérait de la manière la plus réfléchie, et ce sur la base d’un diagnostic préliminaire impliquant toutes les forces locales, comme on peut l’imaginer dans une grande démocratie où la moindre action publique est concertée et planifiée à la base. Malheureusement, toutes les prévisions ont été trahies quand les mauritaniens se réveillent un matin du 8 février 2023 et découvrent des circulaires qui présentaient une nouvelle organisation communale. Plus surprenant encore ! Au même moment, les mauritaniens étaient dans les centres de CENI pour l’inscription dans les listes électorales…
Dans pareilles circonstances, peu de citoyens savaient dans ce flou artistique, de quel territoire communal relèvent leurs entités géographiques et leurs bureaux de vote.
Fait ainsi, les questions récurrentes dans la plupart des espaces d’échanges sont : (i) à quoi sert ce redécoupage, (ii) pour renforcer la décentralisation ou pour remplir un calcul électoral, (iii) autrement, quelles sont les logiques de ce « gerrymandering mauritanien » ?
Pour apporter un regard illustratif sur cette question, allons y faire quelques observations sur le Guidimakha, une région bien peuplée et qui représente une convoitise électorale pour plus d’uns.
Le Guidimakha comptait 18 communes, actuellement ce chiffre passe à 22 avec les quatre (04) communes nouvellement créées (Agoinit, Sangné-Dieri, Diogountouro et Chelekha) reparties sur quatre (04) départements (Sélibaby, Wopou, Khabou et Ould Yengé).
En réalité, au-delà des problèmes que rencontrent les 18 collectivités territoriales que comptait le Guidimakha, un nouveau découpage, pour assurer tout son succès, devrait avoir de la logique ou de l’imagination reposant sur le triptyque géographie, démographie et économie :
Au niveau géographique, il est question de l’espace, du territoire communal. Il doit dans l’idéal recouvrir une certaine homogénéité écoenvironnementale historique, des limites plus ou moins perceptibles et linéaires respectantles cloisons naturelles. Dans cette logique toute incompréhension sera évitée, telle que,tel village « A » relevant administrativement de la commune « X » ne se trouve pas au plein cœur du territoire de la commune « Y » comme ce qui se passe actuellement entre Baydjam et Chelekha, Diogountouro et Gouraye et SagnéDieri et Wompou.
Le poids démographique est un autre facteur déterminant dans la création d’un territoire décentralisé. Il ne sert à rien dans un même département, d’avoir différentes communes avec des fortes disparités démographiques. Plus illustratif, la commune de Chelekha, une nouvelle circonscription électorale est issue des deux communes de KHABOU et de Baydjam. En effet, dans la dynamique de créer une grande commune à tout prix, Chelekha est peuplée de 14 770 habitants, soit 3893 habitants de plus que KHABOU et de 3897 habitants de plus que celle de Baydjam. Seul un calcul politicien peut transformer un territoire en lambeaux sans tenir compte des acquis à préserver et des prérequis à rechercher.
Vu sous un autre angle, la commune la plus peuplée du département de KHABOU compte 14 770 habitants avec seulement près de 2700 inscrits soit environ 18% d’électeurs. Ces chiffres, même s’ils cachent des disparités, ils sont sans équivoque : la population n’a pas encore adhéré à la nouvelle circonscription.
En dehors de ces aspects, il y’a d’autres réalités sociologiques à tenir en compte dans toute décision. Il s’agit entre autre du bon voisinage intra-villageois qu’il faut consolider pour perpétuer la cohésion sociale et atténuer les tensions dans les zones sensibles et conflictuelles.
Au niveau économique, rappelons que la décentralisation implique le transfert de compétences à des nouvelles personnes morales dotées d’un budget, d’une autonomie financière et d’un personnel propre. De ce point de vue, l’économie communale est le facteur le plus impératif pour l’exercice des compétences, de l’efficacité de la gestion des affaires publiques et pour des services de proximité aux administrés. Dans ce cas, tout nouvel aménagement doit tenir compte de la base fiscale, première ressource pour alimenter le budget communal. Parconséquent, une attention particulière devrait être accordée à la répartition des gros pôles économiques dans un espace départemental. C’est un préalable pour la viabilité des collectivités ! Ces exigences économiques n’ont pas été prises en compte dans le cas du Guidimakha où des nouvelles communes sont définies sans suffisamment de prérequis.
En Fin, ni logique ni imagination, le résultat ne peut être impressionnant ! Nous osons croire que ce nouveau morcèlement est tout bonnement une réponse aux intransigeances politiciennes, par des politiciens bêtes de pouvoir, très peu concernés par l’épanouissement de la population. L’objectif n’est finalement pas pour parachever la décentralisation impulsée depuispresque quatre (04) décennies, mais pour réconforter les bases électorales de « X » et de « Y ». Un redécoupage communal doit être l’œuvre de juristes, de géographes, d’économistes et d’administrateurs civiles chevronnés et non laissé au libre choix des politiciens qui décident de quelle entité géographique fait partie de quelle autre pour assainir leurs électorats. Dès lors, pour les départements de Khabou et de Woupou au Guidimakha, c’est un charcutage communal pour favoriser l’élection des uns et pour entretenir les autres dans leurs conditions d’esclaves électoraux.
KHABOU le 28/03/2023
senalioune