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un grain de sable pour secouer la poussière...

L'indépendance éparpillée du 28 novembre.

Samedi 25 Novembre 2017 - 07:48


Une mère à qui on demanda, lequel de ses enfants lui était le plus cher, répondit: j'aime, en priorité le plus petit, jusqu'à ce qu'il grandisse, le malade jusqu'à ce qu'il guérisse, le plus faible, jusqu'à sa récupération, et l'absent jusque sa présence.
Ainsi devait raisonner et agir les états propres.

Il parait que seuls, les bergers ont compris cet aphorisme salutaire pour s'acquitter de leur devoir. Le berger qui guerroie à la tête de ses betes, enivré par les sauts désordonnés de ses boucs et de béliers robustes et bien remplis, perd de vue les arrières du troupeau. Ainsi les brebis, faibles, les cabris nouveau-nés, les animaux malades, épuisés, ou handicapés, sont laissé en pâture pour les loups et autres féroces prédateurs.

Dirigeants du pays. vous avez été élus, (d'une façon ou d'une autre), à la tête de ce pays, pour ramer dans le sens de son développement de sa prospérité ,dans la mesure du possible, de l'établissement de la justice entre ses citoyens.
Le 28 novembre 2017, nous sommes divisés en deux nations, métropoles, diamétralement contradictoires : La Nation de ceux qui vivent et la nation de ceux qui agonisent. Ces deux ensembles sont eux-mêmes morcelés en plusieurs "nous-é-ssions" dissonantes et perpétuellement en virulentes collisions fratricides. Elles ont en commun la haine, l'aversion de l'autre et la volonté de démarcation radicale de son frère. Elles ont pour adresse les tribus, les clans, les ethnies, les partis politiques, les marchands de causes "justes" etc. Des formations fossiles, qui depuis l'aube de cette indépendance tant malmenée, ont joué des mains et des pieds, pour que ce pays n'existe jamais.

A la tête de ce carnaval, acharné à se trouver une antique photo en noir et blanc, pour se trouver un ancêtre ou un aïeul,  qualification gratuite, de "sauveurs du territoire"; caracole votre cortège gouvernemental, béni, d'élus aisés et puissants, qui changent et rechangent, les situations observées de très haut, le regard tourné vers le sens inverse.
Le 28 novembre 2017, nos enfants, sur le petit écran, suivront galvanisés les défilés de leurs camarade de scolarité, qui ont été triés parmi les diplômés et les concourants, par un tamis tendu et concis, pour que certain passent "obligatoirement" et d'autres échouent "nécessairement".

D'après votre auguste raisonnement, qu'est ce que ce clivage irrationnel et injuste, peut donner comme résultante, à part l'envie, la rancune et la haine entre nos enfants.
Novembre 2017. Nous avons une communauté noire, profondément meurtrie par les douloureux événement de 89. Des affrontements, qui ont sataniquement dispersé nos familles et brulé notre confiance mutuelle.

Si dans la communauté maure, les endommagés et les sinistrés, ont réussi à lécher leurs plaies en silence, est ce une raison suffisante, pour ne pas aider les autres à surpasser ce traumatisme sanglant, qui a détruit des foyers entiers et ravis quantité de vie humaines?
N'est ce pas que le berger devait consacrer le plus clair de son effort, à rasséréner, rassurer ces citoyens et panser la plaie qui risque d'infecter le corps de l'unité et la cohésion sociale à jamais.
Y a-t-il besoin d'être un génie ou un stratège, pour comprendre qu'il n'y a qu'une solution au problème d'une société comme la notre : éradiquer tous les sinistrés, ou leur rendre justice.

Pourtant l'une des qualité du mauritanien, que personne n'a jamais exploitée, est qu'il est bon et qu'il pardonne de bon cœur, à condition de ne pas le mépriser, le sous-estimer ou le tourner en ridicule.
Novembre 2017. Je ne connais le président Mohamed ould Abd Al Aziz. Qu'à travers les médias, je note qu'il fait beaucoup de mouvements et certainement beaucoup d'efforts, (mashallah), mais je retiens et observe aussi que les résultats de ces démarches, laissent planer beaucoup de tristesses et de doute, dans le ciel national. Beaucoup de pauvres, s'appauvrissent d'avantage, et à un rythme inquiétant. Ceux qui changent tout, ne sont changés que pour des raisons, qui  ne sont pour le moins, pas clairs pour l'observateur anonyme que je suis.

Les mêmes cercles circulent toujours dans la superficie circulaire de la décision. Alors qu' en principe, une fois président, on l'est pour tous les citoyens et non pour un groupe, ou une tendance.

Depuis le temps, le "très temps", peut-être que j'avais 4 ou 5 ans, qu'un petit groupe d'hommes, parmi lequel, figurait mon père, portait de longs sirwals noirs et des chemises blanches, et qu'on appelait "Le Askar', battait le macadam de la seule avenue, de Nouakchott. Alors, j'ai mémorisé cette sélectivité, qui ne plait certainement pas à Dieu. Je me souviens d'un commerçant: Ould Sadeq, Sidi o. Nagra un dignitaire, Md Mahmoud O. Hanefi un commerçant, O. Barakallah, un entrepreneur. Mohamed o. Khayyar (maire), Alioune O. Serma (boucher), Mohamed Soula (travaillant dans la boutique de mon père), Lahbous, un commerçant, Mohameden ould Sid Brahim, grand poète et directeur de radio, des visites périodiques de Soueidatt O. Weddad, un capitaine parachutiste, commandant de la base de Jreyda, Boubacar Boussalif, le premier sous officier, qui a sauté du ciel en parachute, pour annoncer à la terre que la Mauritanie est désormais indépendante.

Sangaré Lassana, commerçant, Soumaré Diaramouna, ministre Abdou Soumaré, homme d'affaires, et beaucoup d'autres, beaucoup d'autres encore. les rôles et les destins ont été distribués, pour le moins de façon inéquitable, pour ne pas dire intéressée et partiale. Mon père reçu une félicitation écrite, de la main de notre ambassadeur à Dakar ,Bakar Ben Ahmed, au nom des affaires étrangères, le 15-12-1966. Reconnaissance singleton d'un grand Etat à un petit citoyen, qui a continué à militer pour son pays (jusqu'aux confins du Sénégal). J'ai gardé ce papier usé, à nos jours, objet témoin que notre famille, n'a pas été absente. Je n'en profiterai jamais, ni mes enfants, par la suite. Nous étions avec ceux qui stationnent devant les feux rouges. "C'est le destin".
La carte des indépendances restera incomplète et inachevée, tant que celui qui est en tête, ne se tourne pas en priorité vers les douleurs, les attentes et les malaises que ressentent les pieds et le reste du corps social.

Et tant qu'on n'a pas ce qu'on mérite, au lieu de ce qu'on usurpe.
Messieurs nos dirigeants. Il ne s'agit pas de donner au peuple ce que l'état ne possède pas. Mais de côtoyer les citoyens pour d'une part les pourvoir d'estime et de considération et d'autre part les convaincre que vos efforts constituent le possible. Car à l'impossible nul n'est tenu. Ne pas accabler les citoyens par des impôts hors de leur pouvoir, ou les reléguer à la maladie, à la violence, aux marchands de politiques et de l'ignorance.

Il s'agit de traiter tous les mauritaniens de quelque couleur, de quelque ethnie, de quelque origine sur le même pied d'égalité. Il s'agit de regarder le faible de plus prêt et de soutenir l'affamé ou qu'il soit. Il s'agit de montrer et de prouver à tous, que vous êtes les fils de ce pays et non pas ses maitres. Gouverner par amour, est de milliers de fois plus efficace, que tenir par la peur. Ceux qui vous aiment vous suivront et vous soutiendront jusqu'aux limites de l'impossible et ceux qui vous craignent attendent avec chaleur le moment de vous cracher dessus ou de vous tordre le cou. Les "oui-oui-yeurs" et les applaudisseurs en premiers. La différence est de taille, et les résultats ne sont pas comparables.

Notre peuple est bon, digne et altruiste. A condition de ne pas le tenir en laisse, comme un animal. Nous savons comprendre. Nous savons nous solidariser dans les moments de difficultés ou de catastrophes. Mais nous ne savons pas aimer, qui nous méprise.
Nous sommes sobres et frugaux. La faim n'a jamais inquiété le mauritanien. Le besoin n'a jamais été un obstacle, pour sacrifier la seule chèvre de la famille pour l'hôte. Les différences, n'ont jamais empêché le voisin de passer le sel, la farine et la main secourable, à son voisin quelle que soit sa couleur sa langue ou son appartenance.

Ce qui irrite et provoque le courroux du citoyen, n'est rien d'autre que ce tableau de ses semblables, qui circulent dans les cylindrées rutilantes, et font pousser des châteaux féeriques insolentes, devant ses yeux rougis par les privations charriant la poussière  sur les débris de sa misère.
C'est ce partage inégal, irraisonné, injustifiable et illogique, qui a semé les champignons de l'envie, de la jalousie et de la haine dans nos rangs. Ce sont ces enfants qui s'épuisent et se détruisent  dans de longues et coûteuses études, pour se retrouver en quarantaine dans leur pays. alors que la nature est vierge et les capacités du pays inexploitées : C'est l'injustice.


Le vrai mauritanien a honte de se lamenter. Il pleure dans son cœur, gémit dans sa cage thoracique et ravale ses sentiments. Mais il est sensible, ne veut jamais tendre la main, mais se rétracte difficilement devant l'agressivité ou la trahison. Rien n'est plus dangereux que le mauritanien, qui enterre son amertume dans le silence.
Ne négligez pas ces trésors de qualités humaines uniques. Elles sont le véritable trésor de la Mauritanie. Et elles sont pour sûr, le salut national que les coup d'états militaires, ne pourront jamais réaliser.

Un coup d'état c'est pour dominer les hommes. Tandis que l'estimation , l'estime et la valorisations du citoyen et de ses qualités intrinsèques, construisent les peuples.
Ne marchez pas aveuglément, de peur de vous retourner un jour et de découvrir qu'il n'y a plus personne derrière votre cortège. On ne peut être dirigeant d'une quantité de rien, on se transforme en rien.
Faites bien vos calculs et ne tombez pas dans la suffisance naïve de l'ego et de l'arrogance.
Pour les gouvernés, je ne dirais pas grand-chose. S'insurger contre la paix, ne peut donner que ce qu'il a donné partout.

A votre tour, vous êtes divises en deux groupes, qui se scindent à leur tour en intérêts vernaculaires, insensés, pour ne pas dire cupides et ridicules :

Les premiers, qui farfouillent dans les annales de journaux douteux, de l'ère coloniale, pour trouver une photos, jaunie et mangée par le temps, pour prétendre être les "sauveurs" "uniques" de ce pays. a ceux-là, je dirais les contes et les fables ne se mangent pas et toute personne peut en créer autant qu'elle le désire. Vous vous nourrissez d'une brume volatile, qui ne laissera aucune couleur durable en Mauritanie. Le pays ira en avant ou disparaitra pour sûr.

Les seconds qui affichent partout les potences, tantôt sur le drapeau national, tantôt sur les carrés colorés du net. Et ceux qui élèvent leur protestations contre les constantes du pays (constantes positives et collectives), au nom de nouvelles éditions religieuses, réfléchissez aux grâces, ne serait-ce qu'une seule fois. Je tairais beaucoup de choses.

Vous n'avez pas prié pour avoir la faculté visuelle qui vous permet de lire les lignes sous vos yeux. Vous n'avez pas demandé à Dieu de permettre à votre tube digestif d'évacuer les quantités d'aliments que vous mangez de partout dans le monde, (au prix que vous savez),  en commercialisant l'honneur de votre pays, la solidité de votre religion, ou la dignité de vos mères, sœurs et épouse.
Pourtant des millions de personnes dans le monde souhaitent voir, entendre, respirer ou digérer sans appareil médical. Remerciez les graces de Dieu et "Donnez la paix à votre tête".

Il n'existe pas un monde, où les catastrophes ne se passent pas. La différence est qu'il se trouve des peuples qui surmontent et d'autres qui au lieu de passer la  main aux leurs, et les aider à se relever, sucent le mal, en mangent, en boivent et en extirpe la sève, quitte à générer le pire.

Vous savez un mouton de Tabaski, venant du moyen Orient, quelques dollars ou quelques dinars de tel ou tel pays ne valent pas toute cette anarchie et toute cette zizanie, au sein d'un peuple, dont la plus lourde faute est de vous avoir instruits, au prix que vous savez, pour le frire et le rôtir, dans le endroits que vous savez. Je tairais beaucoup de hontes, et de mensonges, par pudeur et par respect de cette terre.

Indépendance 2017. Un nouveau drapeau et un nouvel hymne. Nous attendons de voir, quoi de nouveau en plus. Surtout épargnez-nous les voitures, les cars , les camions et les taxis brousse, pour  les expéditions et camionnages de paquets humains, affamés, vers une destination ou ils n'ont même pas un voisin, qui leur tendra une écuelle de riz en surplus du met familial.
Kaédi, ville majestueuse, enracinée dans l'histoire du pays , ville pure et indocile à l'immoralité,  ville de l'histoire et de la civilisation antique, mérite de voir des changements, qui changent et font basculer le pays dans la balance de la justice, de la fraternité et de l'entente.

Mais aussi Niabina, Toufoundé Civé, Wompu, Garak, Boghé, etc…

Nos yeux seront tournés vers le 29 et non le 28 novembre. Vers ce matin tant attendu, ou nous serons fiers d'avoir une direction nationale, qui au delà des parades militaires, des rayonnements, aveuglants, d'étoiles et de galons, saura parler au peuple, satisfaire ses attentes, mettre dans ses droits chaque victime, célébrer une prière des morts nationale et non présidentielle.
Quand à l'aube du 29 novembre, nous nous réveillerons, illuminés par la clarté du sourire radieux de Kaédi…Toute la Mauritanie sourira et là, ce sera l'indépendance. La vraie indépendance…qui nous permettra, enfin d'exister…
Bonne fête à tout mauritanien et à toute mauritanienne, qui a compris que vivre pour une patrie, signifie se sacrifier pour elle et non la sacrifier pour ses envies et ses cupidités.

Dieu vous bénisse.

Mohamed Hanefi. Koweït.
   
 
 
   
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