Entre 1978 et 2008, il y a eu quatre coups d’Etat réussis en Mauritanie. A part la parenthèse de 2008 avec Sidi Ould Cheikh Abdellahi, depuis 40 ans tous les présidents élus sont issu des rangs de l’armée.
Cette situation est un frein à l’émergence de la démocratie pour Lo Gourmo Abddoul, juriste universitaire qui ajoute que "les militaires sont au centre du milieu des affaires, dans les rapports administratifs et financiers et sont en partie responsable de la dégradation des efforts de démocratisation de la Mauritanie."
Avec le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz du pouvoir en 2019, les civils reviendront-il au pouvoir en Mauritanie?
Ousmane Touré, musicien, en doute fort. Il soutient qu’Ould Abdel Aziz, en perspective de l’élection présidentielle de 2019, a sans doute "un dauphin issu de l’armée". Certains Mauritaniens prêtent en effet à Ould Abdel Aziz l'intention de se faire remplacer par un officier supérieur qui démissionnera de l’armée pour se faire élire président en 2019.
Les militaires ne cèderont pas facilement le pouvoir
Pour Mohamed Ould Mohamed El Hacen, responsable de l’Institut international de recherches et d’études stratégiques, les militaires ne s’éloigneront pas du pouvoir d’eux-mêmes. Pour lui, "l’erreur des Mauritaniens est de croire que les militaires leur donneront la démocratie comme le colonialisme leur a donné l’indépendance."
Moustapha Cheikh Taleb Khyar, homme d’affaires, soutient pour sa part que le choix d’un président civil ou d’un militaire démissionnaire de l’armée dépend du peuple dont il faut respecter la volonté. Depuis une dizaine d’années, aucun attentat terroriste n’a été commis en Mauritanie. L’armée a été modernisée et équipée. Le président Mauritanien, au Sahel, est cité comme exemple de fermeté et d’efficacité contre les groupes terroristes.
"Ould Abdel Aziz est pour moi un partenaire incontournable dans cette région du Sahel lourdement frappée par le terrorisme", avait déclaré le président français, Emmanuel Macron, lors d’une récente visite à Nouakchott
Ce bilan en matière de sécurité amène certains Mauritaniens à penser que, dans le contexte actuel, l’armée est la seule garante de la stabilité du pays. Pour Mohamed Ould Mohamed El Hacen, c’est plutôt la démocratie qui assure la véritable stabilité
Avant la présidentielle de 2019, les Mauritaniens iront aux urnes le premier septembre prochain pour élire les députés, maires et conseillers régionaux.
source dw.com