Madame,
Vous nous avez quittés ce matin… Un commentaire laconique de votre fils nous apprend que vous êtes décédée à votre domicile, j’ose espérer, entourée de ceux qui vous étaient particulièrement chers !
Vous étiez, moi qui ne suis pas admirative outre mesure, pour une femme qui arrive à faire « cocorico » sans prendre sur le bec, oui vous étiez une des rares femmes que j’aurais passionnément aimé approcher !
Vous étiez femme, de la pointe de vos escarpins, jusqu’à celle de vos cheveux toujours noués dans un chignon impeccable, vous aviez, l’élégance qui est donnée à peu d’êtres humains dès qu’ils apparaissent sur cette terre… Vous étiez belle, jeune, adulte, et le troisième âge vous allait comme un gant. Vous aviez cette beauté qui reflète la profondeur de l’âme, l’amour de ses congénères, le sens de la justice et surtout le manque de sens « revanchard »…
Mohamed Bel un ami de Facebook m’envoyait ce matin un très beau commentaire… rendant compte de l’émotion qu’il avait ressenti en vous entendant lorsqu’il était encore enfant et qu’il éprouve encore aujourd’hui. Qu’il me soit permis de le citer :
« Paix à son âme, qu’elle repose en paix. C’était une grande humaniste. Je me souviens l’avoir entendu parler de la Shoah sur France-inter et l’enfant que j’étais s’attendait à ce qu’elle traita ses bourreaux de tous les noms d’oiseaux mais il n’en fut rien. Toutes les femmes en France et même au delà lui sont redevables. Qu’elle repose en paix. »
Maintenant largement à l’âge adulte il ne vous a pas oubliée et se souvient avec émotion de vos paroles !
Les droits de l’homme en général et la condition féminine en particulier, étaient vos chevaux de bataille… Vous vous y êtes accrochée, avez défendu vos congénères contre les injustices avec tout le poids de votre très intelligente personnalité… Vous étiez très respectée car très respectable… Vous n’aviez pas besoin de vous promener seins nus avec d’autres qui croient que c’est le signe indiscutable de l’indépendance… Non, vous aviez vos dossiers, bien fournis, bien organisés, des arguments irréfutables pour toute personne douée d’intelligence même modeste… Et ainsi vous êtes restée fidèle à vos convictions, avez fait votre chemin et aplani le nôtre… Vous avez lutté âprement et sans relâche…
Vous aviez 18 ans, ce que l’on appelle la fleur de l’âge, l’âge de toutes les illusions, l’âge de tous les rêves et de tous les espoirs, à la fin de la guerre… Des esprits destructeurs avaient essayé de vous anéantir, vous avez résisté et vous avez aussi résisté au vil besoin de vengeance. Vous avez souffert l’incommensurable et en êtes sortie grandie comme le sont les âmes de valeur.
Beaucoup de femmes aujourd’hui ont oublié votre combat et ne savent pas ce qu’elles vous sont redevables… Je pense que n’en n’avez pas ressenti de mécontentement, vous avez agit selon votre conscience et c’est ce qui compte.
J’espère néanmoins que quelqu’un s’attachera à raviver votre souvenir… Et qui sait peut-être d’autres se dresseront pour reprendre le flambeau, pas n’importe lequel, pas n’importe comment, mais le votre et ainsi vous continuerez à vivre, pour toutes ces âmes que vous avez tellement aimées !
Merci Madame pour ce que vous étiez, pour les exemples que vous nous avez laissé en héritage… Je vis maintenant en Afrique et je dirais cette phrase que j’aime beaucoup et qui ici est très souvent employée… Reposez en paix et que la terre vous soit légère !