La future assemblée nationale aura un cachet particulier. Les partis politiques, petits et grands, anciens et nouveaux, de la majorité comme de l’opposition, se démènent pour asseoir leur notoriété, la confirmer, ou, assurer leur survie. Ils ont eu recours à tous les moyens, à toutes les stratégies, mais aussi à tous les subterfuges.
Les mauritaniens qui savent n’avoir qu’une démocratie « en construction » ne sont pas dupes : ce n’est pas en cette année 2018 qu’ils auront un parlement exemplaire composé d’hommes et de femmes...exemplaires ! L’argent, la tribu et les particularismes de toutes sortes porteront sans doute, au sein de l'Assemblée, des "dépités" comme on en a souvent vu. Ce sera le fait de la majorité, plus précisément de l’Union pour la République (UPR) mais, sans doute aussi, des « oppositions » : CUPAD, RFD et FNDU.
L’expérience a prouvé que les bons parlementaires, à l’aune de ce que les mauritaniens considèrent comme leurs « priorités », ne sont pas forcément des hommes politiques. Pas du tout. Il ne s’agit pas d’étaler des idées, bien servies par le Verbe mais d’appeler à des actes. C’est ce qui détermine(ra) le rapport des populations à ceux qui sollicitent leur suffrage pour se prévaloir du titre « d’honorables », et qui tient de ce qu’on fait sur le terrain, pas de ce qu’on dit à Nouakchott.
En cela, on ne peut imaginer qu’une élue comme Fatma Mint Ely Mahmoud ne rempile à Kobenni où son fauteuil est en jeu face à un adversaire de taille comme l’Union pour la République (UPR), qui a sonné la mobilisation et même imposé une discipline « militaire » à ses supposés militants et cadres. Certes, ce n’est pas avec ce poste de député que la présidente de l’ONG EMEL (Espoir) parvient à secourir des milliers de déshérités éparpillés dans les adwabas et campements de son terroir, mais c’est une reconnaissance pour le mérite. Et un moyen pour l'élue de pouvoir traiter plus efficacement avec les autorités administratives pour aider dans ce qui relève en premier du ressort de l’Etat.
D’autres dames, comme Maalouma Mint Bilal (passée de l’APP à Al Mostaqbal) Fatimetou Mint Khattry (Adil) et Khadiata Malick Diallo (UFP), qui cherchent à récupérer leurs fauteuils de député, sont attendues dans la nouvelle assemblée à laquelle elles donneront une verve particulière.
Côté hommes (opposition), Messaoud Ould Boulkheir, ancien président de l’Assemblée nationale, ne court nullement derrière un poste de député mais sa présence comme tête de liste nationale de son parti (APP) est une bonne stratégie pour ratisser large. Messaoud est une figure nationale qui ne laisse pas indifférent, même au sein de la Majorité.
C’est le même topo qui se présente avec Boidiel Ould Houmeid (Al Wiam), incompris par certains, quand il met en avant la nécessité de préserver la paix sociale et de dialoguer avec un pouvoir privilégiant souvent la manière forte. L’alliance entre ces deux figures emblématiques de la communauté haratine constitue le paravent contre l’arrivée en force des jeunes militants aux manières abruptes (Biram) qu’on cherche à contrer, de l’autre côté, en lançant des formations comme Nida’e al watan (Daoud Ould Ahmed Aicha).
Sarr Ibrahima, leader incontesté de l’AJD/MR va en toute logique revenir, pour continuer à donner la réplique à ceux qui veulent gommer une partie de notre identité nationale. Sa présence à l’Assemblée est importante, ne serait-ce que pour cette raison. Mme Sarr aussi sera probablement de la partie pour porter plus fort et plus loin la voix de leurs électeurs.
Le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) lance dans la course de grands noms comme Abderrahman Ould Minni (ancien député), Me El Id Ould Mohameden et Mouna Mint Dèye. L’absence prolongée de cette grande formation des compétitions électorales ne rassurent pas ses militants et sympathisants qui voulaient voir le président Ahmed prendre la tête de liste nationale pour réaliser un score honorable.
La majorité aussi a ses champions
Pour une fois, il faut dire bravo à l’Union pour la République (UPR) qui nous a débarrassé de certains de ses « dépités » de la législature passée. Le parti au pouvoir a sans doute compris qu’il faut du lourd pour « contenir » les assauts de l’opposition avec le retour du FNDU et du RFD. Certains députés comme Ahmed Ould Sid’Ahmed, Mohamed Yahya Ould Kharchy, ont été maintenus pour leur « carrure » d’hommes politiques. Ils seront renforcés par d’autres « polémistes » comme Moudir Ould Bouna, ou des sages, comme Hamadi Ould Meimou.
Les autres partis de la majorité connaîtront des fortunes diverses. L’Union pour la démocratie et l’unité (UDP) sera le premier appoint pour l’UPR. D’ailleurs, Naha Mint Hamdi Ould Mouknass, la présidente de cette formation qui a l’une des plus fortes présences dans la vallée a voulu aller elle-même au charbon pour donner une sorte de légitimité au poste de ministre qu’elle occupe depuis 2009, et gardera sans doute après ces élections.
Al Karama permettra à Al Ghassem Ould Bellali de conserver son fauteuil de député. L’ancien maire de Nouadhibou veut également redevenir le premier magistrat de la capitale économique. Son poids électoral, s’il reste intact, assurera pour beaucoup la survie d’Al Karama, un autre parti satellite de l’UPR.
source elhourruya.net