Les affres de l’extrémisme n’épargnent guère les miséreux. Les loups sont assoiffés de sang. Abbeville était leur théâtre et Jean-François le Febvre, le Chevalier de la barre, le gibier frais à dévorer sous les regards réjouissants des fanatiques bourgeois, était au menu de ce mois de juillet 1766. En 1755, Lisbonne se voit englouti par un tremblement de terre. Des victimes se comptaient par millier. L’Eglise se plonge dans la folie. L’inquisition désigne des coupables. Les hérétiques sont brulés pour épargner les fidèles de la colère divine. La folie se mélange à la passion. Les « gentils » petits bourgeois de la « Grande tente » mauresque, les capricieuses « princesses » du désert et les « Grands Seigneurs » du temple du fanatisme, exigent la tête de Ould Mkheitir, un « Mou’alem » insolent et « hérétique », qui a osé défier l’Islam et ses défenseurs. Le pays aux « mille poètes » est devenu le pays aux « mille assassins » où les fantasmes, l’inconscience et l’ignorance deviennent un verset coranique. Quand-on confond religion, politique et fanatisme, on reste enfermer dans une bulle d’émotion, de sensibilité et d’égoïsme. Une bulle dévastatrice et dangereuse qui emprisonne la pensée critique, ouvre les portes de l’anarchie et se construit un royaume où le fanatisme est le « Grand Roi-Sage ». La sombre époque des rois anges, des princes dieux et des déesses reines refait surface. Elle embellit l’ignorance, berce la fille imaginaire de la raison et se construit un monde cruel dénudé de toute pensée critique.
Le fanatisme est aussi ancien que le temple de Ba’al Shamin. Etymologiquement, le fanatisme puise ses racines dans la langue latine. Sa définition se trouve dans Fanum (Temple) et fanaticus (le serviteur du temple). Il trouve ses premiers pas et ses mots d’ordre dans la religion. Les aveuglés de la différence, les manipulateurs des consciences et les rancuniers de la vie se précipitèrent pour en faire une arme contre la pensée et une manière de maintenir le bas peuple dans la soumission et dans l’ignorance. Cette manière de contempler la société enfermait l’esprit dans un monde fantasmagorique et imaginaire. En 1763, Voltaire écrivait dans le traité sur la tolérance : « l’esprit humain, au réveil de son ivresse, s’est étonné des excès où l’avait emporté le fanatisme ». Des siècles après, la raison poursuit son chemin dans les couloirs de l’ignorance et s’accroche sur ce « bateau ivre » pour reprendre les mots de Rimbaud, où les passions remplacent les capitaines. Ce bateau piétine des vagues de contestation, enrôle des fidèles de plus en plus et se positionne comme la seule embarcation possible vers un univers de solidarité et de défense d’une idéologie nauséabonde et fragile.
Le fanatisme n’est pas uniquement religieux. Il se faufile dans toutes les pensées et séduit les plus faibles et les plus pauvres intellectuellement. La Mauritanie n’échappe pas à cette vieille maladie qui ronge l’humanité depuis Horus. Elle reste prisonnière dans une geôle-labyrinthe sans issu. Les gardiens de cette prison de la pensée sont dans un monde où la pensée est linéaire, la diversité d’opinions inexistante et l’ignorance, le Tout puissant Seigneur mesquin et sournois. Les pseudos religieux de cette République Islamique sont d’une arrogance sans commune mesure, d’une hypocrisie meurtrière et d’un fanatisme dévastateur. Leur silence sur les appels de meurtre des innocentes victimes, d’un probable rétablissement de la peine de mort et de cet extrémisme islamique qui trouve ses racines dans la pensée nationaliste et islamo-arabe, est intolérable. Le Haut Conseil Islamique est une inutilité certaine dans la mesure où ses membres restent muets, sourds et même complices des agissements d’une frustrée partie de la population, incendiaire et irresponsable. Ce silence est étouffant et insupportable. Leurs positions ne sont que des directives d’un pouvoir politique manipulateur, dictatorial et anti-islamique. Un pouvoir politique qui agite de slogans insignifiants et qui enferment le peuple dans des revendications utopiques et dans un environnement où les souffrances des uns valent mieux que de celles des autres.
L’histoire de nos civilisations multiples et diverses est complexe. Elle nous rappelle des tragédies, des belles époques et des belles personnalités. Elle nous rappelle aussi comment des fanatiques et des bons orateurs ont réussi à manipuler les passions humaines pour reprendre les mots de Machiavel et à imposer une idéologie qui confond raison, excès de passion et folie. Hitler a entrainé le peuple allemand par sa détermination et sa folie dans l’un des massacres les plus inhumains de notre histoire. Il est impératif pour la survie de notre Nation de penser à un modèle politique protecteur de nos concitoyens et contre les agissements irréfléchis et farfelus d’une classe de religieux privilégiés et fanatiques qui prennent la pensée critique en otage et qui enferment le peuple dans un monde imaginaire et contraire aux valeurs fondamentales de l’Islam(…)