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un grain de sable pour secouer la poussière...

Calamités : Excusez-nous, monsieur le Président !

Jeudi 2 Novembre 2017 - 07:42

Lorsque,  le six Août 2008, les généraux décident de destituer Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, après avoir compris, à leurs dépens, qu’il n’était pas l’homme de paille qu’ils croyaient pouvoir manipuler à leur guise, pour continuer à gouverner, des députés, des sénateurs, des hommes et femmes de tout acabit entament une vaste campagne de dénigrement du vieux patriarche que les militaires déchaînés ont mis, sans état d’âme, aux arrêts. Il faut, à tout prix, légitimer un énième coup d’Etat dont la particularité est d’avoir mis fin à  une vraie tentative de démocratisation que le monde entier vient  juste de saluer. Tout est mis en œuvre à cette fin. L’argent de certains présidents. L’influence de quelques autres. La Françafrique. La corruption. L’Union africaine. Bref, tout pour faire accepter le fait accompli, en usant et abusant, sans compter, de tous les subterfuges.

Peu de gens en parlent mais cette opération de légitimation coûta beaucoup d’argent. A l’Etat et à des particuliers. A titre d’exemple, les membres du peloton de parlementaires qui voyageaient à travers le monde, pour justifier la « Rectification », recevaient, journellement, une indemnité de mille euros, contre un taux officiel de frais de mission à l’étranger de deux cents cinquante euros. Gracieuses prébendes financées, s’il vous plaît, par la gabegie transfrontalière…

Les missions d’explication/justification de l’intérieur et de l’extérieur rivalisaient d’indécence et d’incommodité, envers le président déchu qu’elles accusaient de tous les maux. Neuf ans plus tard, le temps a fait son œuvre. Les plus extravagants parlementaires se sont tus. Au point que je sois particulièrement devenu« nostalgique » des envolées lyriques et dithyrambiques des chantres de la situation, tels Mohamed ould Bebana, El Khalil ould Teyib, Sid‘Ahmed ould Ahmed ou autres sénateurs déclamant, presqu’en transe, les « prodigieuses » réalisations d’un certain « président des pauvres » dont la providentielle résurrection allait mener la Mauritanie de « l’exigüité à la largesse ».

Que sont devenus les grands soutiens internationaux de la Rectification du six Août ? Les Mauritaniens se rappellent, certainement encore, les poings levés du feu leader libyen, scandant six, six. Il se retournera certainement dans sa tombe lorsqu’il apprendra dans quelles conditions son puissant directeur des renseignements fut bradé, à son pays, par le pouvoir qu’il avait contribué à légitimer. Les élections gabonaises ont fait goûter, à Jean Ping, l’amertume des fraudes électorales. Les déroutes électorales des présidentielles, en France et au Sénégal, feront méditer Abdoulaye Wade et Sarkozy de ce qu’ils auraient mieux fait de s’occuper d’arranger leurs affaires internes, plutôt que d’aller s’immiscer dans celles d’un pays ami, sans savoir de quoi demain sera fait.

C’est depuis plusieurs années que l’homme d’affaires Mohamed ould Bouamatou a choisi de vivre au Maroc. Les accords de Dakar sont loin. Ici, c’est Nouakchott. Qui les cherche doit aller à Dakar. La panique des premiers jours du coup d’Etat est bien passée. La campagne de la présidentielle de 2009 aussi. Le message, on ne peut plus clair, de Mohamed ould Bouamatou aux populations de Nouakchott, n’est plus qu’un lointain souvenir. Ses généreuses donations, en argent, en villas, en voitures luxueuses, pour faire avaler, à tous, la grosse couleuvre : acteurs nationaux influents, organisations régionales, responsables internationaux et autres ; ont été bien digérées.

Il ne lui reste plus que l’exil, l’amertume et les poursuites judiciaires, pour… gabegie transfrontalière. Le Sénat appartient désormais à l’Histoire. Son puissant président, devant qui ministres et généraux faisaient courbettes, passe des jours incertains aux Almadies de Dakar. Ses amis sont « triés un à un », pour être disgraciés, sans autre forme de procès. L’ancien coordinateur du juteux projet Education/Formation et l’ex-directeur de la SNDE à Rosso qui viennent d’être limogés sont des exemples, éloquents, de cette chasse aux amis et proches de l’ancien président du Sénat.

Celui-là même qui vient d’être dégagé, manu militari, d’une maison à Rosso, après avoir été mis en demeure de bien vouloir la libérer, et dessaisi de trois magasins qu’il sous-louait, depuis plusieurs années. Pendant ce temps, l’ancien premier président démocratiquement élu de la Mauritanie coule des jours paisibles à Lemden, en « colombe de mosquée », déroulant son chapelet pour accomplir la « prière de la Fatiha ». Excusez-nous, monsieur le Président. Dans l’espoir de vos prières pour la Mauritanie.

Sneiba El Kory

source lecalame.info

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