Nos goudrons sont-ils solubles dans l’eau ? La question posée au milieu des années 80 par un chroniqueur dans un article publié par le quotidien Chaab, le seul qui existait à l’époque, et qui lui valut des déboires avec le pouvoir en place, est plus que jamais d’actualité. Il suffit de voir les vidéos publiées sur les réseaux par un lanceur d’alerte devenu célèbre sur l’état des routes à Nouakchott pour se rendre compte de l’ampleur du gâchis. Nids de poule et trous béants sur des routes dont l’espérance de vie ne dépasse pas quelques mois.
Elles ont pourtant fait l’objet d’appels d’offres, ont été attribuées à des sociétés et des bureaux de contrôle ont été sélectionnés pour veiller à leur conformité mais… tout part à vau-l’eau. La route qui mène au Port de l’Amitié a été refaite à la va-vite parce que le président de la République devait l’emprunter pour inaugurer le Pont au carrefour Bamako. Quelques mois plus tard, elle n’est plus que ruines. Autre exemple parmi tant d’autres, la route Aleg-Boutilimit a commencé à se détériorer alors qu’elle n’a même encore été réceptionnée.
D’où de multiples interrogations : les marchés ont-ils été attribués à des sociétés moins disantes, sans tenir compte de l’évaluation technique ? Les contrats ne comportent-ils aucun délai de garantie ? Certains bureaux de contrôle ne font-ils pas bien leur travail ? Pourquoi l’État n’a-t-il jamais sévi contre ces sociétés indélicates, en les blacklistant, à défaut de pouvoir les contraindre à réparer les dégâts ? Il y a en tout cas urgence à régler le problème. Nous avons si peu de ressources qu’il serait criminel de laisser des irresponsables saboter le petit nombre d’infrastructures que nos moyens nous permettent d’acquérir. Un chantier parmi tant d’autres pour le nouveau gouvernement… mais certainement pas le moins prioritaire.
Ahmed ould Cheikh
lecalame