Sidi Mohamed Ould Semeid’ah : Une inspiration pour la lutte nationale et démocratique

À l’occasion du 55ème anniversaire de la disparition d’une figure emblématique du combat mauritanien
Le 7 janvier 1970, le jeune militant mauritanien Sidi Mohamed Ould Semeid’ah s’éteignait à Dakar, laissant derrière lui un héritage militant impérissable malgré sa courte vie. Il fut inhumé au cimetière Soumbedioune à Dakar, dont une partie du littoral a été submergée par l’océan par la suite.

Né en 1945 dans une famille nationaliste, il grandit dans un foyer marqué par la culture et l’éducation. Son père, Mohamed El Amine Ould Semeid’ah, était l’une des figures pionnières de la renaissance éducative et culturelle en Mauritanie. Très tôt, Sidi Mohamed se distingue par ses performances scolaires, mais plus encore par son patriotisme et ses qualités de leadership, qui feront de lui une figure de proue de la lutte nationale.

Son engagement militant débute en 1963 avec sa collaboration à la revue “Mauritanie jeune”. L’année suivante, il prononce une déclaration retentissante devant le président Moktar Ould Daddah, réclamant l’officialisation de la langue arabe dans un pays où le français dominait tous les aspects de la vie. Il prend rapidement une place centrale sur la scène nationale en dirigeant la grève des étudiants patriotes le 9 février 1966, une mobilisation contre la répression de la langue arabe. Cet événement lui vaudra d’être arrêté et exilé, avec d’autres intellectuels, dans l’oasis de N’Beïka. Mais cette épreuve n’entame en rien sa détermination à poursuivre son combat.

D’abord affilié au mouvement des nationalistes arabes, Semeid’ah conduit par la suite une transition idéologique vers le mouvement national démocratique. Ce dernier visait à unir le peuple mauritanien dans toute sa diversité tout en rejetant le racisme et l’obscurantisme. Il fut l’un des principaux fondateurs de l’Union nationale des étudiants de Mauritanie (UNEM) en 1968, un acteur clé dans la défense des causes nationales, la lutte contre le colonialisme et le sionisme.

À l’université de Dakar, où il poursuivit ses études, il mena une activité militante intense et fonda le journal “Al-Kifah” (La Lutte). Bien qu’il fût atteint d’une cirrhose du foie, il persista dans son militantisme avec un courage remarquable. Sa chambre à Dakar, ornée des portraits de figures révolutionnaires comme Fidel Castro et Che Guevara, et emplie de livres et de journaux révolutionnaires, illustrait parfaitement son esprit engagé.
 

Une pensée révolutionnaire globale

Le parcours intellectuel et politique de Semeid’ah était marqué par une pensée révolutionnaire globale, transcendant les cadres idéologiques rigides. Il incarnait une synthèse du nationalisme arabe et d’une vision démocratique libératrice. Par son courage et sa sincérité, il inspira des générations de militants et contribua à raviver l’esprit patriotique parmi les jeunes Mauritaniens.
Le nom de Sidi Mohamed Ould Semeid’ah reste associé à plusieurs réalisations nationales majeures survenues après sa mort, comme la nationalisation de la MIFERMA, l’adoption de la monnaie nationale (l’ouguiya), et l’officialisation de la langue arabe. Il fut également une voix ardente en faveur des luttes de libération mondiale, notamment pour la Palestine et l’Afrique du Sud.

Bien qu’il ait quitté ce monde prématurément, son influence demeure vivante en Mauritanie en tant que symbole de la lutte nationale. Sa mémoire a été immortalisée dans les poèmes du célèbre poète Ahmedou Ould Abdelkader, dans des chants patriotiques, ainsi que dans des publications retraçant son parcours. En outre, la municipalité de Tevragh-Zeina a rendu hommage à son héritage en nommant une rue en son honneur, reliant l’avenue Nelson Mandela, devant le ministère des Affaires étrangères, à l’avenue Cheikh Zayed.
En ce 54ème anniversaire de sa disparition, nous commémorons Sidi Mohamed Ould Semeid’ah, non seulement comme un jeune militant, mais aussi comme une figure intemporelle pour tous ceux qui luttent pour la liberté et la dignité. Que Dieu ait en sa miséricorde “l’ami” dont la flamme révolutionnaire continue d’éclairer le chemin de la lutte nationale.
 

NB: écrivain, philosophe Dr Seyid Ould Bah lui a consacré un roman sous le nom de Elhoumam.

                                Ahmed Mahmoud Ahmedou dit Jamal
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