Vendredi dernier, monsieur Abidine Sidaty, ADG de Frigo STPH Nouakchott adressait une lettre ouverte à notre ministre des Pêches et de l’économie maritime – https://www.lecalame.info/?q=node/16733 – pour l’alerter sur des « suspicions » d’activités illégales de bateaux turcs – « spécifiquement des senneurs spécialisés dans le petit pélagique », précisait-il – dans la zone de reproduction des poissons au Banc d'Arguin, une zone pourtant interdite à la pêche. Et de marteler : « Le respect des zones de reproduction et des réglementations de pêche est essentiel pour assurer la durabilité de notre secteur halieutique, qui constitue non seulement une richesse économique mais aussi un patrimoine naturel irremplaçable. Il est donc de votre responsabilité, monsieur le Ministre, de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger nos potentialités halieutiques et garantir que ces abus cessent ».
Nous avons mené notre propre enquête. Elle nous a permis d’établir que notamment deux bateaux turcs – le « Turk Yilmaz » et le « Ilker Yilmaz » – ont débarqué, le 9 Janvier, leur cargaison à Nouadhibou : 233 tonnes de maquereau et chinchard pour le premier ; 300 tonnes de chinchard et 600 tonnes de sardinelle plate pour le second ; soit une recette de deux cents millions MRO en quelques heures ! Ces navires spécialisés larguent leurs filets de 1500 mètres de longueur sur 100 mètres de profondeur, raclant sans vergogne toute la zone, pendant que les bateaux respectueux des impératifs de la pêche durable peinent à pêcher quelques tonnes, s'ils ne rentrent pas bredouilles…
Disposerions-nous de plus de moyens que le ministère des Pêches pour établir un tel constat ? Serait-ce que des directives en haut lieu, sinon de beaucoup plus bas dessous-de-table, forcent nos gardes-côtes à détourner leurs regards de ce pillage éhonté de nos ressources maritimes déjà fragilisées par des pratiques de pêche imprévoyantes ? Il faut agir sans tarder pour punir sévèrement les auteurs de tels ravages et leurs éventuels complices. Plus question de promesses : chaque jour qui passe à tergiverser agrandit la plaie et encourage les prédateurs. La patience a des limites : trop, c’est trop !
¨ Ahmed ould Cheikh
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