Reporters sans frontières se dit soulagée après la condamnation en appel à deux ans de prison du blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mohamed. Ce dernier était détenu depuis 2014 et risquait la peine de mort pour un article jugé blasphématoire envers le prophète. Il est sorti libre de l’audience. Le ministère public a fait appel de ce verdict jugé trop clément.
Jeudi 9 novembre, le blogueur mauritanien Mohamed Cheikh Ould Mohamed a pu sortir libre du tribunal, après avoir passé trois ans en prison. Pour un article de blog publié fin 2013, jugé blasphématoire, Mohamed Cheikh Ould Mohamed avait été reconnu coupable d'apostasie et condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou, malgré les excuses publiques du blogueur, niant avoir voulu insulter le prophète. Le 21 avril 2016, la cour d'appel de Nouadhibou avait réitéré sa condamnation à mort mais en requalifiant les faits en "mécréance". Elle avait toutefois demandé à la Cour suprême de statuer sur la sincérité du repentir du blogueur. Cette dernière instance a alors décidé de renvoyer l'affaire devant une cour compétente, une nouvelle cour d'appel, autrement constituée, qui l’a donc condamné à deux ans de prison ce jeudi et une amende de 60 000 ouguiyas soit environ 150 euros. Ce vendredi, le ministère public a estimé que ce verdict était trop clément et a fait appel, réclamant de nouveau la peine de mort à son encontre.
“C’est un soulagement de savoir Mohamed Cheikh Ould Mohamed enfin libre et nous espérons qu’il n’y aura pas un nouveau procès à son encontre après que le ministère public a fait un recours auprès de la Cour suprême, déclare Virginie Dangles, rédactrice en chef de RSF. Ce blogueur n’aurait jamais dû passer trois ans de sa vie en prison pour ses écrits. Son cas a profondément divisé la société mauritanienne, nous demandons dès à présent aux autorités de tout mettre en oeuvre pour assurer la protection de Mohamed Cheikh Ould Mohamed”.
L’avocate de Mohamed Cheikh Ould Mohamed s’est dite incertaine que son client puisse rester en Mauritanie en toute sécurité. Le ministère public a fait appel du verdict de cette semaine, jugé trop clément. La veille encore, il avait à nouveau requis la peine capitale. Le vendredi précédant l’audience, une manifestation hostile au blogueur avait lieu dans les rues de Nouakchott, pour tenter de faire pression, à l’image des manifestations de milliers de personnes qui ont eu lieu à chacune des audiences.
La peine capitale n'est plus appliquée en Mauritanie depuis 1987. Cette affaire était le premier cas de condamnation à mort pour apostasie dans le pays.
RSF et d’autres organisations de défense de la liberté d’expression n’ont eu de cesse de demander la libération du blogueur.
Ces dernières années, la Mauritanie recule dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse, se situant à la 55e place
source mauriweb.info