Les grands dirigeants ont, depuis la nuit des temps, allié au charisme la capacité de communiquer avec aisance. La parole saine met au clair les choses, balise les chemins empruntés et les rend lumineux.
Au pays de la parole adulée, les gouvernants - ceux qui ont eu en main, à un moment ou à un autre, les destinées du pays - sont les moins loquaces, exception faite du président à l’indépendance Moctar Ould Daddah et de l’actuel chef de l’Etat Mohamed Ould Cheikh Ghazouani.
Cette tare a été, hélas, à l’origine de la déliquescence complète de l’Etat tout au long de son histoire moderne chaotique, celle-là même, marquée par la mainmise des éminences grises et théoriciens du palais brun, non pas ceux qui orientent vers le droit chemin de la gouvernance clairvoyante, mais au pire, ceux qui se servent les premiers des plateaux du pouvoir par l’accaparement et le truchement. Ils sont pour ainsi dire les spécialistes du toilettage des verbiages du président sans voix, faisant de lui un orateur émérite. Mais sitôt, ce dernier, destitué ou poussé à céder le pouvoir, il se voit et se dévoile d’avantage moins communicatif qu’on le savait vouloir être sous l’auspice et la magnanimité du pouvoir.
A la fin de sa conférence qui a longtemps tenu en haleine les mauritaniens, c’est cette impression de manque latent de communication, fortement mise à nue par le verbe difficile, que l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz a semblé donner à beaucoup de citoyens, de politiciens, d’observateurs et d’analystes. Beaucoup parmi eux affirment ne pas avoir tiré, de cette rencontre avec la presse, les éclairages espérés sur un nombre de questions sinon occultées, du moins restées en suspens.
Le caractère impulsif, le ton acerbe et la méthode répressive ont mal habillé le caractère évasif sur certains sujets, et bouillonnant sur d’autres.
Mais en tout état de cause cette sortie, au milieu d’une presse hétéroclite aux motivations partagées entre professionnalisme et mercantilisme, est une prouesse, voir un exploit pour les inconditionnels qui tentent à coup de plumes, sans grande finesse, de présenter comme un tacle sur le terrain du jeu politique, ou mieux d’un coup de maître annonciateur de l’usage, au moment opportun, d’une botte secrète dans la bataille de l’UPR.
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