Note d’information- La brigade de gendarmerie en charge de la zone aurifère de Chami (Wilaya de Dakhlet Nouadhibou) arrêtait, le mardi 7 janvier 2020 à 15 heures, le nommé Mohamed Mohamed Lemine, descendant d’esclave, militant du mouvement de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M) et son représentant au niveau local.
L'interpellation de Monsieur Mohamed Mohamed Lemine intervenait à la suite d’un échange de propos entre celui-ci et le gendarme de quatrième échelon, Mohamed Salem, proche collaborateurs du capitaine Haddi Kleib nouvellement affecté au maintien de l’ordre sur le périmètre. La discussion des deux hommes tournait autour du défaut d’équité dans attribution de parcelles d’orpaillage ; en effet, le grief nourrit le ressentiment de milliers de chercheurs, d’extraction humble, devant les concessions et facilités accordés aux miniers et spéculateurs bidhane.
La différence de traitement prolonge le privilège tribal et vient consacrer le passage, parmi les travailleurs manuels, de la condition de serviteur dès la naissance, à celle d’esclave moderne. Naguère comme aujourd’hui, la division sociale de la souffrance n’évolue ; mêmes misérables et soumis à l’épreuve du soleil et de la soif, le maitre d’antan et l’ancien captif vivent l’expérience perpétuelle de la différence, face à l’Etat. Malgré la ratification d’instruments du droit international qui protègent, la personne, de la précarité et du travail indécent, la Mauritanie rechigne à les appliquer, d’abord du fait de leur concours à la citoyenneté de pleine jouissance.
La connotation des termes proférés par le soldat, révèle l’usage d’expressions appartenant au registre du mépris, voire de la haine, tous déclinés en raison de la naissance ou de la race. Mohammed Mohamed Lemine subit la logique de l’affront et de l’exaction qu’endurent les membres de l’Ira-M et la majorité des noirs de Mauritanie, à cause de leur engagement contre les inégalités, le déni de justice et l’occultation du crime.
Victime du zèle des forces de sécurité, Mohamed Mohamed Lemine n’échappe à sa condition, d’ouvrier fossoyeur, sans le sou, qui creuse son salut loin dans la rigidité du sol ingrat. Il ne dispose de secours, de soutien ni d’un avocat pour le soustraire au fardeau hérité de siècles d’arbitraire et d’impunité
Nouakchott, le 9 janvier 2020
lecalame.info