Depuis quelques semaines, une affaire secoue la Toile dans tous les sens. Dans un message sur Facebook, un bloggeur devenu célèbre en battant des records d’audience disserte pendant près d’une heure sur l’origine douteuse de la colossale fortune d’une famille, sans la citer nommément. Il n’en faut pas plus pour que tout le monde – ou presque – y mette du sien. Le torchon brûle entre ceux qui soutiennent celui qui se veut un lanceur d’alerte et ceux qui défendent mordicus cette famille et exigent que justice soit faite. Cette dernière ne va d’ailleurs pas à tarder à s’en mêler en convoquant ce « justicier » des temps modernes. Convoqué trois jours de suite par la gendarmerie, après la plainte déposée par la famille, il doit répondre, en vertu de la loi sur la cybercriminalité, de plusieurs chefs d’accusation dont la diffamation et le chantage.
Au-delà de cette affaire, un problème de taille se pose depuis l’avènement d’Internet : celui de la liberté qu’a tout un chacun d’insulter, diffamer, traîner dans la boue ou salir la réputation de qui il veut. Pourvu qu’il ait un smartphone (même le plus bas de gamme) et une connexion Internet. C’est bel et bien avec raison, hélas, qu’Umberto Eco fit remarquer que « les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui ne déblatéraient auparavant qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. » Imaginez le tort que peuvent causer ces hordes de crétins à n’importe qui, en l’accusant de tous les maux sans avancer la moindre preuve. Internet a beaucoup d’avantages mais aussi des inconvénients. Le revers de la médaille en quelque sorte.
Ahmed ould Cheikh
lecalame