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un grain de sable pour secouer la poussière...

L’amour au temps du Corona /par Brahim Bakar Sneiba, Ecrivain et Politologue

Jeudi 16 Avril 2020 - 10:33

L’amour au temps du Corona /par Brahim Bakar Sneiba, Ecrivain et Politologue

Le fleuron de la Marine française, le Porte-avions de Gaulle, du nom du Général le plus célèbre depuis Napoléon, est obligé  d’écourter sa mission et de rejoindre Toulon, son port d’attache. Touché ! Par un missile de croisière ; un  Cruise ou un Storm shadow ? Par un hélicoptère Raider X ayant semé les  radars les plus curieux ? Non ! Sait-on finalement : un infiniment petit hérisson  a mis une quarantaine de ses marins en quarantaine. Terrible ironie du sort. David a eu raison de Goliath. Comparaison n’est pas raison, David était au moins visible à l’œil nu et était muni d’un sabre, après avoir ôté son armure par trop encombrante.
 

 Peu de temps de temps avant, les USA se sont vus contraints de jeter dans la bataille du coronavirus, le puissant navire l’USNS CONFORTaux allures futuristes. L’amiral debout sur le pont  en belle tenue chamarrée scrutait l’horizon, à l’affut à d’un ennemi  gigantesque, or le petit bidule virulent était embusqué, collé sur le bastingage ou la proue du bateau, voyant sans être visible.Les mille lits du navire destinés au ‘’ confort ‘’ des militaires de la US Navy sont désormais réservés aux victimes  moribondes du Général Corona. Du coup, le Monde bascule dans l’enfer ici-bas.

Empruntons au super grand réalisateur Francis FordCoppola le titre de son film : Apocalypse now, au lieu de l’Eden espéré. Les lecteurs de l’Absurde se souviendront certainement du roman d’Albert Camus : la Peste, ou bien du ‘’hussard sur le toit" de Jean Giono. Et à la place du roman de Gabriel Garcia Marquez ‘’ L’amour au temps du choléra, l’amour au temps du Corona. Dans l’amour au temps du choléra, le jeune télégraphiste Florentino Ariza aura attendu 50 ans pour retrouver sa bien-aimée, Fermina Daza. Et moi j’attendrais combien de temps avant de pouvoir baiser le front de ma mère, déjà octogénaire ? Quand j’avais essayé de braver les consignes de la distanciation sociale, elle m’a dit, émue «  Non, mon fils, je t’aime bien, mais attendons.» Dans ce calvaire, l’on peut constater que Dieu a autorisé un moratoire sur recommandation cardinale, celle de visiter  les proches. Dieu sous l’empire de sa propre colère.Clair c’est clair ; noir c’est noir.
 

L’humanité tournerait-elle en rond ? Oui, s’il l’on sait que les quatre siècles derniers ont été immanquablement ponctués d’une épidémie ravageuse. Et comme si Dieu voulait bien apostropher les hommes vivant dans les mirages de la vie, il leur fit amener la peste, la fièvre espagnole,  le SIDA, chaque fois que le centenaire se terminait par le nombre 20. Un 20 que les saints et les numérologues (Où est Nostradamus) n’arrivent pas à en déchiffrer la redondance, 1720, 1820, 1920, 2020.

 

L’humanité, objet d’abomination ?
 

Une question, aujourd’hui semble s’imposer à la conscience : l’humanité serait objet d’abomination ? : Comme jadis, du temps d’Abraham, sommes-nous face à l’avant-goût d’un châtiment, à l’instar de Sodome et Gomorrhe ?

Nous pouvons le supposer, tant l’injustice et le dédain de l’humanité battent leur plein. Même si la luxure n’est pas donnée à tout le monde et que la dépravation épargne beaucoup de contrées, pas comme les ‘’Sin cities’’ (les villes du péché), il y a lieu  que l’humanité décide d’un repentir général  ou d’un ressaisissement, avant  que Dieu ne soit excédé. L’Eternel avait patienté avant de châtier les gens de Loth, mais ceux-là jurèrent de violer les anges venus visiter ce prophète. Alors l’Eternel envoya le feu et le souffle annihiler la ville que la fornication et le désordre sexuel avaient envahis. Là je ne voue pas l’humanité à une cruelle abomination. Mais je trouve que le Destin nous a fait des sommations. Dieu n’est pas la petite Cassandre ! Comme à tout grand événement à l’échelle mondiale ou à l’émergence d’un paradigme qui fend  la scène mondiale en fracas, le Corona  fait et fera  couler un énorme flot de salive  et d’encre tsunamesque, n’ayant d’égal que la panique et les ravages du ‘’serial killer’’ alliant sévérité et don d’ubiquité.
 

Récemment, deux de nos plus grands intellectuels ont trempé la plume, chacun à sa façon. L’article du Professeur Mohamed Saleh fut une analyse sociologique pertinente des enjeux de la puissance à la lumière de la pandémie du COVID19 et au paradigme de la mondialisation, dont les contradictions et les avatars sont aujourd’hui plus clairs que jamais. Le diplomate Ahmedou Ould Abdallah- dans toute manière de voir se projette une manière d’être – traite le sujet sous l’angle de son domaine de prédilection : s’occupant du sujet du terrorisme et de la violence  et de leurs zélateurs.
 

Par le passé, dans la course en matière d’industrie de la mort, on parlait de l’équilibre de la terreur et on disait «  la peur a changé de camp ».Aujourd’hui, fatalement, la panique est dans tous les camps. Un seul gladiateur sévit menant un combat asymétrique. Le bidule mortel rappellerait aussi le passe - muraille de Marcel Aymé. A ceci près que Garou Garou, de son vrai nom Dutilleul, traversait, sans en être incommodé, les parois des murs  pour cocufier des hommes mal mariés, tandis que le virus multicornu, s’en prend au mari, concomitamment, à la femme et à leurs enfants. Coïncidence amusante, aussi bien Docteur Raoult ne savait pas que la très ancienne hydroxochloroquine  pouvait soignerla ‘’ coronarite’’ avant qu’il l’administrât  au petit bonheur la chance à ses patients, le Médecin de Garou Garou ne savait pas que la poudre de pirette de tétravalente pouvait empêcher M. Dutilleul de passer à travers les parois des murailles, après l’avoir prescrite longtemps pour une grippe passagère. 
 

Plus que la guerre froide, tout porte à croire que Corona va « surdéterminer » (M. Salah, 2020) notre existence, pour une durée indéterminée. Là, on peut se permettre de paraphraser André Malraux, auquel on attribue cet aphorisme « le XXI ° siècle, sera religieux ou ne sera pas ». Aussi, ce siècle, à l’an I après Corona, sera humain ou il ne sera pas. Car serait-il temps que l’humanité prenne conscience du racisme, de l’injustice qui, comme des métastases, l’affectent profondément ?
 

Au lieu du nouvel ordre économique, faudrait-il penser à un ordre affectif mondial, où l’amour et l’altruisme seraient mondialisés ? Ceci est peut être jouable  avec la Chine, qui, à la faveur du Coronavirus, se met lentement et sûrement  en pole position. L’empire du milieu bénéficierait d’un préjugé favorable : depuis des millénaires il a privilégié la paix, à côté  des nations-Don Quichotte occidentales allumant guerre après guerre, faisant fleurir les industries de la Mort.
 

Brahim Bakar Sneiba

Ecrivain et Politologue

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