Il était 6h du matin lorsque les pneus du Cessna de l’armée de l’air mauritanienne quittent le sol de la base aérienne Oum Tounsi. Le « zéro six, zéro zéro » du copilote confirme l’heure de décollage, tandis que le pilote décrit un large cercle, avec son appareil, autour de l’aéroport international éponyme avant de tourner le dos à l’Atlantique et de faire cap plein est.
Le mécano nous distribue des casques, pour parler et aussi pour nous protéger du bruit de la carlingue. Outre l’équipage constitué de trois membres, nous ne somme que quatre personnes ce qui laisse un seul fauteuil de libre. Le vol se déroule dans le silence. Le pilote vol en dessous des nuages mais, comme il pique tout droit, on passe loin des agglomérations de la route de l’espoir et, bien que je sois resté le nez collé au hublot pendant les trois heures de vol, je n’ai pas aperçu âme qui vive, ni même quoi que ce soit qui pourrait indiquer la moindre présence humaine. Le paysage est vide, calme, sauvage, intact.
Puis soudain, le mécano se lève pour réveiller ceux qui dorment, s’assurer que tout le monde a mis sa ceinture avant de nous annoncer que nous allons atterrir. Et lorsque je lui demande ou est Néma, il m’indique, au loin vers l’horizon, une petite bande noire qui se précise peu à peu ; la piste d’atterrissage. Quelques minutes plus tard les pneus crissent sur l’asphalte flambant neuf de l’aéroport de Néma, inauguré la veille. L’appareil se pose en douceur et, en bas de l’échelle nous attendent quelques militaires ainsi que le directeur délégué de l’institut Themiis pour l’Afrique de l’Ouest, dont le patron est à bord. Le temps de dire au revoir à l’équipage et nous prenons la route, direction les bâtiments imposants de la Wilaya de Néma.
Une première réunion est présidée par le Wali, Cheikh Abdallahi Ould Ewah, un homme affable et surtout un administrateur qui fait parti de cette nouvelle vague de fonctionnaires territoriaux, formés en Occident mais avec cependant de solides références locales. En effet, il est titulaire d’une thèse en droit de l’université de Limoges et il prend le temps de me dire qu’il se rappelle de notre unique rencontre, à Paris, il y a de cela quelques années. Son accueil est très chaleureux et il a un mot pour chacun). Sont présents également l’ambassadeur de l’Union européenne (un italien très affable et qui parle parfaitement français), le vice-président de Themiis, le président du conseil régional et quelques fonctionnaires.
Juste après la réunion on commence à se diriger vers la sortie et, devant le bâtiment de la Wilaya, on voyait arriver, au loin, un détachement d’une quinzaine de véhicules de la Garde Nationale. Certains militaires sont cagoulés et armés jusqu’aux dents : Normal, après tout ils s’apprêtent à escorter une délégation européenne aux confins du désert, en plein zone rouge. Un officier descend du second véhicule et à peine il salue qu’il nous lance « On vous attendait », ce à quoi quelqu’un répond « nous venons de terminer notre réunion ». Mais l’officier, dont les deux étoiles qui scintillent sur ses épaules indiquaient qu’il s’agit d’un Général de Brigade, répond « Vous venez de nous faire perdre 20 minutes ». Il m’est apparu antipathique. Je me suis dit « encore un militaire arrogant ». Tout au long de ce voyage, le Général Yacoub Ould Amar Beyatt allait m’administrer une leçon de vie : Ne jamais juger une personne dès le premier abord. « En voiture », crie un officier et le convoi remonte vers la dorsale de Dhar et traverse la passe d’El Behga, direction Achemim.
La route Néma-Achemim est chaotique et les militaires roulent vite. Nous longeons le futur goudron Néma-Nbeïkett Lahwach, en travaux et dont la livraison est prévue dans quelques semaines. Le convoi contourne le village d’Achemim pour s’arrêter devant des tentes dressées pour l’occasion. La fête bat déjà son plein. L’accueil est chaleureux au propre comme au figuré, le soleil tape fort mais l’ambiance est bon enfant. La cérémonie commence. Discours officiels, celui du maire, puis celui de l’ambassadeur UE et enfin celui du Général Misgharou Ould Sidi. Tous ensuite se dirigent vers le détachement de la Garde Nomade, parfaitement aligné en un salut martial.
Le Lt-colonel Khalil Ould Mohamed Saleh, commandant de la GN explique brièvement l’utilité des éléments du harnachement et de l’armement, ensuite, symboliquement, l’ambassadeur UE monte à dos de chameau et effectue un prudent tour d’honneur, sous les rires des habitants massés tout autour. Son épouse lui lance un « stai attento » qui se perd au milieu du joyeux brouhaha. On retrouve ensuite avec plaisir l’ombre des tantes, puis on nous sert des mets locaux. Le Général Misgharou, que je connaissais déjà, m’invite à m’assoir à côté de lui et commence à me moquer gentiment, me disant que je dois faire attention à ne pas abuser des bons plats de Oualata. Je me disais intérieurement que cela fait plaisir de retrouver un Général gentil, l’apostrophe initiale du Général Yacoub me resonne encore aux oreilles.
En milieu d’après-midi, le Général Misgharou, l’ambassadeur européen et le gros des officiels reprennent la route de Néma. Quant à nous, nous allons rester encore quelques jours sur place. Je rejoins ma tante, en compagnie du Colonel Abou El Maali Ould Amar, un officier d’un flegme britannique et d’une rare honnêteté intellectuelle, comme j’allais en faire l’expérience à maintes reprises.
Notre périple ne faisait que commencer…
A suivre…
Le mécano nous distribue des casques, pour parler et aussi pour nous protéger du bruit de la carlingue. Outre l’équipage constitué de trois membres, nous ne somme que quatre personnes ce qui laisse un seul fauteuil de libre. Le vol se déroule dans le silence. Le pilote vol en dessous des nuages mais, comme il pique tout droit, on passe loin des agglomérations de la route de l’espoir et, bien que je sois resté le nez collé au hublot pendant les trois heures de vol, je n’ai pas aperçu âme qui vive, ni même quoi que ce soit qui pourrait indiquer la moindre présence humaine. Le paysage est vide, calme, sauvage, intact.
Puis soudain, le mécano se lève pour réveiller ceux qui dorment, s’assurer que tout le monde a mis sa ceinture avant de nous annoncer que nous allons atterrir. Et lorsque je lui demande ou est Néma, il m’indique, au loin vers l’horizon, une petite bande noire qui se précise peu à peu ; la piste d’atterrissage. Quelques minutes plus tard les pneus crissent sur l’asphalte flambant neuf de l’aéroport de Néma, inauguré la veille. L’appareil se pose en douceur et, en bas de l’échelle nous attendent quelques militaires ainsi que le directeur délégué de l’institut Themiis pour l’Afrique de l’Ouest, dont le patron est à bord. Le temps de dire au revoir à l’équipage et nous prenons la route, direction les bâtiments imposants de la Wilaya de Néma.
Une première réunion est présidée par le Wali, Cheikh Abdallahi Ould Ewah, un homme affable et surtout un administrateur qui fait parti de cette nouvelle vague de fonctionnaires territoriaux, formés en Occident mais avec cependant de solides références locales. En effet, il est titulaire d’une thèse en droit de l’université de Limoges et il prend le temps de me dire qu’il se rappelle de notre unique rencontre, à Paris, il y a de cela quelques années. Son accueil est très chaleureux et il a un mot pour chacun). Sont présents également l’ambassadeur de l’Union européenne (un italien très affable et qui parle parfaitement français), le vice-président de Themiis, le président du conseil régional et quelques fonctionnaires.
Juste après la réunion on commence à se diriger vers la sortie et, devant le bâtiment de la Wilaya, on voyait arriver, au loin, un détachement d’une quinzaine de véhicules de la Garde Nationale. Certains militaires sont cagoulés et armés jusqu’aux dents : Normal, après tout ils s’apprêtent à escorter une délégation européenne aux confins du désert, en plein zone rouge. Un officier descend du second véhicule et à peine il salue qu’il nous lance « On vous attendait », ce à quoi quelqu’un répond « nous venons de terminer notre réunion ». Mais l’officier, dont les deux étoiles qui scintillent sur ses épaules indiquaient qu’il s’agit d’un Général de Brigade, répond « Vous venez de nous faire perdre 20 minutes ». Il m’est apparu antipathique. Je me suis dit « encore un militaire arrogant ». Tout au long de ce voyage, le Général Yacoub Ould Amar Beyatt allait m’administrer une leçon de vie : Ne jamais juger une personne dès le premier abord. « En voiture », crie un officier et le convoi remonte vers la dorsale de Dhar et traverse la passe d’El Behga, direction Achemim.
La route Néma-Achemim est chaotique et les militaires roulent vite. Nous longeons le futur goudron Néma-Nbeïkett Lahwach, en travaux et dont la livraison est prévue dans quelques semaines. Le convoi contourne le village d’Achemim pour s’arrêter devant des tentes dressées pour l’occasion. La fête bat déjà son plein. L’accueil est chaleureux au propre comme au figuré, le soleil tape fort mais l’ambiance est bon enfant. La cérémonie commence. Discours officiels, celui du maire, puis celui de l’ambassadeur UE et enfin celui du Général Misgharou Ould Sidi. Tous ensuite se dirigent vers le détachement de la Garde Nomade, parfaitement aligné en un salut martial.
Le Lt-colonel Khalil Ould Mohamed Saleh, commandant de la GN explique brièvement l’utilité des éléments du harnachement et de l’armement, ensuite, symboliquement, l’ambassadeur UE monte à dos de chameau et effectue un prudent tour d’honneur, sous les rires des habitants massés tout autour. Son épouse lui lance un « stai attento » qui se perd au milieu du joyeux brouhaha. On retrouve ensuite avec plaisir l’ombre des tantes, puis on nous sert des mets locaux. Le Général Misgharou, que je connaissais déjà, m’invite à m’assoir à côté de lui et commence à me moquer gentiment, me disant que je dois faire attention à ne pas abuser des bons plats de Oualata. Je me disais intérieurement que cela fait plaisir de retrouver un Général gentil, l’apostrophe initiale du Général Yacoub me resonne encore aux oreilles.
En milieu d’après-midi, le Général Misgharou, l’ambassadeur européen et le gros des officiels reprennent la route de Néma. Quant à nous, nous allons rester encore quelques jours sur place. Je rejoins ma tante, en compagnie du Colonel Abou El Maali Ould Amar, un officier d’un flegme britannique et d’une rare honnêteté intellectuelle, comme j’allais en faire l’expérience à maintes reprises.
Notre périple ne faisait que commencer…
A suivre…
Hacen Lebatt ( source FB )