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Ghazouani : entre un passé qui l'accuse et un avenir qui doit le disculper, comment peut-il s'en sortir ?

Mercredi 3 Juin 2020 - 07:33

Ghazouani : entre un passé qui l'accuse et un avenir qui doit le disculper, comment peut-il s'en sortir ?
Le 23 mai 2020, une somme de 20 millions sept cent mille ouguiyas est distribuée au profit de nécessiteux mendiants pour la plupart par l’institution « Mauritanie sans mendicité », relevant du ministère de l’intérieur et de la décentralisation.

On peut lire dans cette information publiée par l’Agence Mauritanienne d’information (AMI) que « cette assistance humanitaire avait pour objectif d’atténuer les conséquences sociales du coronavirus et d’améliorer les conditions de vie de cette frange sociale de la population ».

Toujours selon cette agence officielle, le Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, a précisé que son département entendait par ce geste « matérialiser la vision profonde du Président de la République, M. Mohamed Cheikh El Ghazouani, exprimée dans son programme ‘’Taahoudaty’’ qui vise, entre autres, à bannir la mendicité en Mauritanie ». Et de conclure : « mon département cherche par cette assistance à soulager cette frange démunie ».
Cette opération qui a fait appel à l’expertise du Ministère des Affaires Sociales de l’Enfance et de la Famille et celle du Commissariat aux Droits de l’Homme à l’Action Humanitaire et des Relations avec la Société Civile est une action contreproductive qui va en contresens des recommandations faites par le président de la République.

Le président de la République dans ses « Mes engagements » document de référence de sa politique a déclaré vouloir faire mettre en œuvre « rapidement un programme d’action garantissant la réinsertion effective des mendiants dans la vie active pour mettre fin une fois et pour toute à leur activité de mendicité ».
Si, l’organisation ‘’ Mauritanie sans mendicité’’, veut lutter contre la mendicité et par ailleurs elle donne la charité par voie officielle, on n’est pas sorti de l’auberge. On est plutôt resté à l’intérieur de l’auberge parce qu’on ne traite pas « le mal par le mal ».
Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau président, on constate que beaucoup d’actions sont lancées sans étude et sont menées dans le désordre et l’anarchie. Certaines de ces actions ne servent que de couloirs pour certains activistes qui profitent des moyens véhiculés par ces programmes pour détourner les deniers publics de leur trajectoire à leur propre profit ou celui de leurs proches.

Le Président Ould El Ghazouani a pris des engagements. En prenant ces engagements, il a de facto signé un pacte de « non abus de confiance » avec des citoyens depuis trois décennies trahis, trompés, leurrés, et volés après avoir été pris au piège par des slogans leur promettant de réels changements.

Quoiqu’il en soit, cette distribution d’argent aux mendiants, un exemple entre autres, est en fait plutôt un encouragement à la pratique de la mendicité. Simplement parce que c’est une vérité de la Palice. Si ces bénéficiaires n’étaient pas des mendiants, ils n’auraient pas bénéficié de cette manne financière. Conséquence psychologique de cause à effet de cette action, le mendiant conclut : je suis, je suis considéré comme tel, donc je reste.

Président Incompris, mal compris ou tout à la fois ?

Depuis août 2019, plus on avance dans le temps, plus on a comme l’impression que le Président Ould El Ghazouani est « envoûté » pour diriger le pays « sous hypnose » en laissant la gestion aux mains de certains responsables qui ont vraiment du mal à changer leur mentalité rétrograde héréditaire, ou qui sont, ce qui peut être plus grave encore, peut être « des infiltrés » dans son régime, en mission de sabotage délibéré pour faire croire que rien n’a vraiment changé ce que pensent d’ailleurs maintenant plus de 70 % de mauritaniens toutes tendances confondues.
Una année après son arrivée au pouvoir, Ould El Ghazouani, profondément « touché » par la situation dans laquelle vivent certains citoyens s’est investi très rapidement dans la recherche de solutions appropriées pour améliorer les conditions de vie des populations très difficiles, conséquence de la mauvaise gestion héritées de passés au pluriel. Sa sincérité, sa bonne foi, sa bonne volonté, son honnêteté morale et religieuse additionnés ont du mal à contrecarrer des pressions négatives exercées comme pour le faire échouer dans sa mission. Pour preuves :

1. le Président avait, en gage de bonne volonté, commencé une série de concertation avec les différentes composantes de la classe politique. Celles favorables au régime et celles affiliées à l’opposition. Il donne aujourd’hui l’impression d’avoir été ralenti dans sa lancée et c’est pourquoi certains observateurs avertis se demandent d’ailleurs pourquoi. Depuis l’étranger, Birame Ould Dah Ould Abeid, député en pole position de l’opposition, dans un enregistrement audio récemment largement partagé sur les réseaux sociaux a déclaré avoir été découragé dans sa lancée vers un rapprochement avec le pouvoir parce Ould El Ghazouani n’a pas tenu ses promesses. Il dit d’ailleurs sans détour et sans mâcher ses mots, que depuis l’audience qui lui a été accordée par le nouveau président rien jusqu’ici n’a concrétisé les engagements que le président Ghazouani avait pris lors de leur rencontre. Il conclut de ce fait qu’Ould Ghazouani n’est pas plus et pas moins que le prolongement des régimes qui l’ont précédé.

2. Le Président avait promis de mettre des moyens consistants au service d’un ambitieux programme de lutte contre l’extrême pauvreté « TAAZOUR » (expression de pitié). Le programme a été mis en place pour accompagner sa vision humanitaire et sociale de la situation et pour apporter une solution urgente afin de parer au plus pressé pour résoudre les problèmes de citoyens meurtris par la misère et la pauvreté. Il a tenu sa promesse, mis en place ce programme, dégagé des fonds nécessaires à la concrétisation et fait lancer les activités. Son projet ambitieux pour lequel les moyens matériels et humains sont réunis est entrain de se transformer en luttes intestines pour la promotion de cadres triés à la volée par la solidarité sociale et tribale pour les préparer aux détournements en vase clos et circuits fermés.

3. Il a donné des instructions fermes pour épauler de toute urgence les éleveurs afin de les accompagner dans la traversée de cette période de soudure particulièrement difficile. Le ministre du développement rural s’est exécuté dans des conditions extrêmement contraignantes par une gestion transparente et rigoureuse du projet. Des trouble-fête sont entrain d’activer leurs vieilles méthodes révolues pour essayer de détourner l’impacte de l’opération de son objectif. Déjà, par leurs vieilles méthodes rodées et ils se sont lancés dans des pratiques frauduleuses en achetant les produits et denrées de l’opération spéciale à prix subventionnés pour les injecter sur le marché dans d’autres emballages en les vendant à des prix spéculés.

4. Pour faire face à la pandémie du Coronavirus, le président de la République a lancé un vaste programme de riposte. Il a mobilisé des moyens matériels et financiers consistants et il s’est lancé en personne dans une collecte de fonds qui a porté ses fruits. Le ministre de la santé et ses équipes font un travail titanesque avec des ressources humaines qui n’étaient pas préparées pour une telle ampleur de la situation. Des activistes de la diversion qui avaient été bloqués dans les trafics de faux médicaments tentent de le faire échouer dans sa mission par vengeance. Ils ont mis en action des nouveaux procédés de détournements de deniers publics qui contournent la vigilance du ministère en se lançant dans des opérations de fourniture de consommables médicaux, de prestations de services de ravitaillements sous forme de surfacturations pour un pillage des deniers publics destinés aux urgences de la riposte.

5. Le président s’est rapproché de la presse pour la faire réconcilier avec elle-même, la faire renouer avec sa mission réelle et pour la mettre à contribution pour une reforme mieux adaptée à l’exercice de la profession et à l’éthique du métier. Le message du président a été bien perçu par les journalistes même ceux qui étaient très réticents à le croire. Des responsables au niveau de certains départements ministériels au lieu de faire recours aux journalistes pour faire le travail de communication, se sont substitués à ces journalistes, aux imprimeurs et aux agences de communications pour détourner les marchés à leur propre profit.

6. Le président a demandé de rechercher des solutions urgentes pour soutenir au plus vite les plus pauvres des plus pauvres. Des fonctionnaires qui se sont taillés des salaires astronomiques croisent les bras derrière des incompétences pour faire échouer l’impacte des projets mis en place par le président. Les distributions de paniers et d’argent ont été effectuées dans la complaisance, et sur la base d’intérêts politiques d’activistes rodés dans le détournement des moyens de l’Etat.

Le pauvre président, confiné par son silence, on abuse de sa confiance.
En conclusion. Le Général au pouvoir est-il donc entrain de se battre seul sur plusieurs fronts ? Se retrouve t-il dans la réalité perdu dans un caserne « militaire » où les soldats sont des civils pas formés pour obéir aux ordres ? La progression du Général Montgomery mauritanien sur le champ de bataille ne donne t’elle pas l’impression d’être ralentie par une guérilla lancée par des ennemis qui cherchent à transformer ce qu’il fait de positif en négatif ?

Pauvre Ghazouani. Homme de morale immaculée, il est coincé entre une « mésentente profonde » avec son ami et frère Mohamed Ould Abdel Aziz sur certaines questions d’intérêt national et une classe politique qui ne lui donne pas encore le temps d’apporter des preuves aux arguments par lesquels il veut convaincre ceux qui le jugent qu’il est tout le contraire de ce qu’ils pensent de lui. Ce qui le place dans une situation ambigüe,.

Pauvre Ghazouani. Son prédécesseur lui a fait un cadeau empoisonné en lui remettant clés à main un pays en déconfiture, en faillite économique, politique, social et morale. Dans la discrétion qu’on lui connait il se bat pour protéger le maximum de responsables hérités de l’ancien régime des menaces que fait peser sur eux leurs implications dans la mauvaise gestion de certains projets faisant l’objet en ce moment d’une enquête parlementaire de conséquences qui risquent d’être fatales pour eux.

Pauvre Ghazouani. Il a déjà donné le feu vert pour le lancement de programmes d’intervention rapide pour apporter assistance matérielle et financière à des dizaines de milliers de mauritaniens, mais ses instructions sont entachées d’irrégularités par les manigances de certains à qui il faisait confiance mais qui semblent retourner leurs redoutables armes contre lui en biaisant les objectifs de l’action.
Pauvre Ghazouani. Il donne l’impression d’un urgentiste appelé à prodiguer les premiers soins aux malades d’une décennie de gestion catastrophique mais malheureusement qui se retrouve entouré d’un personnel d’assistance composé d’élément décriés incompétents ou inconscients.

Pauvre Ghazouani. Un homme qui, par sa crédibilité sur le plan international, a fait drainer des moyens énormes pour des programmes de redressement, de développement, d’assistance en cette période difficile d’accès aux financements. Le voilà qui se retrouve « braqué » par des détourneurs de fonds récidivistes qui poursuivent des activités illicites dont ils sont accros irréductibles.

La Mauritanie est un pays malade. Très malade. Malade d’insuffisance rénale aigue qui nécessite une dialyse rapide pour renouveler tout le sang contaminé par le virus de gabegie qui circule dans les veines des rouages de l’Etat depuis une décennie. La Mauritanie est un pays malade. Malade d’insuffisance respiratoire aigue qui va nécessiter un long séjour en salle de réanimation si un vaccin n’est pas administré sans tarder aux malades des séquelles du pillage de nos ressources.

Ould Ghazouani doit agir vite, pour sauver de la Mauritanie ce qui peut l’être encore. Comme dit le proverbe : « une seule main ne peut pas applaudir ». Il lui faut donc chercher l’autre main qui lui manque. Où ? Il est sensé savoir.

Mohamed Chighali

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