Voilà plus de trois mois que la planète Terre traverse une crise sanitaire inédite avec la propagation d’un virus que les scientifiques ont appelé COVID 19. Évitant un cynisme à faire froid dans le dos en un tel moment, je n’irai pas jusqu’à dire qu’à quelque chose malheur est bon. Cependant, il faut tout de même noter que cette pandémie dont les victimes approchent cent mille morts à travers le Monde démontre combien celui-ci vivait, dans son globalité, en pleines illusions.
Les voilà balayées d’un revers de virus face auquel les systèmes sanitaires des pays les plus puissants se sont révélés totalement dépassés. Visiblement, l’Humanité est loin d’être à l’abri des grosses catastrophes sanitaires – à l’instar des pestes, choléras, varioles, grippes en tout genre, Sida ou Ebola responsables de tant d’hécatombes. Et, paradoxalement ce sont ses « grandes » nations qui sont les plus désemparées en dépit de leur système sanitaire high-tech. Le Monde entier est complètement bouleversé. Le COVID 19 lui impose de tout revoir de fond en combles.
Tous les pays se retrouvent sur la même ligne, pour un nouveau départ vers des lendemains fragilisés par les incertitudes générées par l’impromptue provocation de la Nature. Chez nous, la pandémie a suscité un extraordinaire élan de solidarité et une capacité populaire à se conformer, dans l’ensemble, aux mesures dites barrières susceptibles de maintenir l’impitoyable virus à distance. Est-ce par peur ou par discipline que le peuple respecte les consignes ?
Peu importe, l’essentiel étant d’observer les seuls comportements réputés salvateurs, à ce jour, pour se prémunir contre une infection incontrôlable. « Pas de remerciement pour un devoir », disent à juste titre les Arabes. Merci tout de même au gouvernement pour la promptitude de sa réaction, via de nombreuses mesures, et pour sa fermeté dans leur application, malgré « le trop d’affaires » de certains internautes qui parasitent le combat avec des publications inconvenantes, irresponsables et à base d’informations généralement infondées, frisant surtout le dénigrement personnel envers des ministres se démenant pourtant comme de beaux diables pour accomplir leurs missions.
« Grâce » au COVID19, les caisses de l’État se renflouent d’un argent providentiel donné çà et là par des hommes d’affaires, des établissements privés, des administrations publiques, des multinationales et autres personnalités nationales. Des fonds à hauteur de plusieurs milliards qui devraient, en principe, servir la lutte contre le coronavirus : achat d’équipements sanitaires et programmes d’urgence au profit des populations vulnérables obligées au confinement. « Il n’y a pas de choix dans les biens des gens », dit un adage de chez nous. Comme cela est vrai ! Mais à voir le volume des contributions, des interpellations s’imposent. Par exemple : comment la contribution d’un seul individu peut égaler celle d’une grosse société internationale comme Polyhone Dong « autorisée », elle, à piller nos ressources halieutiques nationales pendant vingt-cinq ans ?
Ou comment celle d’une multinationale comme Tasiast n’atteint même pas la moitié du don d’un homme d’affaires qui a souffert, lui, d’injustice pendant plus de dix ans ? Selon certains spécialistes, le COVID 19 atteindra son pic dans quelques jours. Et devrait disparaître comme il est apparu : de façon imprévisible. L’espérance est donc permise. Les autorités doivent maintenant comprendre que le prochain combat est celui de bâtir un système sanitaire performant capable d’une véritable riposte, puisque l’Humanité ne sait pas de quoi demain sera fait. Pour cette fois, espérons-le, la baraka et quelques menus efforts auront suffi à éviter le pire. Suffiront-ils pour la prochaine ? Rien n’est sûr. La sentence selon laquelle « gouverner, c’est prévoir » n’a jamais été autant d’actualité.
El Kory Sneiba