Créée en 2012 et reconnue officiellement en 2014, la Maison Familiale Rurale de Kaédi (MFRK) est un espace de formation professionnelle et d’insertion entrepreneuriale. Elle s’insère dans un mouvement mondial des « Maisons Familiales Rurales (MRF) » et constitue un véritable creuset de vie associative, familiale et d’apprentissage de la vie sociale.
La présidente de la Maison Familiale Rurale de Kaédi, Mme Roghaya Mint Cheikh Ahmedna, ambitionne de dupliquer l’expérience novatrice de ce modèle dans plusieurs zones rurales du pays. C’est lors d’un voyage au Maroc, qu’elle découvrira une structure de formation professionnelle originale, dotée d’un Internat et dont le but est d’offrir des perspectives professionnelles aux jeunes marocains. Elle découvre pour la première fois une Maison Familiale Rurale (MFR) et apprend qu’il en existe déjà des modèles installés dans plusieurs pays à travers le monde, mais encore dans des pays très proches de la Mauritanie, comme le Sénégal, le Mali, entre autres, qui comptent déjà pour certains d’entre eux, une trentaine ou plus de maisons familiales rurales, alors qu’il n’en existe aucune en Mauritanie. Toutes ces maisons s’étaient inspirées de structures nées en France.
De retour à Kaédi, Mme Roghaya parvient à convaincre plusieurs familles à se joindre à elle pour la création d’une maison famille rurale à Kaédi. Ce qui fut fait en 2012, avant la reconnaissance officielle en 2014.
Un premier cycle d’une année de formation a ainsi démarré en 2016 et a profité à une vingtaine de jeunes de Kaédi sur deux filières, agriculture et élevage. Deux moniteurs, sortant de l’Ecole nationale de formation et de vulgarisation agricole (ENFVA) de Kaédi sont recrutés pour l’encadrement des élèves.
Sur la Maison familiale de Kaédi, Mlle Maïmouna Samaké, Monitrice dans la filière Agriculture, n’a pas caché sa satisfaction devant les perspectives qu’une telle structure offre à une jeunesse désœuvrée et presque perdue. Elle a invité les jeunes Kaédiennes et Kaédiens « à s’intéresser à cette institution pour suivre une formation qui leur permettra de gagner leur autonomie ». Quant à Aboubacry Abdoul Sow, Moniteur dans la filière Elevage, il trouve que « cette expérience pilote en Mauritanie a encore du chemin à parcourir, même si déjà beaucoup a été fait grâce au dynamisme et la contribution des familles membres et des moniteurs ». Selon lui, « les moyens sont encore limités, matériel pédagogique, outils de travail, comme le matériel vétérinaire pour les travaux publics ».
La Maison familiale de Kaédi a noué de nombreux partenariats, notamment avec ses homologues en France, comme la Fédération départementale des MFR d’Indre-et-Loire, qui lui ont alloué une subvention conséquente. Elle prend en charge les salaires de certains personnels de la Maison, celui du Directeur du centre et des deux moniteurs.
La formation, qui profite essentiellement aux jeunes issus de familles d’agriculteurs et d’éleveurs, repose sur une « Pédagogie de l’Alternance » qui allie leçons théoriques dans les salles et pratiques sur le terrain dans les champs et auprès des bêtes familiaux. Elle dure deux ans dans les deux filières, agriculture et élevage, sous la supervision de moniteurs et de maîtres de stage. La première promotion de la Maison familiale de Kaédi est sortie en avril 2017.
Cette institution a pour principal objectif, la lutte contre l’exode rural des jeunes et leur insertion dans un tissu économique local, à travers l’auto-emploi et la création d’entreprises familiales modernes. Elle constitue une bouée de sauvetages pour les jeunes Mauritaniens, face aux taux exorbitants des échecs dans les examens nationaux, si l’on sait que les moyennes d’admission au baccalauréat dépassent rarement 8% par an et que l’Université forme plus de chômeurs.
Cette déscolarisation accélérée de la jeunesse mauritanienne et les faibles opportunités de travail poussent de plus en plus de jeunes, surtout en milieu rural ou semi-rural, à quitter leur village, leur quartier ou leur ville, pour trouver des opportunités dans la ville voisine la plus proche, à Nouakchott, Nouadhibou ou Zouerate, ou tout simplement à l’extérieur.
Les Maisons familles rurales constituent dans ce cadre un exemple de mobilisation d’une société civile capable de se prendre en charge, d’agir pour améliorer la situation des jeunes, voire d’apporter des alternatives de qualité là où les défaillances sont criantes.