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Interview Exclusive avec Biram Dah Abeid

Dimanche 28 Février 2021 - 14:13

« Selon les échanges que j’ai eus avec les hautes autorités politiques du pays, il y aura dans moins d’une semaine, une proposition de dialogue et de concertation par thématique »


Interview Exclusive avec Biram Dah Abeid

Après les élections présidentielles  de 2019, votre mouvement continue-t-il  sur la même dynamique de contestation et de dénonciation des violations  des droits de l’homme en Mauritanie ?

Biram Dah Abeid : Je vous remercie infiniment. En effet ,  notre mouvement IRA -MAURITANIE est toujours animé des mêmes objectifs  et de manière inlassable, objectifs qui sont :  la fin du racisme domestique et d’ Etat,  la  fin de l’esclavage ,  la rupture avec les violations de droits de l’homme  et  avec tous les anachronismes,  tous les restes  de l’arbitraire au sein de l’appareil d’Etat  mauritanien.  Donc nous restons sur cet objectif, sur ce programme, sur cette ligne.  Néanmoins,  le pouvoir a changé  de fusil d’épaule.  Comment le pouvoir a changé de fusil d’épaule ? : Du temps d’Aziz  c’était l’attaque frontale, la violente physique morale politique et sociologique  contre les défenseurs  des droits de l’homme  que nous sommes, contre le parti Rag. Depuis son  arrivée au pouvoir,  le  président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani  a adopté une nouvelle approche dans ses rapports avec nous.  Il  dit  mettre  fin aux campagnes de diabolisation dont  son prédécesseur faisait tous azimuts  contre IRA   et contre le parti Rag.  IRA n’est plus traitée  dans le discours  officiel comme ennemi de la République, de l’islam, de la nation, un  valet  des  juifs et  des impies,   comme 5eme colonne de l’occident.  IRA et le parti Rag ,  leurs dirigeants  et leurs  militants ne  sont plus traités  et considérés   comme des pyromanes ,  des racistes, des violents, des criminels, dans le discours  officiel .
 
 Il l a été mis fin aux arrestations,  aux harcèlements,  à  la  torture des gens de IRA du moins jusqu’à   présent,  jusqu’à  preuve  du contraire.  Il a été mis  fin à  la privation de IRA, du parti  Rag, et de leurs militants  de se réunir , du droit de  contact avec leurs  partisans  à  Nouakchott  et à  l’intérieur  du pays. Comme vous le savez, nous étions interdits  de déplacement à l’intérieur du pays  sous l’ancien régime, sauf pendant les moments d’élections.  Maintenant  IRA et le parti  RAG se réunissent  au grand jour ,  tiennent  leurs  conférences  de presse au grand jour où  ils veulent et quand il veulent ; ceci tranche beaucoup avec le temps de l’arbitraire ;  Et aussi nous sommes  entrés   dans une phase de règlement  des  tares  de la gouvernance  démocratique et en concertation avec le pouvoir.  C’est pourquoi on a discuté avec le pouvoir et on a réussi à obtenir le système  déclaratif pour les associations.  Désormais  il  n’y aura  plus d’organisations  non reconnues dès  que cette loi qui a déjà  passé par le  parlement, entre en vigueur.  Avec la même démarche, on   va  apporter au régime   des partis politiques la même dose et  le même apport pour normalise la situation de tous les groupes et mouvements  politiques et des droits de l’homme.  Donc cette phase va inaugurer le règlement et la normalisation de la situation de tous les partis et mouvements qui étaient interdits ou non autorisés ou non   reconnus. 
 
Le Rénovateur : Par rapport à ce que vous venez dire au sujet de cette reconnaissance dont vous vous  réjouissez,  est ce qu’on a espoir que bientôt IRA , Rag et toutes les autres organisations politiques , associations  non reconnues pourront l’être  très bientôt ?

Ah oui très bientôt, avec le système déclaratif qui a été voté en faveur des associations,  IRA,  ne touche pas à ma nationalité et toutes les autres associations des veuves, des  rescapés,  d’orphelins  vont profiter de cette  reconnaissance de fait  et vivre désormais dans un cadre cadre légal. Et  après cette phase,  on va attaquer  une autre phase de discussions  avec le pouvoir sur le  règlement de la situation des partis  politiques  comme le Rag  et le FPC et d’autres  pour qu’ils trouvent aussi dans  cette nouvelle phase de gouvernance plus démocratique, sous ce  nouveau régime législatif, une nouvelle vie dans l’apport militant et la compétition politique. Dans ce cadre de normalisation de l’Etat de droit, notre situation qui n’est plus une situation  de confrontation physique et  juridique  avec le pouvoir. Le pouvoir d’avant Ould Ghazouani   était dans une logique de confrontation physique et juridique avec nous, maintenant la situation tant vers l’apaisement, la concertation et le respect réciproque. Avant  on n’avait  pas le droit de se réunir,   c’est la répression de toutes les réunions,  de toutes les manifestations, la tendance même à éradiquer notre existence physique. Et maintenant ce n’est plus le cas. 
 
 Notre confrontation  avec le pouvoir en place,  s’inscrit  dans  une confrontation  d’idées  et de programme politique comme en toute démocratie; Mais  il faut dire que  sur les questions de fond , le pouvoir actuel n’a  pas  encore bougé sur les questions de  l’esclavage , du  racisme domestique et d’Etat sur le passif  humanitaire ,  la situation des déportés au Sénégal,  au Mali  ,  l’état  de la diaspora mauritanienne constituée  surtout de  negro-mauritaniens qui ont quitté la Mauritanie sous le poids des  pesanteurs, contraintes et menaces du racisme d’Etat   pendant les années de braise  et  d’exclusion. Ces situations requièrent l’application des remèdes importants proposés  dans notre programme politique, dans notre projet de société pour la Mauritanie de demain. Donc sur la question de la forme de la démocratie nous sommes  en train de normaliser  nos relations  avec le pouvoir et ses rapports toutes  les autres communautés politiques  et des droits de l’homme  qui étaient en conflit  avec le régime précédent et dont les  droits  d’existence étaient  mis en cause , de même que  leur sécurité. 
 
Tout récemment certains milieux politiques ont prêté au Président Mohamed Ould   Cheikh  une offre de dialogue social au lieu d’un dialogue politique. Si oui,   pensez vous que  le jeu en  vaut la chandelle ?  

Ecoutez, une voix autorisée du pouvoir du président  Mohamed Ahmed Cheikh El  Ghazouani a  récusé  ce terme de dialogue social en se défendant que le régime en est l’instigateur de cette formule.  Néanmoins le président avait évoqué  avec nous un dialogue  par thématique, une concertation thématique plutôt.  Il récuse le mot dialogue … Pour notre part  , on n’y voit  pas d’inconvénients  dès lors  que toutes les thématiques importantes  et déterminantes soient inclues telle que  la thématique de l’unité nationale, à savoir  l’esclavage et ses séquelles,  la cohabitation et le passif humanitaire y compris la question des déportations, les  disparitions  forcées, les  expropriations des biens notamment terriens … 

On peut néanmoins escompter de  manière imminente selon les échanges que j’ai eus  avec les hautes autorités  politiques  du pays qu’il y aura une proposition de dialogue et de concertation par thématique  qui inclut non seulement la  gouvernance démocratique :  c’est  a dire le recensement,  la liste électorale ,  le code électoral le découpage électoral ,  la commission électorale  nationale indépendante  etc…  Mais aussi une autre thématique qui concerne l’unité nationale, la  question des passifs et actifs lourds, constitués  des  disparations  forcées ,  des déportations , des expropriations des terres,  de la problématiques  des langues etc, il  y aura aussi  des thématiques sur  l’indépendance de la justice,  sur l’environnement, l’écologie , les industries extractives ,   les  richesses du pays  , l’extraction et la distribution des richesses . Bientôt de manière très imminente,  dis- je, dans moins d’une semaine il  y aura le  déclenchement d’une proposition en ce sens.
 
Le Rénovateur : Combien de fois   aviez été  reçu  par le  président  de la République  depuis son arrivée  au pouvoir et sur quoi ont porté vos  discutions  

BDA : J’ai été reçu trois fois par le président Mohamed Cheikh Ould Ghazouani.  La première fois après son installation,   deux ou trois mois après son investiture je  me rappelle  bien avoir fait une conférence de presse pour rendre compte aux médias.  Mais après cette  rencontre, (le chat échaudé craint le froid),  j’ai cru déceler  la continuité de la même gouvernance arbitraire exclusionniste raciste, sectariste  anti-droit de « l’hommiste »  et  anti-démocratique.  C’est  pourquoi les 17 et 18 février 2020 à  Genève lorsque je recevais  le prix du courage de la conférence de Genève sur les droits de l’homme et la démocratie, j’ai attaqué  de manière acerbe le pouvoir et son développement à  mes yeux qui représentaient   un redéploiement du racisme d’Etat qui  se conjuguent  avec l’apartheid.  Après cette véhémente sortie  qui vient  du cœur,  sans calcul,  le contact  a été renoué entre le Président de la République et moi. On s’est beaucoup expliqué  et le Président m’a démontré qu’il veut  faire des pas en avant concernant la déconstruction de l’arbitraire  dans le domaine  démocratique. Evidemment,  ma principale revendication n’est pas que le président Ghazouani  substitue  mon projet de société au sien. Loin s’en faut ! 
 
 Ma revendication majeure   est  que la compétition démocratique  entre nous  et eux , entre nous en tant qu’opposition de principe , opposition  de programme à  ce pouvoir   soit garantie  pour  que nous ayons  aussi des partis et des organisations reconnues qui peuvent competir légalement, mais aussi  que les institutions d’arbitrage  de la démocratie  soient  revues  et refondées  comme le recensement des populations, le recensement électoral,  le code électoral,  la CENI,  le conseil constitutionnel le découpage  électoral …  Si on obtient  à  refonder  tous ces paliers  sur lesquels se greffe l’arbitraire démocratique,  si on réussit  à  lessiver  tous ces  niveaux de la chaine de l’arbitrage démocratique,  pour en faire de véritables institutions  d’arbitrage, personnellement, je pense que dans une compétition légale et démocratique,  nous allons gagné  et nous allons prendre le pouvoir de manière démocratique par les urnes.  Donc c’est   sur ces points que  nous nous sommes  focalisés  dans nos échanges et  nos négociations avec le pouvoir au lieu de se focaliser sur les questions des programmes politiques des uns ou des autres. De toutes les façons notre programme  et le leur sont  opposés  et  sommes sûrs  que le  notre aura la victoire si on fait une compétition  sur un terrain de neutralité   démocratique  ouvert.  En prenant   l’exemple de Mandela qui a exigé  du pouvoir de l’Apartheid d’accepter  d’introduire un principe majeur : « un homme une voix »,  l’ANC  balaya   le pouvoir  ségrégationniste sans coup férir.
 
 Le Rénovateur : Tout dernièrement  vous avez qualifié de non événement la dissidence  d’un groupe au sein de votre mouvement pourquoi une telle qualification ?

 En vérité ça ne constitue  pas un événement au sein de IRA  parce que vous pouvez bien vous rappeler  en tant que journaliste que le premier  président  du parti Rag  a  fait défection avec son  secrétaire général  en 2014. Est- ce que cela  a diminué les forces d’IRA dans les compétitions démocratiques qui ont suivi ? Plusieurs présidents, vice –présidents  de IRA, dans l’histoire militante de notre mouvement, ont fait défection et ont apporté de l’eau au  moulin de Aziz dans les temps forts de  sa compétition  avec nous,  de son acharnement contre nous. Vous pouvez les compter ils sont   plus de   4 ou 5. Est ce que ça  a diminué la force de IRA? Son  rayonnement  à  l’intérieur et à  l’extérieur ? où  jusqu’ en 2020 chaque année  IRA récolte  un ou deux grands  prix internationaux! et en  2019 la mouvance IRA/RAG a battu toutes les coalitions des partis dans la consultation électorale présidentielle. 
 
 Imaginez-vous le parti Tawassoul, un parti d’envergure au parlement avec toute son audience nationale et internationale.  Vous savez  que le candidat du partit  RAG et de  IRA ont battu à  plate couture tous les candidats des différentes coalitions de l’opposition et mis en échec le candidat du pouvoir!!! Des coalitions qui sont soutenues par les plus grands argentiers du pays, par tous les mouvements de gauche, les mouvements identitaires ou de revendications citoyennes comme, Elhor, Flam, Touche-Pas-Ma-Nationnalite, le Manifeste Hratin, les grands partis politiques historiques: Rfd, Ufp, App, Ajd-Mr, toutes ces grandes coalitions ont été dépassées et parfois de très loin par la force charismatique, populaire et organisationnelle de Ira-Rag! Donc il est ridicule que nous nous attardions à répondre à de petites manigances insignifiantes d’un argentier ivre de de soif du pouvoir et de maladresses juvéniles mortelles. Est ce que les tâtonnements amateurs de Bouamatou peuvent constituer  un événement plus que les coups fourrés de son cousin Aziz ?quand les  départs  de IRA se comptent  par dizaines,  de grands dirigeants ?  C’est moins et plus maigre que du déjà vu , c’est un non événement.
 
 Aujourd’hui est-ce  vous pensez que la bipolarisation politique,  c'est-à-dire le pouvoir contre  l’opposition, l’opposition contre le pouvoir, s’est effritée  depuis l’arrivée du président  Ghazouani ?

BDA : Moi je considère que c’est une veillée  d’arme.  Je pense qu’il y a partis d’opposition et   partis d’opposition donc les oppositions ne sont pas les mêmes; Il y a des partis  qui étaient d’opposition mais   opposition par rapport à quoi ? Beaucoup de partis  d’oppositions  ne sont pas  des ’oppositions de programme politique. J’avais toujours dit que la majeure  parti des formations  d’opposition sont des cousins germains du parti  au pouvoir parce que leur opposition est une opposition dans le système mais ce n’est pas une opposition contre et en dehors du système. Nous et peut être  un autre courant, nous sommes une opposition contre le système et en dehors du système.  Mais la majorité des partis d’opposition épousent  les mêmes principes,  les mêmes dogmes que le système.
 
Par exemple cette opposition qui n’est pas contre l’esclavage, qui ne sent  pas qu’il y a  du racisme en Mauritanie, une opposition qui s’émeut de l’incinération des livres  comme s’en émeut le pouvoir. Une opposition qui considère le discours anti-esclavagiste et le discours  anti-raciste comme un appel a la guerre comme un appel au racisme comme de l’extrémisme gratuit. Donc cette dernière opposition qui est  cousine germine du pouvoir elle s’est effritée  bien sûr parce qu’elle ne dira pas mieux que ce  que dira Ould Gazouwani et les gens qui sont avec lui. C’est pourquoi  elle n’est plus une opposition. Mais notre opposition à nous et l’opposition de notre courant sont des oppositions de principe, d’idées,  de programme,  de visions opposées au pouvoir en place.  Je  considère que nous sommes dans une veillée d’armes, dans une période de concertation et d’accord sur les questions de la démocratie et de la  forme de  la démocratie. Nous nous concertons avec le  pouvoir,  sur les outils l’arbitrage démocratique. Mais quand on revient aux questions de fond, il  y aura une confrontation politique entre nous et le pouvoir en place, parce que nous sommes pas d’accord sur les questions de fond. 
 
Vous pensez qu’aujourd’hui comme vous venez de le dire le pouvoir ne s’est pas encore réellement attaqué a ces questions de fond l’esclavage, avec tout l’arsenal juridique qui est mis en place, le racisme, les inégalités dans l’emploi, les disparités sociales ….toutes ces questions demeurent entières ?

 BDA : Toutes ces questions de fond comme la question de l’esclavage et de  ses séquelles, la question du racisme et du passif humanitaire, la question des disparités sociales, la question de  l’injustice sociale, la question de l’exclusion économique, l’exclusion  de l’emploi. Ces questions restent en l’Etat sauf de légères  avancées dans la question de l’emploi des jeunes déshérités qui commencent  à  bouger. D’ailleurs avec nos incessantes demandes et propositions et  nos incessants appels et tentatives  d’avancer. Sur ce point, il y a de légères  avancée sur la question de l’emploi des jeunes des communautés exclues mais toutes les autres grandes questions restent en l’Etat .Je pense que le pouvoir ne s’est pas encore attaqué  à ça et je doute que le pouvoir va exceller dans le règlement de ces questions. Mais le fait d’ouvrir le champ de la compétition démocratique nous permettra de prendre le pouvoir et de les régler.
 
Rénovateur : une certaines opinion dit que ces derniers temps vous n’êtes pas trop  loquace vous ne parlez pas beaucoup, vous ne voyagez pas beaucoup,   qu’en est-il ?

 BDA : C’est vrai que je ne voyage pas beaucoup notamment  à cause du covid 19 et la difficulté des déplacements des voyages  internationaux,  la fermeture des aéroports internationaux. Mais ce qui est en jeu maintenant est une situation qui requiert de l’avancement sur le chantier de la reconstruction de la confiance entre les partis, entre les différents segments politiques du pays qu’ils soient celui du pouvoir ou celui de l’opposition et je pense qu’à notre niveau, nous sommes en perpétuelles  échanges  et discussions avec les autorités du pays. Donc nous devrions être ici dans le pays pour suivre et pour pousser les choses à l’avant par notre présence, par nos interventions par les discussions que nous animions avec les autres,  Euh,  je pense aussi que cette période est une période d’expérimentation d’une autre posture qui n’est pas la posture de confrontation systématique avec le pouvoir pendant la décennie passée. IRA et  RAG et nous-mêmes, avons excellé dans la confrontation systématique avec le pouvoir jusqu’à ce que les mauvaises langues  disaient : «  les    gens de IRA   ne peuvent être utiles  que dans le domaine de la confrontation. »  Dans le cadre de l’apaisement  ils n’ont pas d’idées  ils sont limités. Des mauvaises langues, c’est- à- dire toutes ces personnes qui sont en échec toujours dans leur vie et qui  sont incapables de créer eux- mêmes autour d’eux une existence politique, une existence publique réelle et qui s’adonnent aux ragots et aux médisances, aux critiques, ils ont déjà avancé  a plusieurs reprises cette critique. Et   Bien, nous,  nous sommes capables de bien vivre et de bien tiré notre épingle du jeu dans toutes les postures que  ce  soit dans la posture de la confrontation parce que nous somme courageux, nous sommes déterminés et nous sommes animés de l’esprit de sacrifice nécessaire. Nous pouvons aussi tirer notre épingle du jeu dans les situations d’apaisement et de dialogue, parce que nous sommes intelligents parce que nous sommes subtiles, nous avons les idées, l’esprit de création et l’esprit de proposition. 
 
Le Rénovateur : Autrement c’est un changement de  stratégie ?

 BDA : C’est un changement de stratégie face aux stratégies du pouvoir. Nous ne  pouvons pas rester dans le carreau,  le pouvoir ne peut pas être  subtil et élégant devant une opinion publique nationale et internationale, et nous, nous restons, et nous démontrons notre   idiotie et notre manque de créativité !  Il faut à chaque situation, sa réponse qui lui est conforme.
Si vous avez  à comparer Ghazouani et Aziz, quels sont les critères  sur lesquels vous allez vous fonder pour établir cette comparaison 
Je pense que Aziz était  un dictateur il ne donne  le  pouvoir ni a la police ni aux juges  ni aux ministres ni aux directeurs  des sociétés d’Etat, il intervenait dans tout,  décidait  de  tout à  tous les échelons ; je pense que Ghazouani  est tout a fait le contraire. Il laisse  à tout un chacun dans chaque secteur, qu’il soit ministre ou autre fonctionnaire, il leurs laisse  la liberté de gérer, de décider et d’agir. Et  c’est  la  une différence fondamentale.  L’autre différence est qu’Aziz utilisait  dans sa gestion quotidienne  le principe  que celui qui n’est pas soumis à  moi  est contre moi et je suis contre lui ; je vais le charger  et l’enfoncer.  C’est pourquoi Aziz passait  tout son temps à charger  tout le monde, à  mettre les bâtons dans les roues pour tout le monde.  Il se créait  des ennemis partout ;  il ne peut pas souffrir qu’il a  un adversaire et que cet adversaire  n’est pas un ennemi.  Aziz ne peut pas souffrir ça, il ne peut pas supporter ça. Contrairement à  Aziz,  Ghazouani pense que ses adversaires ne sont pas ses ennemis. Il pense que ses adversaires politiques n’ont aucun problème personnel contre lui et il n’a aucun problème personnel  contre  eux,  Il n’a pas à se venger d’eux… 

Propos recueillis par Hawa Oumar  Dém et CTD


Source : http://guidumakha.com/index.php/14-sample-data-articles/331-interview-exclusive-avec-biram-dah-abeid  

 
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