R.A.S. à Nouakchott !
La criminalité paraissait devenue « naturelle » à Nouakchott. Les agressions à l'arme blanche et les braquages pratiquement routiniers en plusieurs quartiers et trop fréquents, les viols et les meurtres. Mais, particulièrement dramatiques et épinglés par l’opinion nationale, ceux perpétrés le mois dernier à Toujounine ont décidé les pouvoirs publics à agir. Une nouvelle stratégie sécuritaire a été mise en place dans les trois wilayas de la ville. Des comités locaux de vigilance mis en place en chaque quartier. Les membres de ceux-là en contact permanent avec les autorités. Ils leur rendent désormais compte de toute personne suspecte rôdant ou habitant la zone. Et d’organiser des rondes nocturnes, bien connectées entre elles, pour s'informer de tout ce qui ce passe au quartier jusqu’aux heures les plus tardives de la nuit...
Côté forces publiques de sécurité, cette nouvelle stratégie est scindée en deux parties. La première se déploie entre dix-neuf heures (crépuscule) et minuit (couvre-feu). Des patrouilles mobiles et pédestres de la police, de la Garde et la gendarmerie sillonnent tous les rues et ruelles. Tout jeune homme rencontré est interpelé et fouillé. Détenteur d’un quelconque objet tranchant, il est conduit illico en garde-à- vue. Dans le cas contraire, il sera juste gardé la nuit et relâché le lendemain, une fois prévenu des éventuelles suites d’une récidive. Selon une source digne de fois, plus de mille six cents jeunes, récidivistes ou non, sont actuellement sous les verrous des divers commissariats et compagnies de police. On aurait même réquisitionné un hangar à cette tâche. La même source affirme que ceux des raflés auparavant condamnés et relâchés sur liberté conditionnelle retourneront en taule, tandis que les autres seront envoyés dans la prison dite « préventive » encore à construire à Wad Naga.
À minuit, ceux chargés du couvre-feu prennent le relais et poursuivent le même programme jusqu’à 3 h, heure à laquelle de nouvelles équipes les remplacent jusqu’à 8 h. Selon divers observateurs, cette stratégie commence à porter des fruits. Les djenks n'osent plus sortir armés et cela fait plus d'une semaine qu’on n’a signalé le moindre braquage, agression, vol ni viol dans toute la ville. Les bandes qui opéraient à Arafat, Tin Soueïlim, Mellah, Tarhil, Dar Nam et Toujounine semblent terrées. En l’attente de ce que les autorités relâchent leur pression ? On espère bien que celles-ci les déçoivent et s’appliquent à toujours tenir ce rythme.
Fausse alerte à El Hay Sakin
On a cru cependant cette paix retrouvée à nouveau troublée à Dar Naïm, bastion notoire de la criminalité. Une dame habitant un appartement dans un immeuble d’El Hay Sakin avec ses trois filles les laissait un moment seules, le temps de rendre visite à une amie vivant au rez-de-chaussée. Mais voici qu’elle reçoit, peu après, un appel éploré de sa fille aînée Zeïnabou, âgée de 16 ans. « Nous avons été attaqués par une bande de malfaiteurs. Ils m’ont violé, après avoir éventré la petite Khadijetou [3 ans, ndr] et tenté d'égorger Aïchetou [8 ans] ». La pauvre maman alerte les voisins qui accourent avec elle. Et de découvrir la fillette éventrée et sa sœur saignant de la gorge. Les blessées sont aussitôt évacués vers l'hôpital « Mère et enfant ».
Les réseaux sociaux publient illico la nouvelle et les commentaires sur l'insécurité se déchaînent à nouveau sur Facebook et Whatsapp... Des agents du commissariat Dar Naïm 3 viennent dresser le constat et enregistrer la plainte contre X de la maman pour le viol de sa fille aînée et les blessures de ses deux autres filles. Mais voici que, légèrement atteinte, Aïchetou reprend connaissance et révèle à sa mère le fin mot du drame : « Nous n'avons pas été victimes de malfaiteurs. C'est Zeïnabou qui a pris un couteau pour nous blesser ». La dame revient aussitôt sur sa plainte aux enquêteurs et leur détaille les problèmes psychiques de la jeune fille suivie par l'hôpital psychiatrique. Embarquée au commissariat Dar Naïm 3, Zeïnabou est par la suite transférée au commissariat spécial chargé des mineurs de la wilaya Nord où elle passe la nuit avant d’être rendue, le lendemain, audit commissariat pour complément d'enquête. Les enquêteurs ont exigé un certificat médical signé par le psychanalyste qui la prend en charge. Aux dernières nouvelles, la petite Khadija est malheureusement décédée des suites de son éventrement.
Mosy
lecalame.info