Les Corona-trafiquants
Depuis presque deux mois, notre pays vit un état d’urgence non déclarée. Le COVID a obligé les autorités à prendre des mesures draconiennes sur toute l’étendue du territoire pour parer à la prolifération de la dangereuse pandémie : couvre-feu instauré ; marchés, commerces, et restaurants fermés ; circulation entre les wilayas interdite ; routes et frontières également bouclées... Ce qui n’a pas manqué de porter moult préjudices à la vie quotidienne des gens, certains contraints à de cruels manques à gagner qui se sont répercutés négativement sur leurs foyers. D’autres sont séparés de leurs familles sans possibilités de les rejoindre. En réponse, les autorités ont pris de vigoureuses mesures pour aider les plus démunis…
Cependant la nature du Mauritanien le pousse, de façon innée, à défier les lois, mettre le pied dans toutes les interdictions et ne pas appliquer les consignes de l’État. Des réseaux de passeurs clandestins de frontières se sont aussitôt constitués. On relève, chaque jour, des tentatives à faire entrer au pays citoyens et étrangers. Un piroguier sénégalais a fait dernièrement traverser quatre mauritaniens vers quatre heures du matin, contre un million de francs CFA. Trois d’entre eux ont été aussitôt dénoncés et arrêtés. Le quatrième a pu se faufiler et atteindre les environs de R’kiz où les autorités ont pu le coincer grâce à son téléphone.
Le groupe a été réembarqué et remis aux autorités sénégalaises qui l’ont aussitôt mis en confinement avec le piroguier. Chaque jour amène son lot d’infiltrés dénoncés et mis en confinement dans toutes les villes frontalières. Pour ce qui est de la circulation inter-régionale, des transporteurs ne cessent de conduire des passagers du Trarza vers Nouakchott en aller-retour. Certains évitent les postes de contrôle grâce à leur véhicule tous terrains, empruntant le plus souvent des pistes de sable parallèles aux axes goudronnés, avant de reprendre ceux-ci après le dernier poste de contrôle. Ces passeurs font entrer et sortir de Nouakchott quotidiennement des dizaines de personnes. À haut prix : billet Tiguint-Nouakchott, 10.000 UM ; Mederdra-Nouakchott, 15.000 ; Boutilimit-Nouakchott, 20.000 UM ; R’kiz-Nouakchott, 25.000 UM... On raconte qu’un transporteur doté d’une Renault 21 continue à faire la navette quotidienne entre Nouakchott et Boutilimit, encaissant d’énormes sommes d’argent. Pourtant son véhicule léger n’est guère adapté à rouler dans le sable…
Les fausses évacuations médicales ont, elles aussi, joué leur rôle en ce trafic qui fait courir beaucoup de risques aux populations. Des transporteurs n’ont cessé, deux semaines durant, d’effectuer des aller et retour avec un même document d’évacuation. Parfois analphabètes, les agents en poste ne prennent même pas la peine de seulement faire semblant de lire les papiers. D’autant moins d’ailleurs qu’il est peut être « intéressant » de fermer les yeux… Les transporteurs de marchandises autorisés à circuler changent d’apprentis quotidiennement. Celui qui se fait passer pour apprenti le paie cher. L’essentiel, pour lui, c’est de sortir de Nouakchott ou y accéder. Faut-il interpeler les hautes autorités sur le danger de ce trafic ?
Une femme jette son bébé dans une marmite bouillante !
À Tarhil, en ce mois béni où tout le monde est en confinement, on se prépare à la prière de la mi-journée de ce samedi 2 Mai. Dans une modeste maison, les femmes commencent la cuisine des repas de coupure. Bébé au dos, F.A. suit sa marmite sur le feu depuis trente bonnes minutes. Elle en ôte le couvercle, détache le pagne qui tient son bébé et… jette celui-ci vers l’ouverture béante de la marmite en ébullition ! L’un des pieds et une main de l’enfant sont à toucher l’eau, il pleure à chaudes larmes ! Une des femmes présentes a heureusement le réflexe de le tirer vers le haut. On couvre immédiatement ses brulures avec de la glace fondue. Sa maman semble indifférente à l’émotion générale. Une foule se rassemble, le bébé est évacué dare-dare vers une clinique privée où il reçoit les premiers soins d’urgence. Ouf, « sa vie n’est pas en danger », affirment le médecin. Des voisins affirment que sa mère souffre de troubles psychiques depuis quelques temps.
Mosy