Le magasin de nuit
Au populeux et vieux quartier Medina R, entre deux restaurants populaires et un coiffeur anonyme, voici une grande boutique, pour ne pas dire magasin. Son propriétaire M.M.I. est un sympathique jeune homme de trente-trois ans natif de Boutilimitt. Ami de tout le monde, il connaît tous les boutiquiers voisins et les habitants du quartier. On le dit sans problème. Sa clientèle est essentiellement féminine car il ne vend que des produit culinaires: poivre, piment, jumbo, herbes de cuisine et autres ingrédients de cuisine ; et c’est en file continue que ces dames défilent au coude-à- coude chaque jour chez lui. Certaines ont cependant remarqué que son arrière-boutique est inaccessible, il en interdit l’accès à quiconque. Et vers 19 h, alors que toutes les boutiques, magasins et échoppes de la Capitale tirent les rideaux, celle de M.M.I. n’a jamais cessé de rester ouverte jusqu'à des heures tardives de la nuit…
Maintenant, ce sont des hommes qui défilent, repartant chacun avec un sachet ou deux. Pas de quoi alerter ses voisins qui l’ont placé au-dessus de tout soupçon. On a bien remarqué, à plusieurs reprises, des camions qui déchargeaient la nuit dans sa boutique. D’autant plus hors de question, pourtant, de prétendre en identifier la cargaison que la bonne réputation du jeune commerçant était établie. Mais voici nos médinois R surpris, il y a quelques jours vers 16h, par l’encerclement de leur quartier par la police anti-drogue. Une dizaine de voitures et d’agents armés occupent la rue jouxtant la fameuse boutique. Des chiens au flair finement dressé y furètent et M.M.I. s’en voit extrait, menottes aux poings, sous les protestations des voisins ébahis. La fouille va révéler l’étendue du délit : 350 kilogrammes de haschich en plaques saisis ! Des cadenas portant le sigle du commissariat spécial de la lutte anti-drogue scellent les portes. Le lendemain, c’est en chef avoué d'une bande de narcotrafiquants étendus jusqu’à l'Est mauritanien et au Mali que le jeune commerçant donne l’adresse d’un autre dépôt. Investi le lendemain par la police, celui-ci contenait 750 kilogrammes de la même drogue. La police avait réussi à infiltrer une taupe au sein de la bande et attendu la réception d’une marchandise conséquente pour agir.
Encore le soum-soum !
Comme souligné à diverses, le fameux vin africain préparé localement ne tenait naguère fief qu’à Sebkha et El Mina. Mais divers indices suggéraient dernièrement que le marché s’était étendu. Après le réseau de Riyad découvert la semaine dernière par la police, trois autres filières ont été mises à jour. À Sebkha, Janette, la fille de la fameuse baronne bissau-guinéenne Antoinette Jackindy a été arrêtée avec cent litres de soum-soum et écrouée, ainsi que ses hommes. À Arafat qu’on croyait encore épargné par le fléau, un togolais a été appréhendé dans sa distillerie avec des tonneaux dudit poison et du matériel. À Dar Naïm il y a deux jours, c’est toute une bande de trafiquants ivoiriens sur le point d'écouler des dizaines de bidons de vingt litres chacun qui s’est faite épingler. Espérons que les autorités entretiendront leur élan jusqu’à maîtrise complète de la situation.
Mosy
lecalame.info