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Tir de missile: Washington veut une réunion de l'ONU et des sanctions

Dimanche 14 Mai 2017 - 20:25

Les Etats-Unis ont réclamé dimanche une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU et un renforcement des sanctions contre la Corée du Nord après un tir de missile balistique en forme de défi au nouveau président sud-coréen.

Il s'agit du deuxième tir par Pyongyang en 15 jours et du premier depuis la prestation de serment le 10 mai du chef de l'Etat sud-coréen Moon Jae-In, qui défend un dialogue avec le Nord.

Lancé de la base militaire nord-coréenne de Kusong vers 05H30 dimanche (20h30 GMT samedi), le projectile a parcouru environ 700 kilomètres avant de s'abîmer en mer du Japon.

"Il n'y a aucune excuse qui justifie les agissements de la Corée du Nord. (Le missile) est (tombé) près de la Russie. La Chine ne peut pas compter sur un dialogue. La menace est réelle", a tonné sur Twitter dimanche l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley.

Washington et Tokyo ont demandé aussitôt une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, qui pourrait se tenir mardi après-midi à New York, selon la représentation aux Nations unies de l'Uruguay qui préside le Conseil en mai.

Serrer la vis

Interrogée sur la télévision ABC, Nikki Haley a promis que les Etats-Unis allaient "continuer à serrer la vis" contre Pyongyang, évoquant d'éventuelles nouvelles "sanctions".

Samedi soir, la Maison Blanche avait demandé à ce "que cette nouvelle provocation soit un appel à toutes les nations pour mettre en oeuvre des sanctions bien plus fortes contre la Corée du Nord". De son côté, le Trésor américain avait indiqué qu'il examinait "tous les moyens à sa disposition" pour couper les sources de financement international au régime communiste.

L'allié principal de Pyongyang, Pékin, sur qui Washington ne cesse de faire pression, a appelé "toutes les parties en présence (à) faire preuve de retenue et (à) s'abstenir d'accroître la tension dans la région".

Du côté de Moscou, la Défense a souligné que ce missile, qui s'est abattu à 500 kilomètres de la Russie, n'avait représenté "aucun danger" pour le pays.

Reste que les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping ont évoqué à Pékin le dossier nord-coréen et "les deux parties ont exprimé leur préoccupation devant l'escalade des tensions", selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dénoncé une "grave menace" pour l'archipel.

Menace pour la paix

L'Union européenne a également parlé d'"une menace pour la paix et la sécurité internationales", mais sans évoquer de nouvelles sanctions. L'Otan a condamné une "nouvelle violation d'une série de résolutions du Conseil de sécurité".

La batterie de sanctions internationales depuis une décennie n'a jamais entamé la détermination de la Corée du Nord à se doter de missiles balistiques susceptibles de porter le feu nucléaire sur le sol américain. Pyongyang se dit acculé par les menaces américaines à cette stratégie militaire.

Le nouveau président sud-coréen, cité par son porte-parole, a dénoncé une "provocation irresponsable". Contrairement à sa prédécesseur, M. Moon défend l'idée d'un dialogue avec le Nord. Mais il a averti dimanche que ce sera possible "seulement si le Nord change d'attitude".

Lors de sa prestation de serment mercredi, le président issu du Parti démocratique (centre-gauche), cheville ouvrière du dernier sommet inter-coréen en 2007, s'était dit prêt à se rendre "à Pyongyang si les conditions (étaient) réunies".

La tension est montée sur la péninsule coréenne avec l'accélération des programmes balistique et nucléaire nord-coréens. Pyongyang a réalisé depuis le début 2016 deux essais nucléaires et des dizaines de tirs de missiles.

Surenchère verbale

Il y a eu en outre ces derniers mois une surenchère verbale avec le président américain Donald Trump, qui s'est dit prêt à régler seul, au besoin par la force, le problème nord-coréen.

Le milliardaire a ensuite mis de l'eau dans son vin, privilégié la diplomatie, déclarant même qu'il serait "honoré" de rencontrer le dirigeant Kim Jong-Un.

Pyongyang a d'ailleurs évoqué samedi une possible ouverture.

La diplomate responsable de l'Amérique du Nord aux Affaires étrangères nord-coréennes, Choe Son-Hui, a déclaré à Pékin que son pays pourrait "avoir un dialogue, si les conditions s'y prêtent", avec Washington.

"Effectuer un tir de missile n'est pas une manière de s'asseoir avec le président" Trump, a rétorqué l'ambassadrice Haley.

"Le Nord cherche apparemment à tester (le président sud-coréen) Moon et à voir à quoi ressembleront sa politique nord-coréenne et sa coordination avec les Etats-Unis", analyse Yang Moo-Jin, professeur à l'Université de Séoul.

A ses yeux, ce tir vise à "maximiser l'influence politique du Nord", dans la perspective d'éventuelles négociations avec les Etats-Unis. "Le Nord entend montrer, avant des négociations, qu'il ne renoncera pas aussi facilement à ses armes puissantes et précieuses", estime l'expert.



source (©AFP / 14 mai 2017 21h25 )
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