Après une semaine difficile, à dormir très peu, des journées entières devant les écrans d’ordinateurs et de téléphone, j’en étais arrivé à dormir 2h par nuit puis la fatigue était devenue telle que j’ai passé 48H sans fermer l’oeil. Je n’avais jamais connu une telle fatigue.
Faire du sport ne servait plus à rien, la fatigue physique s’ajoutant à la fatigue nerveuse due au manque de sommeil. Je me suis éloigné de l’ordinateur de travail et des réseaux sociaux mais la fatigue était telle que je restais couché dans le lit les yeux fermés sans pouvoir dormir. C’était affreux.
En Europe, on vend dans les supermarchés des compléments alimentaires à base de mélatonine 1%, ça aide à dormir mais chez nous c’est introuvable. J’ai appelé quelques amis pour avoir un conseil à propos de somnifère léger qu’on pourrait prendre 2 ou 3 nuits histoire de se reposer car le manque de sommeil est pire que tout ; ça rend irritable pour un rien et ensuite cela peut avoir des conséquences graves sur la santé.
Tous m’ont parlé de Donormil. J’ai alors fait le tour des pharmacies de Nouakchott où on m’a répondu que c’est en rupture de stock. Il faut croire que les mauritaniens sont tous insomniaques. J’ai alors demandé s’il n’y avait pas quelque de chose de léger qu’on pourrait prendre à la place. A la clinique Kennedy on m’a répondu qu’il n’y a rien sinon des choses plus lourdes mais ils me l’ont déconseillé car sinon ça devient l’engrenage.
Je suis allé alors à la clinique Chiva voir un généraliste. Je lui ai dit que je ne voulais pas d’anxiolytique mais un somnifère léger. Il m’a donné du Melex que j’ai acheté à la pharmacie collée à la clinique. Arrivé dans la voiture, j’ai regardé via internet ce que c’était avant d’ouvrir : un anxiolytique. J’ai ramené ça au pharmacien qui peut témoigner. Une femme était présente derrière le comptoir. J’ai l’ordonnance. Est-ce normal qu’un médecin donne à un patient un anxiolytique alors que je lui ai dit que je n’en voulais pas ?
Renseignements pris, c’est ainsi en Mauritanie, les médecins prescrivent des anxiolytiques pour tout et n’importe quoi Atarax, Lexomil sont avalés comme des bonbons comme si c’était inoffensif alors que si la cause du stress ou de l’insomnie n’est pas réglée, il faudra en prendre sur une longue période d’où le risque de dépendance sans parler des conséquences sur l’équilibre psychique.
Finalement ce sont les grands romans qui m’ont servi de somnifère. Quand vous êtes à ce point fatigué, il faut tout arrêter quelques jours et lire ; le sommeil viendra petit à petit, d’abord 30 min puis 1h puis 3h puis 8H. Les zones du cerveau qui s’activent avec la lecture ne sont pas les mêmes que celles devant la télé ou l’ordinateur.
Le ministère de la santé devrait faire une étude sur l’usage des anxiolytiques chez nous ; cela en dira long sur l’état des mauritaniens qui vivent un stress permanent de toute nature mais l’avouer c’est être faible alors chacun encaisse dans son coin et malheur à celui qui craque. La société mauritanienne est devenue anxiogène et les rapports sociaux poussent à une sorte de schizophrénie collective qui devient la norme.
Il y a une école anglaise de psychiatrie qui estime qu’avant de traiter le patient, il faut traiter la famille en l’occurrence la société…
A.O.S.A