Bénissant une fois de plus Allah, les Mauritaniens sont plus à même de se plonger dans une grande dévotion, au rythme des lectures du saint Coran, des sermons, des cours de théologie et conférences religieuses distillées souvent par des haut-parleurs, depuis des mosquées ou bibliothèques.
Partout présente, cette activité religieuse qui sera de mise durant tout un mois avec un pic dans la ferveur à l’occasion de la Nuit du destin (leyletou el ghadr), qualifiée dans le saint Coran de « meilleure que 1.000 mois », se ressent dans les rues où les restaurants sont fermés pendant la journée. Pour conforter l’ambiance religieuse, ceux qui ne jeûnent pas pour des raisons sanitaires ou autres s’abstiennent de manger, de boire ou de fumer publiquement.
Si les rues baignent presque dans la torpeur, il en est autrement des mosquées. Ne désemplissant pas, elles accueillent régulièrement des fidèles venus prier ou attendre dans le recueillement la prochaine prière, voire lire le Coran dont plusieurs exemplaires sont rangés dans des étagères plaquées sur les murs. D’autres suivent les conférences et cours religieux donnés sans désemparer par des érudits, pendant que certains, gagnés sans doute par la faim et la fatigue, voire bercés par la fraîcheur du lieu de culte, tombent dans les bras de Morphée.
Cette ferveur religieuse cède le pas à une ambiance festive quand vers le soir le chant du muezzin fuse pour annoncer la rupture du jeûne. Elle débute par des dattes, conformément à la sunna (pratique) du prophète Mohamed (PSL), puis arrivent les soupes de légumes et de céréales que l’on digère à l’aide de boissons, essentiellement du ‘’zrig’’ (mélange de lait caillé, d’eau et de sucre) ou du bissap (jus d’oseille).
Conçues comme une entrée en matière, ces agapes sont suspendues, le temps d’aller à la mosquée pour la longue prière des ‘’tarawih’’ (prières surérogatoires) qui durent en moyenne une heure, puis retour à la maison et place au plat principal, servi sous forme de ‘’tajine’’ de viande rouge ou blanche (poulet ou poisson), de riz à la viande ou au poisson, voire de couscous.
Avant d’aller au lit, on se gave d’une boisson ou d’une bouillie dénommée ‘’souhour’’.
Mais l’élément omniprésent dans tous les menus du Ramadan, c’est bien sûr le thé qui, «est la chose à laquelle je pense le plus pendant la journée de jeûne », confie à APA Mustapha Ould Abidine.
« D’ailleurs, les premiers jours du Ramadan s’accompagnent toujours pour moi de maux de tête embêtants à cause (de la non prise) du thé», se plaint-il.
A défaut de thé, certains musulmans mauritaniens, notamment ceux de la communauté négro-africains, se rabattent sur le café.
Pour mettre à la portée des jeuneurs les aliments dont ils ont besoin durant ce mois béni, les autorités mauritaniennes ont comme d’habitude et peu avant le début du jeûne, lancé ‘’l’opération Ramadan’’ consistant à convoyer jusque dans les quartiers populaires de grosses quantités de produits alimentaires vendues à des prix allant à environ 40% de moins que ceux pratiqués habituellement sur le marché.
Cette opération qui a coûté au Trésor public la coquette somme de 114 millions d’ouguiyas MRU (3,2 millions de dollars) a permis de rendre disponibles 1.360 tonnes de sucre, autant en riz, 544 tonnes de pâtes alimentaires, 300 tonnes d’huile de table, 100 tonnes en lait en poudre, 400 tonnes de pommes de terre et 300 tonnes d’oignons.
Bien que salutaire, la mesure ne satisfait pas tout le monde, à l’image de cette ménagère répondant au non de Oummou Keita, qui estime que les autorités devraient inclure dans la liste des produits subventionnés la viande car elle est l’un des aliments « les plus consommés et les plus chers ».
«Et puis, pour s’approvisionner dans de telles boutiques pas suffisamment nombreuses, il faut se joindre à de longues files et attendre beaucoup de temps avant d’être servie », déplore-t-elle.
Les Mauritaniens dans leur large majorité sont loin des états d’âme de Oummou et jeûnent normalement, tout en profitant de la fraîcheur du climat, surtout la nuit. Durant ce moment, ils sont nombreux à s’adonner sous les lampadaires à des activités sportives comme le jogging et le football.