Tout d’abord, il convient de saluer l’initiative et de souhaiter plein succès à l’édition-la 7ème- en cours à Nouakchott.
Par son esprit, ses objectifs et, dans une moindre mesure, ses modalités, le FISO est riche en questionnements. Certains pourraient d’ailleurs être extrapolés à toutes les manifestations du genre. La dénomination est expressive. La notion de «festival» suggère une dimension festive tout en renvoyant implicitement à l’idée de périodicité et/ou de promotions thématiques.
Elle convoque, toutes choses égales par ailleurs, un précédent célèbre : le 1er Festival mondial des arts nègres du Sénégal de 1966 à la thématique plutôt ciblée. D’autres appellations étaient évidemment possibles : Rencontres, Assises…Forum. Ce dernier vocable est prisé en Amérique «latine», au Brésil notamment, pour désigner les rencontres des Peuples ou Nations dits autochtones.
Les réalités sont évidemment différentes en raison notamment du caractère inopérant et non transposable, y compris au plan sémantique, des concepts de «peuples» ou «nations» aux Etats-nations tels que se définissent les Etats africains.
Au-delà du label, ce sont les objectifs de la manifestation qui importent davantage. Il semble que le projet de fédérer les associations soninkés de la sous-région en soit le socle. Ce qui confère à la démarche une dimension à la fois transnationale et identitaire sans qu’il y ait rien de péjoratif à ce qualificatif.
Dès lors, le soupçon d’«identitarisme» étroit ou de communautarisme pourrait être neutralisé par une quête moindre d’enracinement national au profit d’un ancrage transfrontalier plus vaste. Au moins en termes de principes et de modes de mobilisation, nous sommes en présence d’une posture identitaire certes mais élargie à une sphère plus ouverte.
Reste pendante la réflexion globale sur l’identité soninké aujourd’hui, ses mutations et les débats qui la traversent. Des rencontres du genre de celles qui se déroulent actuellement à Nouakchott gagneraient à cet égard à être réflexives.
S’agissant tout particulièrement des Soninkés mauritaniens, un des questionnements pourrait porter sur cette qualité de soninké mauritanien dans le contexte et les dynamiques internes à la Mauritanie d’aujourd’hui, sa signification et ses spécificités éventuelles.
Ces dynamiques peuvent être internes à la « communauté » soninké elle-même ou découler de logiques qui ne lui sont pas totalement propres. Une réalité somme toute propre à toutes les composantes nationales de quelque pays que ce soit mais se déployant suivant des spécificités propres à chaque pays.
Tijane BAL pour K assataya.com