À l’approche de la célébration du 57ème anniversaire de l’indépendance nationale, prévue le 28 novembre prochain à Kaédi, dans le sud du pays, des personnalités se réclamant des Forces de libération africaines de Mauritanie dénoncent dans une pétition «l’impunité des crimes de génocide» dans le pays.
Pour les pétitionnaires, la décision de célébrer la fête de l’indépendance à Kaédi, cette grande ville du sud-est de Nouakchott, est une «provocation» de la part du pouvoir.
Le document soutient qu’au sein de l’entourage du président Mohamed Ould Abdel Aziz, «des génocidaires qui s’apprêtent à aller parader chez leurs victimes se sont rendus coupables de pendaisons à caractère raciste le 28 novembre 1990». Les 28 militaires pendus sont en effet tous originaires de cette région.
Car le 28 novembre n'est pas seulement synonyme de fête d'indépendance dans le pays. Pour certains, cette date est un symbole de barbarie et de racisme. En effet, le 28 novembre 1990, 28 militaires mauritaniens de la base d'Inal, dans la région de Nouadhibou, étaient pendus parce que noirs. Accusés de complot, des centaines de militaires issus de la communauté négro-africaine de Mauritanie étaient victimes d’exécutions extra-judiciaires dans différentes casernes du pays de septembre 1990 et février 1991.
Un pied de nez des "génocidaires"
«Depuis le 28 novembre 1990, la date d'indépendance, censée marquer la libération du peuple mauritanien du joug colonial, est devenue synonyme de douleur pour tous ceux qui ont perdu des êtres chers et pour toute la communauté négro-africaine», peut-on lire dans ce texte.
Après avoir nié les faits pendant 15 ans, le régime a reconnu l’existence d’un passif humanitaire en Mauritanie sous la présidence de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi
et s’est engagé à trouver une solution consensuelle.
Arrivé aux commandes le 6 août 2008, à la faveur d’un coup d’État qualifié de «rectification», Mohamed Ould Abdel Aziz a organisé une prière aux morts à la mémoire des disparus dans la ville de Kaédi le 25 mars 2009.
Dossier toujours pas clos
Les autorités actuelles ont également versé des réparations pécuniaires aux familles des victimes.
Considérant que le dossier n’est pas clos, les ONG de défense des droits humains réclament une solution qui préserve le devoir de mémoire, de vérité et de justice, seul chemin susceptible de mener vers le pardon et la réconciliation nationale.
Les initiateurs de la nouvelle pétition se réclament du canal historique des Forces de Libération Africaines de Mauritanie (Flam/Canal historique).
Ce mouvement de la mouvance nationaliste noire, créé en 1983, a éclaté en 3 groupes au cours des douze dernières années. Un groupe, dénommé «FLAM Rénovation», a rejoint l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/MR). Ainsi, un de ses principaux responsables, Bâ Mamadou Bocar, figure actuellement au rang des députés de cette formation à l’Assemblée nationale.
Les animateurs d’une autre tendance, sous la direction du président Samba Thiam, ont créé les Forces Progressistes pour le Changement (FPC), non reconnues par les autorités.
La troisième tendance, qualifiée de «pure et dure», dont les animateurs sont toujours exilés en Europe, est à l’origine de la nouvelle «pétition contre l’impunité» en Mauritanie, selon les observateurs.
Cheikh Sidya
source afrique.le360.ma