Le 4e anniversaire de la publication du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines (MDPESH), composante maure à la peau noire et à majorité descendant d'esclaves, aura cette année un cachet particulier.
Publié début avril 2013 et suivi d’une imposante marche le 29 du même mois, ce manifeste a pour objectif de dénoncer «la marginalisation et l’exclusion historique» de la composante «Haratine» de Mauritanie. Cette exclusion touche tous les domaines: politique, le commandement au niveau de l'armée, les affaires, la haute administration, etc.
Pour bien marquer l'évènement et les esprits, la célébration du 4e anniversaire du MDPESH sera marquée cette année «par des activités populaires culturelles diversifiées à Nouakchott et les autres grandes villes de Mauritanie».
Dans la capitale, il est notamment prévu l’organisation de deux grandes marches «avec pour point de départ, respectivement la mosquée marocaine, et le carrefour de Madrid, pour une jonction au niveau de la place comprise entre l’ancienne maison des jeunes et le stade de la capitale, ou seront organisés des prestations folkloriques et un meeting populaire», annonce la direction du manifeste.
Les festivités de célébration 2017 de cet événement prévoient également «des actions de mobilisation, de sensibilisation, des conférences/débats, des séminaires, des meetings de quartiers et des rassemblements populaires».
Dans le cadre de cette sensibilisation à la cause des Haratines, les organisateurs invitent les animateurs, partisans et sympathisants du «Manifeste» à «se servir des médias et des réseaux sociaux, pour expliquer la vision et l’esprit à l’origine d’un manifeste porteur d’espoir pour l’ensemble du peuple mauritanien en quête de justice et d’égalité».
Par ailleurs, la déclaration de ce jeudi exhorte les cadres de ce courant socio-politique «à expliquer cette vision» à l’opinion nationale et internationale, en vue de faire évoluer progressivement les mentalités et de créer les conditions d’une cohabitation communautaire plus juste et plus harmonieuse en Mauritanie.
Il n’existe pas de statistiques officielles sur l’importance numérique de la composante «Haratine» en Mauritanie. Les données disponibles portent sur le groupe Hassanophone, déterminé sur la base de l’usage de la langue.
Cependant, partant des conditions sociales concrètes, des voix s'élèvent pour réclamer la reconnaissance officielle de la spécificité des haratines dont certaines organisations estiment qu’il représenterait autour de 40% de la population mauritanienne.
Partis des «Adwaba», campagnes de l’intérieur du pays, qui regroupent les populations sur des bases souvent tribales, sous la poussée de l’exode rural résultant de la terrible sécheresse du début des années 1970, cette frange de la population, est fortement implantée aujourd’hui dans les zones périurbaines de Nouakchott et Nouadhibou, les 2 principales villes du pays.
Cheikh Sidya